S’est-il rendu de son propre chef à la gendarmerie comme il le laisse croire ou a-t-il été arrêté ? Le mystère demeure entier sur les circonstances de la détention de cet ex-collaborateur de la junte militaire dont les déclarations fracassantes sur des exécutions extrajudiciaires au camp de Kati ont défrayé la chronique. Lui qui disait en savoir beaucoup sur ces faits gravissimes et prêt à témoigner devant la justice aura certainement du pain sur la planche. Parce que ce sera désormais sa parole contre celle de ses ex-compagnons.
Drissa Coulibaly, se décrit lui-même comme un ex-capitaine de l’armée de Samuel Doe, non moins mercenaire sur différents théâtres d’opération (Sierra-Leone, Liberia, Côte d’Ivoire, Guinée…) et ancien collaborateur de la junte putschiste de Kati. Il est depuis vendredi écroué au camp I de la gendarmerie. Il vivait dans la clandestinité et était activement recherché par certains de ses ex-compagnons qui, à le croire voulaient «lui faire la peau». Dans une récente publication dans » L’Indépendant « , Drissa Coulibaly affirmait avoir échappé à «une tentative d’assassinat».
A ses dires « des hommes en armes, à bord de deux pick-up, avaient tenté de l’enlever en vain à son domicile à Faladié « . Craignant pour sa vie le » General One man for ten « un Général qui vaut 10 hommes, -surnom que l’homme s’est attribué, avait fui son domicile et s’était réfugié en Guinée Conakry. Selon lui, cette situation de fugitif ne le rassurant pas et craignant toujours pour sa sécurité, il est rentré pour se constituer prisonnier au camp I de la gendarmerie.
D’autres sources battent en brèche cette version et soutiennent que l’homme était plutôt recherché par des enquêteurs compte tenu de ses liens avec la junte putschiste, mais aussi en raison de ses déclarations dans la presse sur les affrontements meurtriers du 30 avril au 1er mai 2012 qui avaient opposé les bérets rouges aux bérets verts.
Dans une interview accordée courant octobre 2013 à un journal de la place, il a relaté avec précision les exécutions extrajudiciaires et les disparitions mystérieuses de soldats au camp Soundiata de Kati notamment l’exécution des ‘‘béret rouges » et le transfert de leurs corps dans des puits à Kati Sananfara et dans la périphérie de la ville garnison.
Dans cette interview, il disait à qui voulait l’entendre que : « c’est l’adjudant-chef Seïba Diarra, l’adjudant-chef Samba Sangaré et Famakan Keïta, tous membres du CNRDRE, qui ont exécuté les bérets rouges avant de balancer leurs corps dans des puits à Kati « .
Parmi ces puits, il a cité celui du domicile de Mme Zakyatou Walet, ancienne ministre de l’Artisanat et du Tourisme sous Alpha Omar Konaré.
Drissa Coulibaly, qui disait être prêt à témoigner de toutes les atrocités devant des juridictions nationales, ou internationales pourrait être un élément essentiel dans l’enquête menée par le juge d’instruction Yaya Karembé.
Abdoulaye DIARRA
SOURCE: L’Indépendant