La campagne pour le référendum pour le projet de Constitution le dimanche 18 juin 2023 s’ouvre ce vendredi. En prélude à ce scrutin, l’Association des éditeurs de la presse privée (Assep) a organisé le jeudi 1er juin 2023 une journée d’appropriation du projet de Constitution par des journalistes de la presse privée.
Tenue à l’Agetic, la journée d’appropriation de l’Assep avait pour thème “Rôle et responsabilités de la presse privée pour une information saine des citoyens sur les dispositions controversées ou pertinentes pour un scrutin référendaire apaisé”.
La cérémonie d’ouverture était coprésidée par les ministres de la Refondation de l’Etat chargé des Relations avec les institutions, Ibrahim Ikassa Maïga et de la Communication, de l’Economie numérique et de la Modernisation de l’administration, représenté par son secrétaire général.
Le président de l’Assep, Ousmane Daou, a indiqué que le 18 juin à venir (jour du scrutin) s’annonce comme une date que les maliens garderont en mémoire et pour toujours. Parce que pour lui, l’évocation du scrutin référendaire n’est pas assez à traduire l’engouement qu’inspire l’organisation de cet évènement si le changement notoire attendu dans la vie de la nation et des citoyens n’en était pas une raison suffisante.
“Tout bien pensé, on s’accorderait à en retenir le couronnement des efforts de l’ensemble des couches socioprofessionnelles du pays. Somme toute, un processus rendu dans l’exclusivité autour duquel fière chandelle revient au président de la Transition, le colonel Assimi Goïta, le Premier ministre Dr. Choguel Kokalla Maïga et l’ensemble des membres du gouvernement”, a-t-il dit.
Il a rappelé que le 15 mai dernier, sous les auspices du Premier ministre, le ministre de la Refondation avait réuni les acteurs de la presse afin qu’ils puissent cerner les contours du projet de Constitution, déterminer l’enjeu et en mesurer sa portée dans une séance d’appropriation saine.
Aux dires du président de l’Assep, ce message a été perçu par les journalistes comme une interpellation à jouer leur partition dans la rigueur que leur impose l’exercice de leur métier. Et la tenue de la Journée s’inscrit dans cette volonté. “Monsieur le ministre de la Refondation, en accordant une attention propre à la presse dans un processus appelé à régir la vie de la nation, vous avez déjà montré à notre corps la place qui lui revient dans l’architecture d’une maison aux fondations défiant toutes intempéries. En convenant de vous tenir à nos côtés en pareille circonstance, voire même nous accompagner à cerner les contours de l’enjeu, vous semblez nous rappeler le rôle que fut le nôtre lorsqu’il s’est agi de porter la démocratie sur les fonts baptismaux dans notre pays, il y a de cela 31 ans. Il ne saurait en être autrement lorsque l’histoire retient dans ses annales une presse revendiquant les premiers rôles dans l’avènement de la 3e République. La juste réponse sans être une réplique se porte au bout de la plume de chaque acteur qui s’active au quotidien à donner à ce métier ces titres de noblesse. Tant il est de mise qu’une nation forte en termes d’aspiration de chacun de nous ne verra le jour que par nos soins. Comme pour dire, le Mali ne sera que ce que nous en ferons.
En effet, l’œuvre dont il est question de vulgariser avant d’être soumise au scrutin, relève d’une volonté du peuple souverain du Mali, lequel, dans un sursaut national, réclamait le changement afin d’amener le pays à jouer sa partition dans le concert des nations. Il n’en fallait pas plus pour enregistrer une forte adhésion à l’initiative d’élaboration d’un projet de nouvelle Constitution. Chose actée aux termes des Assises nationales de la refondation tenue à Bamako, les 27, 28, 29 et 30 décembre 2021 dont les conclusions ont fortement recommandé son élaboration”, a-t-il rappelé.
Il a fait remarquer que les autorités de la Transition ont estimé que le projet de Constitution est une nouvelle opportunité d’engager une série de réformes politiques et institutionnelles, une dynamique qui ne se démarque pas de la presse dont l’apport reste transversal dans tous les chantiers de développement socioéconomique du pays. Le président Ousmane Daou estime que la maitrise du contenu du projet de Constitution s’impose aux porteurs de la plume au nom du droit du public à l’information.
“C’est dans ce contexte que se tient la présente rencontre justifiée dans la même mouvance par le souci de contribuer à une très large communication sur le projet. La bonne dissémination d’informations fiables auprès de la population en l’occurrence sur les points à controverse est attendue pour être la garantie de notre prédisposition à relever notre part de défi”, a-t-il soutenu.
Avant d’ouverture l’atelier, Ibrahim Ikassa Maïga (ministre de la Refondation de l’Etat chargé des relations avec les institutions) a informé les journalistes sur les actions de dissémination par le gouvernement du projet de Constitution auprès des maliens de l’intérieur et de la diaspora. A ses dires, le projet de Constitution apporte des réponses à interrogations sur le Sénat (à la place du Haut conseil des collectivités), la double nationalité du président de la République, les langues nationales, le mariage, la laïcité, l’ouverture de la magistrature aux non magistrats, etc. “C’est au peuple de décider de l’adoption d’une nouvelle Constitution. D’où l’organisation du Référendum du 18 juin 2023 pour adopter le projet de Constitution”, a-t-il précisé.
L’atelier était animé par Mamadou Dia de la Mission d’appui à la refondation de l’Etat. Il a fait une présentation générale du projet de Constitution, surtout les innovations majeures (comme le serment du Président de la République devant la Cour Constitutionnelle et non la Cour suprême, la création du Sénat, l’introduction des non magistrats dans la magistrature, l’officialisation des langues nationales…) qui le différencient de la Constitution de 1992 qui a montré ses limites. Ce qui fait que la majorité des Maliens ont manifesté leur volonté de refonder le Mali en profondeur.
“Le présent projet de Constitution matérialise cette aspiration commune du peuple malien”, a-t-il dit. Selon lui, la nouvelle Constitution interdit des discriminations basées sur l’ethnie et la religion, interdit la double nationalité pour les candidats à l’élection présidentielle. Elle garantit des libertés religieuses, l’indépendance du pouvoir judiciaire, l’équilibre des pouvoirs. Elle institut le statut des autorités et légitimités traditionnelles. La nouvelle Constitution réaménage les Institutions de la République. C’est ainsi que la Haut Cour de justice et le Haut conseil des collectivités territoriales ont été supprimés. Le Sénat et la Cour des comptes ont été créés. Le Conseil économique, social et culturel s’occupe désormais des questions environnementales. Le conférencier a répondu aux préoccupations des journalistes.
Siaka Doumbia
Source : Aujourd’hui-Mali