Plus de 70% des Ivoiriens estiment que la justice et l’armée ivoiriennes sont « corrompues » et souhaitent des réformes en « profondeur », selon une enquête de la Commission dialogue, vérité et réconciliation (CDVR), publiée lundi.
Sur une population de plus de 60.000 personnes, ils sont 72% à estimer que la justice est corrompue. Quelque 77% pensent que « les forces de défense et de sécurité sont corrompues et politisées », alors qu’ils sont 63% à juger la presse « partisane », a détaillé le président de la CDVR, Charles Konan Banny, également ancien Premier ministre ivoirien.
Lors de la remise du rapport de la CDVR en novembre, M. Konan Banny avait ouvertement critiqué les médias dans son discours, mettant en cause leur responsabilité dans la crise postélectorale de 2010-2011 et ajoutant qu’ils n’avaient pas su en « tirer la leçon ».
Mise en place après les violences postélectorales par le président Ouattara, la CDVR a pour mission de réconcilier les Ivoiriens et était chargée de rédiger un rapport qu’elle devait rendre au gouvernement dans un délai de deux ans.
Selon l’enquête de la CDVR, 81% des Ivoiriens jugent que la gestion du foncier est « mal géré », une question sensible dans un pays où 74% de la population trouve que la vie est chère, et où 60% estiment que les richesses nationales sont mal reparties.
Les Ivoiriens sont malgré tout 83% à penser que la « réconciliation est possible », et autant, 84%, à adhérer au processus de réconciliation en cours, même s’ils « ont conscience qu’elle sera difficile ».
Active depuis septembre 2011, la CDVR, est vertement critiquée par la société civile pour son manque de résultats.
« Elle n’a absolument pas rempli son rôle », notamment en raison de manque de volonté politique et des moyens financiers insuffisants, avait dénoncé en octobre Me Patrick Baudouin, le président de la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH), interrogé par l’AFP.
Lors de la remise de son rapport, M. Konan Banny n’avait fourni qu’une liste de recommandations basiques aux autorités: « accélérer le désarmement et la réinsertion des ex-combattants » ou encore « renforcer l’éducation à la culture de la paix ».