Le précédent Hisséne Habré peut laisser penser que Macky Sall ira dans le sens d’extrader Amadou Toumani Touré vers le Mali où il est poursuivi pour «haute trahison». A défaut, il sera très difficile de faire croire à Ibrahima Boubacar Keïta que le chef de l’Etat sénégalais ne le regarde par le bout de la lorgnette.
Opération Serval
Il s’y ajoute qu’il sera difficilement compréhensible de voir le Sénégal, un pays qui a mis en place des Chambres africaines extraordinaires pour juger l’ancien président du Tchad Hisséne Habré, adopter une position autre que celle d’aller dans le sens d’extrader ce «colis piégé» vers Bamako. Surtout que son homologue malien ne rate jamais l’occasion d’évoquer, en privé, son «peu d’empressement» à envoyer des soldats dans le cadre de l’Opération Serval. Selon la loi malienne, c’est la Haute Cour de justice qui peut juger un président ou ex-président de la République. Ses membres sont choisis parmi les députés. Amadou Toumani Touré, renversé en mars 2012 par un coup d’Etat mené par le capitaine Amadou Sanogo, est accusé d’avoir «facilité la pénétration et l’installation des forces étrangères sur le territoire national, notamment en ne leur opposant aucune résistance», a indiqué vendredi, dans un communiqué, le gouvernement malien. Amadou Toumani Touré avait été renversé, après dix ans au pouvoir, par un coup d’Etat qui avait précipité la chute du nord du Mali aux mains de rebelles touareg et de groupes islamistes armés. Les jihadistes ont occupé cette région pendant neuf mois avant d’en être en partie chassés par une intervention militaire internationale lancée par la France en janvier 2013 et toujours en cours. Les putschistes avaient justifié le renversement d’Amadou Toumani Touré par l’incapacité d’un Etat corrompu à lutter contre la montée des périls dans le nord du pays (groupes jihadistes et criminels, rébellion touareg…).
Papa Souleymane KANDJI