La Constitution de la Ve République est le fruit d’un compromis entre les thèses fédéralistes d’Houphouët-Boigny (un président, des ministres communs et un Sénat) et confédéralistes de Senghor (une conférence des Premiers ministres). L’autonomie des Etats est reconnue pour la gestion et l’administration de leurs affaires. Les affaires étrangères, les finances, la défense sont du domaine réservé de la métropole.
Le président de la République est le chef de l’exécutif de la Communauté, représenté par un conseil exécutif constitué du Premier ministre français, des chefs de gouvernement des Etats membres et des ministres chargés des affaires communes. Il y a également un Sénat de la Communauté et une Cour arbitrale. La nouvelle Constitution prévoit un processus concerté d’accès à l’indépendance pour ceux qui le désiraient. Un mémorandum est rédigé par tous les élus africains, demandant une autonomie des pouvoirs locaux, mais dans lequel il n’est pas question d’indépendance.
Selon les souvenirs d’Houphouët-Boigny, c’est de Gaulle lui-même qui soulève le problème de l’indépendance, comme une alternative qu’on peut prendre à n’importe quel moment par un vote des Assemblées de ces territoires. Cette position rompt le front du mémorandum.
Le congrès du PRA de Senghor en juillet 1958 pose directement la question de l’indépendance, ce qui oblige le Général De Gaulle à préciser devant le Conseil constitutionnel le 8aout : «Le référendum a pour objet de vérifier si partout, en particulier en Afrique, l’idée de sécession l’emporte ou non. Dans le cas où serait refusée l’association proposée, il est évident que ce sera l’indépendance, mais l’indépendance avec tout ce qu’elle comporte de charges, de responsabilités et de dangers. Il serait inimaginable que certains voulussent marcher de leur côté pendant que les autres leur fourniraient ce qui leur manquerait.»
La course aux indépendances
Entre le 28 septembre 1958 (référendum sur la Constitution) et le 19 août 1960 (proclamation de l’indépendance du Mali), il y a moins de deux ans. Deux ans pendant lesquels, le curseur de l’actualité étant pointé sur l’Afrique, la succession des évènements forme une chaine qui génère une série d’effondrements et de transformations, comme un jeu de dominos. Dans cette analyse des mutations de l’Afrique noire, il faut constamment mettre en rapport les facteurs endogènes qui conduisent à la mise en place des indépendances et les facteurs exogènes qui, dans un contexte de décolonisation, façonnent l’opinion publique et la couverture par les médias des évènements.
La date de 1960 est bien une coupure. En 1960, tous les Etats de l’ancienne Afrique noire ont obtenu leur indépendance. Alors que l’AOF se désintègre, les Etats de l’AEF créent un secrétariat permanent, établissent une union douanière, l’UDE, qui, englobant plus tard le Cameroun, deviendra l’UDEAC, et une Conférence des chefs d’Etat de l’Afrique équatoriale. Un projet plus ambitieux de Confédération initiée par l’abbé Fulbert Youlou n’aboutit pas.
Les facteurs endogènes : le référendum de 1958
Le référendum du 28 septembre 1958 est précédé d’une tournée africaine du général de Gaulle fin août à Fort-Lamy, Tananarive, Brazzaville ou- mémoire oblige, il prononce un discours-programme sur l’association de l’Afrique à la France, Abidjan, Conakry et Dakar. Les résultats sont à la mesure des attentes : 7.471.000 «Oui» et 1.120.000 «Non». 100% de «Oui» en Côte d’Ivoire, 99% en Haute Volta, en Oubangui-Chari et au Moyen Congo, 98% au Dahomey et au Tchad, 97% au Sénégal et au Soudan, 92% au Gabon, 78% à Madagascar et au Niger et 95% de «Non» en Guinée.
Rassemblés par B.C
Source: L’Inter de Bamako