Relevés de leur poste, par l’ex-président-directeur général du Pari Mutuel Urbain du Mali (PMU-Mali), nommé ministre de la Communication et de l’Economie Numérique, les initiateurs du kiosque fictif, plus connu sous le code « PB 122 » et qui a permis à certains cadres du PMU-Mali de fabriquer, de toutes pièces, de vrais-faux gagnants ayant empoché, en toute impunité, des centaines de millions CFA, viennent de reprendre du service. Avec, à la clé, le risque de voir l’entreprise, de nouveau, saignée à blanc.
Chaque revendeur de ticket du PMU-Mali, qu’il soit titulaire ou non, dispose d’un code. Les revendeurs titulaires sont connus sous le code BK ; tandis que ceux du privé, sous le code PB.
Le code PB 122 désignait un kiosque privé, opérant à Bamako. Notamment, à Fadjiguila-marché ; alors que son aide-revendeur opérait à Bacodjicoroni, à quelques encablures de l’usine céramique. Aux dernières nouvelles, ce kiosque « méconnu » du PMU-Mali opérait à Djélibougou.C’est pourtant ce kiosque illégal, géré par des cadres du PMU-Mali, qui aurait enregistré plus grand nombre de gagnants. Le plus grand nombre de millionnaires. Selon nos informations, un gagnant sur cinq avait pris son ticket au fameux kiosque PB 122.
Les vautours sont de retour au PMU-Mali : chauve qui peut !
Selon une stratégie bien huilée, ces employés s’arrangeaient pour que ce kiosque soit pourvu en carnets de tickets. Puis, au moment du dépouillement, les tickets souches du kiosque PB 122 étaient remplis avec plusieurs combinaisons gagnantes. Ils sont, ensuite, glissés dans le lot par ces « mains invisibles ». Et le tour est joué.
Selon une source proche du PMU-Mali, il s’agit d’un réseau à l’intérieur de l’entreprise. Un réseau, qui bénéficie à chaque étape de la complicité d’un ou de plusieurs responsables de service.
Fabriqués de toutes pièces, des gagnants se sont vu attribuer, au détriment de l’entreprise, des dizaines, voire des centaines de millions CFA. Et ce, pendant des années. Au rang des initiateurs de ce kiosque fictif, on cite un certain M.T, dont nous tairons le nom pour l’instant.
L’entreprise a fonctionné ainsi jusqu’en 2015, date à laquelle Mr Modibo Arouna Touré, précédemment directeur général de l’ANPE (Agence Nationale pour la Promotion de l’Emploi) a été nommé président-directeur général du PMU-Mali.
Le personnel regrette, déjà, le départ du désormais ex-PDG
Gestionnaire averti, il a réussi, en l’espace de quelques jours, à démasquer les fraudeurs. La suite, on la connaît. Tous les cadres de l’entreprise, liés à cette affaire, ont été affectés à d’autres services où, leurs capacités de nuisance sont nulles. Mieux, la gestion de l’entreprise a été informatisée. Même l’entrée des bureaux « digitalisée ». Résultat : les recettes du PMU-Mali ont enregistré une hausse de plusieurs milliards CFA. Du moins, si l’on en croit un confrère de la place.
Après le départ de Modibo Arouna Touré, nommé le 11 avril dernier, ministre de la Communication et de l’Economie Numérique, le réseau de fraudeurs semble être de retour. Mis au placard, M.T, connu pour le cerveau du réseau, aurait même bénéficié d’une promotion.
« Que nul ne s’étonne de voir les recettes du PMU-Mali baisser dans les jours à venir », avertit une source proche du PMU-Mali. Et de conclure, l’air soucieux : « Il faut que le Bureau du Vérificateur général se saisisse vite de ce dossier, afin de débarrasser l’entreprise de cette bande de fraudeurs, décidés à saigner à blanc cette entreprise, qui tient une place de choix dans l’économie malienne ».
De retour aux avant-postes du PMU-Mali, suite au redéploiement interne du personnel, entrepris par le directeur général-adjoint, les « vautours du PMU-Mali », comme on les appelle rôde autour de l’entreprise. Avant même qu’elle ne sombre dans l’agonie. Pour annuler le système informatique du PMU-Mali, qui a permis de les mettre hors d’état de nuire, ils s’apprêtent à pousser le personnel à la révolte.
Les travailleurs, eux, regrettent déjà le départ de Modibo Arouna Touré, l’homme qui, en l’espace de quelques mois, a restitué au PMU-Mali ses lettres de noblesse.
Nous y reviendrons !
Oumar Babi
Le Canard Déchaîné