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Pisciculture en Bac hors sol : La production intensive de poisson est possible

Cette activité très prometteuse et lucrative permet à ses initiateurs de tirer leur épingle du jeu

 

Djibril Maguiraga, ingénieur de construction en génie civil à la retraite à Kalanban-coro (Cercle de Kati) décide de se reconvertir dans la pisciculture. Sa maison s’étend sur une grande superficie. Le passionné d’activités agropastorales dispose d’espace suffisant lui permettant de mener ses activités. Habillé d’un boubou fait en basin de couleur vert clair, teint légèrement clair, le septuagénaire nous accueille chez lui, avant de faire visiter le puits où est installée la moto pompe électrique.

Djibril Maguiraga montre ses bacs de pisciculture hors sol, installés sur le toit d’une de ses maisons aménagé pour faire de la pisciculture intensive de Clarias. Le pisciculteur vide l’eau des quatre bacs contenant des poissons.

Le liquide est drainé directement sous des pieds d’arbres et de fleurs plantés dans sa concession et dans les alentours. «Quand j’ai pris ma retraite, pour éviter l’oisiveté, j’ai décidé d’entreprendre cette activité», soutient celui qui faisait de l’élevage domestique de moutons, de l’aviculture et du jardinage… pendant qu’il était encore en activité. Pour y arriver, le retraité dit avoir sollicité l’appui du projet «Jèguè Ni Jaba».

Ce projet s’inscrit dans le cadre du Programme de renforcement des chaînes de valeurs agricoles pour la sécurité alimentaire (PRCA-SA). Financé par le Royaume des Pays-Bas, il sponsorise des personnes ou associations évoluant dans ce domaine. Le but est d’augmenter la disponibilité du poisson de bonne qualité à un prix abordable tout au long de l’année.

Cela en encourageant la dissémination de technique d’intensification piscicole. Pour ce faire, «Jèguè Ni Jaba» a adapté une technique de pisciculture intensive Bac hors sol (BHS) au contexte malien au profit des porteurs volontaires de projets piscicoles pour une production à petite échelle dans les zones urbaines et périurbaines.

La pisciculture hors sol est l’élevage de poissons dans des infrastructures confectionnées et posées à même le sol. Le BHS est un système d’élevage de poissons, spécifiquement des Clarias (Silure ou poisson-chat). Le Clarias et le Tilapia sont les deux espèces de poissons élevées au Mali et dans la sous-région ouest africaine, mais seul le Clarias est adapté à l’élevage Bac hors sol, précise Aïcha Diarra, spécialiste en aquaculture.

C’est sur projet que notre pisciculteur s’est appuyé pour réaliser son rêve. L’organisation lui envoie des techniciens pour faire une étude de faisabilité visant à déterminer l’endroit idéal pour l’installation des BHS. «Après cette étude, ils nous ont formés aux différentes techniques de pisciculture», explique Djibril Maguiraga.

Cette étape terminée, «Jèguè Ni Jaba» lui a offert 400 alevins, quatre BHS et deux sacs de 30 kg d’aliments poissons de type Bio mare importés. Le bénéficiaire devrait au préalable disposer d’un forage ou un puits intarissable auquel est branchée une moto pompe pour alimenter les BHS en eau. L’utilisation de l’eau du robinet n’est pas recommandée en raison de la présence de chlore, explique le septuagénaire. Ainsi, il empoissonne les quatre BHS. Le premier cycle a été un échec, après avoir élevé les poissons pendant six à sept mois. Le second, dont la récolte a eu lieu au mois de juin passé, a été abondant. «J’ai produit 265 kg, soit 395 poissons. Le kg a été vendu à 2.000 Fcfa», se réjouit Djibril Maguiraga.

Comment réussir ce type de pisciculture ? Selon la spécialiste en aquaculture, le BHS peut être fabriqué en bois ou à partir de toutes sortes de contenants disponibles sur le marché (plastique, métal, etc.) Son volume est de 1 mètre cube, il permet l’élevage de poissons, explique Aïcha Diarra. En la matière, les Bacs hors sol sont posés directement sur une surface plate et sont facilement déplaçables. Le nombre de bacs peut être adapté à l’espace disponible, il ne nécessite pas également une grande quantité d’eau, explique Aïcha Diarra.

Elle précise que le cycle de production des poissons s’étale sur 4 à 6 mois en fonction de leur croissance et la taille commerciale visée. Au bout de cette période, les poissons peuvent atteindre 600 à 800 g. Selon Aïcha Diarra, des alevins d’une souche de clarias adaptée doivent être achetés et provenir d’un fournisseur spécialisé.

Des alevins tout-venants ou de souches non adaptées ne donneront pas de résultats satisfaisants dans ce système, argumente-t-elle, estimant qu’un aliment importé de haute qualité nutritive est utilisé pendant les 4 à 5 premières semaines du cycle pour assurer un bon démarrage de la croissance. Après, explique l’experte, le nourrissage peut être poursuivi avec l’aliment importé soit avec des aliments granulés fabriqués localement.

La spécialiste explique que les Clarias doivent être nourris trois fois par jour en prenant soin de bien observer leur comportement et leur appétit. L’eau du bac doit être changée dès qu’elle commence à être polluée par les déchets des poissons, ajoute-elle. Elle est changée une fois par semaine au départ puis 2 à 3 fois par semaine quand les clarias auront commencé à grossir.

La mère d’Alimata Sangaré, jeune entrepreneure évoluant dans le domaine de la pisciculture, ignorait ces techniques nécessaires pour mener à bien un tel business. Dans la cour de sa maison, sis à Niamakoro cité Unicef, en Commune VI, des BHS sont installés sous un hangar en toit de toile pour les protéger du soleil. Sa mère menait cette activité. Elle ne marchait pas comme elle le souhaitait.

Après ses études supérieures à la Faculté des lettres, langues, arts et sciences humaines (Flash) de l’Université de Bamako, Alimata Sangaré peine à s’insérer dans le monde professionnel après plusieurs années de recherche d’emploi sans succès. Encouragée par des collègues de la Faculté à se lancer dans cette activité que sa maman avait du mal à faire prospérer, la trentenaire s’engage dans la pisciculture.

Au terme de quelques mois de formation en pisciculture dispensée par le projet «Jèguè Ni Jaba», elle entame son premier cycle de production qui dure de juillet 2020 à février dernier. «Quand nous avons pêché, j’ai eu 310 kg soit un total de 367 poissons vendus à 2.000 Fcfa le kg. Aussitôt, j’ai enclenché le deuxième cycle en mettant, le mois de mars dernier, les alevins dans les BHS. La récolte de ces poissons est prévue pour le mois d’octobre prochain», révèle Alimata Sangaré.

Cependant, les bénéficiaires du projet sont confrontés aux problèmes d’alevins et de nourriture pour poissons. «Nous constatons une rupture d’alevins en ce moment», déplore Djibril Maguiraga. Pour Alimata Sangaré, les aliments sont importés et coûtent entre 15.000 et 17.000 Fcfa le sac de 15 kg, en fonction du stock disponible chez les vendeurs.

Yacouba TRAORÉ

Source : L’ESSOR

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