MONDE – Il s’articulera autour de quatre pôles principaux…
La France a entrepris de réorganiser son dispositif militaire au Sahel autour de quatre pôles principaux, pour renforcer l’efficacité de ses forces dans la lutte contre les groupes jihadistes qui opèrent dans cette zone immense.
L’opération Serval au Mali a permis de porter des coups très durs aux islamistes armés qui contrôlaient le nord du pays. Mais l’intervention française a aussi provoqué la dispersion de milliers de combattants dans la zone sahélienne, notamment dans le sud de la Libye devenue une «zone grise», qui échappe à tout contrôle, et le lieu de tous les trafics.
«Le danger d’une recomposition des groupes islamistes existe, même s’il n’est pas encore avéré. Il faut contenir cette menace, continuer d’exercer une pression suffisante pour l’empêcher de se développer», souligne un responsable du ministère de la Défense. Paris a donc décidé de rapprocher son dispositif de la zone où ses forces sont le plus susceptibles d’intervenir. C’est-à-dire essentiellement dans le nord du Mali, du Niger et du Tchad voisins.
Il ne devrait pas y avoir plus de soldats français en Afrique
Le nouveau dispositif devrait maintenir environ 3.000 hommes dans la zone, au moment où la France est au contraire en train de réduire ses effectifs au Mali. Il s’agit de réarticuler les forces autour de quatre pôles spécialisés – Gao, au Mali, N’Djamena, Niamey et Ouagadougou – pour faire face à une menace devenue régionale. A terme, il ne devrait pas y avoir plus de soldats français en Afrique, mais ils seront répartis légèrement différemment. Serval a en effet rappelé aux états-majors l’importance des «élongations», les milliers de km à parcourir pour acheminer les hommes et le matériel dans la zone d’action.
Au Mali, où le contingent français doit être ramené à un millier d’hommes dans quelques mois, Gao devrait devenir une sorte de «hub», une plaque tournante d’où les forces poursuivront leurs opérations dans le nord du pays au côté de l’armée malienne.
Les forces terrestres stationnées à N’Djamena (950 hommes) joueront, selon la Défense, en cas de besoin le même rôle dans le nord du Tchad. L’essentiel des moyens aériens français (avions de chasse Rafale et Mirage 2000D) restant stationnés dans la capitale tchadienne.
Niamey, où sont déployés les deux drones Reaper acquis récemment aux Etats-Unis, doit servir de plateforme logistique et de pôle de renseignement. Enfin Ouagadougou servira de base aux Forces spéciales, les premières en action en cas de coup dur.
Petits contingents «là où ça se passe»
A cette «ligne de déploiement principale», s’ajouteront des bases avancées, beaucoup plus au nord, en cours de négociations avec les capitales de la région. Tessalit au Mali, à moins de 100 km de la frontière algérienne, Faya-Largeau dans le nord du Tchad, près de la frontière libyenne, devraient accueillir de petits contingents de quelques dizaines d’hommes. «Il s’agit pour nous de prépositionner des stocks logistiques et un petit effectif», indique un responsable militaire. Des stocks de carburant ou de munitions qui permettront de renforcer la réactivité des forces françaises «là où les choses se passent vraiment».
C’est cette «régionalisation» de la lutte contre la menace jihadiste que le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, devait exposer vendredi à Washington à ses interlocuteurs américains. Une action qui doit se dérouler «dans le temps relativement long», pour laquelle Paris compte notamment sur la poursuite du soutien américain en matière de renseignement. Les deux pays partagent la même analyse de la menace et la France veut développer sa coopération avec Washington.
Le troisième rideau des forces françaises en Afrique de l’ouest devrait globalement rester le même, avec ses implantations au Sénégal (350 hommes), au Gabon (940), Côte d’Ivoire (450), auxquelles s’ajoutent les 1.600 soldats engagés dans l’opération Sangaris en Centrafrique.