Dans le cadre de la promotion de la lecture comme facteur de développement au Mali, nous avons rencontré un amoureux des belles lettres. Celui-ci a une soif inextinguible de savoir car lui, il dévore les livres. Entretien!
Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs
Ousmane Diarra. Je suis bibliothécaire et écrivain. Je travaille à l’Institut français du Mali (ex-CCF depuis novembre 1988). J’ai publié 2 romans aux Éditions Gallimard, plusieurs nouvelles au Mali et ailleurs, des recueils de poésie et des livres pour enfants.
Qu’est-ce que la lecture selon vous ?
Pour moi, la lecture, c’est la nourriture de l’esprit. Elle aide à grandir, comme toute bonne nourriture, à se porter bien et à mieux faire face aux questions existentielles.
Quand est-ce que vous avez commencé à lire ?
Dès que j’ai appris à lire, à l’âge de 10-11 ans. J’étais dans mon village.
Qu’est-ce que la lecture vous a apporté ?
Elle m’a tout apporté. D’abord, elle m’a sauvé la vie. Elle m’a appris à mieux me connaître, à mieux connaître ma propre culture et celles des autres. C’est pourquoi je me sens à l’aise partout au monde.
Je répète, la lecture et plus tard, l’écriture, m’ont sauvé la vie, m’ont donné une personnalité. Quand on a perdu ses parents à l’âge de deux ans, on a beaucoup à apprendre de la vie. Les livres ont remplacé mes parents. Ils m’ont accompagné et continuent de m’accompagner. Ils m’ont conseillé, consolé. Ils continuent de le faire. Ce sont les meilleurs amis de la vie.
On a coutume de dire que les maliens ne lisent pas, selon vous, ce constat amer est dû à quoi ?;
Je pense qu’il faut travailler à l’installation de la culture de la lecture dans nos coutumes. J’ai l’habitude de dire que l’oral, c’est une bonne chose, mais que la parole reste volatile. On peut la changer, la déformer. Pas ce qui est écrit. Comment aurions-nous su, sans les livres, donc l’écriture, que des Noirs Africains avaient été amenés en esclavage aux Amériques et ailleurs ? Les griots n’en avaient aucune souvenance. Vous pouvez vérifier.
Avec l’arrivée de l’internet, ne craigniez-vous pas la disparition du livre imprimé ?
A mon avis, les deux supports ne jouent pas le même rôle. Le numérique à son rôle, le livre imprimé a le sien.
Quel appel avez-vous à lancer pour que les gens lisent beaucoup dans notre pays ?
Surtout aux jeunes, je leur dis que la lecture aide à maîtriser sa propre vie, puis le monde. C’est le premier socle du développement. Je leur dis aussi que la démocratie est pratiquement impossible sans la lecture qui apprend à réfléchir, à analyser et à mieux choisir.
Votre dernier mot
Vous faites, vous-même, un formidable travail de développement. Car le développement, c’est d’abord la tête. Je vous y encourage. Ce n’est pas facile, je le sais. C’est ingrat, je le sais. Mais vous faites partie des guerriers de la lumière.
Interview réalisée par Mamadou Macalou