C’est ce que l’ancien Premier ministre, Moussa Mara a affirmé jeudi lors du premier numéro du ‘’grand débat économique’’ organisé, à la Chambre de commerce et d’industrie du Mali (CCIM). Le grand débat économique qui se veut un cadre d’échanges et de réflexion sur l’économie malienne est une initiative d’un groupe de journalistes en partenariat avec la CCIM.

Le thème du premier numéro du grand débat économique portait sur «comment la croissance économique peut-elle favoriser la relance économique ?». Un thème sur lequel, deux conférenciers, l’ancien Premier ministre Moussa Mara et le Pr. Abdoulaye Niang, économiste et chercheur, ont donné leurs points de vue parfois divergents.

Moussa Mara a défini la croissance économique comme la création de richesses supérieures par rapport à celle d’une période donnée. Pour lui, la croissance économique et relance économique sont intimement liées. Il s’est réjouit de voir que le Mali renoue avec la croissance économique ces deux dernières années en atteignant en 2014 plus de 7%.

Si pour l’ancien Premier ministre la croissance actuelle est une bonne nouvelle pour l’ensemble des Maliens, le Pr. Abdoulaye Niang qualifie cette croissance de criminelle, car ne profitant pas aux populations. Pour celui-ci, avec une dizaine de mines d’or industrielles, la misère et la pauvreté devraient être des mauvais souvenirs pour l’écrasante majorité des Maliens. Ce qui lui fait dire que dans nos Etats, croissance économique et développement humain ne bougent pas dans la même la direction. Preuve : le Mali est l’un pays les plus riches en ressources minières, mais il tient la queue en terme de développement humain

Pourquoi la croissance économique ne profite pas aux populations ?

Pour Moussa Mara, c’est parce que le taux de croissance démographique est plus élevé et plus rapide que la croissance économique. Selon lui, si la majorité des populations ne voient pas l’incidence positive de la croissance économique de notre pays, c’est parce que cette croissance économique est directement captée par la croissance démographique qui est de 4% par an. Pour que la croissance économique soit profitable à la majorité des Maliens, dit-il, il est nécessaire de gérer le facteur de la croissance démographique. Aussi, il faudra une croissance économique de longue durée et à deux chiffres et que cette croissance économique soit obtenue dans les secteurs inclusifs.

A en croire Pr. Niang, la population ne peut et ne doit être en aucun cas un obstacle à la croissance et à la relance économique. Tout Etat organisé et responsable peut au contraire tirer des dividendes de sa croissance démographique. Certains Etats comme l’Inde et la Chine l’ont prouvé. Selon Abdoulaye Niang, tout est question de gouvernance.

En quoi la croissance peut  favoriser la relance économique ?

Pour Moussa Mara, une véritable relance économique passe par l’accélération de la croissance économique, la redistribution à temps des biens et services, l’accès facile aux crédits, le renforcement et la diversification des potentiels  de production.

Une thèse soutenue par le Pr. Niang qui ajoute que la croissance  et la relance économique ne seront une réalité que si nos Etats déjouent le complot des multinationales et des institutions financières internationales et en acceptant aussi de créer leurs propres monnaies.

Les deux conférenciers ont salué les journalistes initiateurs du grand débat économique, surtout quand on sait que l’économie n’est pas souvent un sujet de débats au Mali.

Le thème du prochain numéro du grand débat économique est : «le Mali doit-il quitter la zone CFA ? »