Conférence de clôture ? Le mot paraît bien sec pour évoquer la voix d’une femme qui laisse son cœur parler. Tout commence de manière badine par les saluts d’usage, avant qu’elle n’emprunte à Braudel la nécessité du « temps long » pour mieux comprendre et gérer les inquiétudes.

Celles que génèrent aujourd’hui ceux qui, face aux guerres et autres circonstances tragiques, n’ont d’autre choix que le dilemme partir ou mourir. « C’est même souvent partir ET mourir ! » Et Michaëlle d’entamer la litanie des embarcations de misère qui font de la Méditerranée une nécropole : 366 réfugiés morts en octobre 2013 entre la Libye et Lampedusa – si près du but – 800 morts en provenance de l’Afrique de l’Ouest, 71 morts dans un camion frigorifique venant de Hongrie, jusqu’à la mort du petit Aylan, gamin de 3 ans noyé, retrouvé la tête dans le sable de Turquie… « Nous avons la mémoire et l’émotion courtes… »
Pourtant, si l’on en croit les grands textes, de la Déclaration universelle des droits de l’homme à la convention de Genève en passant par celle des Nations unies – qu’au passage aucun pays du Nord n’a signée – chaque homme a le droit d’aller librement sur la planète…
« Il faut une approche humaine et humaniste, décadenasser nos cœurs, combattre nos égoïsmes, rejeter le repli, sinon nous ne pourrons jamais ouvrir notre esprit à la raison, et la stabilité du monde en sera menacée. »
Alors, parler du Liban « où bientôt un habitant sur deux sera un réfugié, et des 746 millions d’Européens rechignant à accueillir quelques dizaines de milliers de migrants, donne de quoi relativiser. » Michaëlle avait demandé : « Que ceux qui ont des grands-parents d’origine étrangère ou qui ont connu l’exode lèvent la main ». Et de nombreuses mains s’étaient levées dans la salle.
Si cette femme exceptionnelle, de sa voix douce sans haine et sans crainte, parle avec tant d’amour des damnés de la Terre – persuadée que bien accueillis ils serviront la dynamique d’un pays – c’est que son exemple plaide pour cette cause. Ayant à dix ans fui Haïti et son régime sanguinaire, n’est-elle pas devenue… gouverneure générale du Canada, soit commandant en chef des forces canadiennes !

Eurêka !

On a trouvé ! Le thème des RVH 2017 – dévoilé par un Jean-Noël Jeanneney ému après ce «  vibrato des cœurs et des esprits  » – sera Eurêka ! L’opportunité pour le festival, dans les pas du vieil Archimède, d’appréhender l’histoire des sciences et techniques, des corps et de l’esprit, des nouvelles technologies à la révolution semblable à l’invention de l’imprimerie…