Trois jours après le coup d’État, des milliers de personnes se rassemblent à l’appel du M5-RFP pour célébrer, ce 21 août 2020, la chute du président Ibrahim Boubacar KEÏTA, au monument de l’indépendance. Acclamés par la foule, lors de ce rassemblement populaire, des responsables de la junte ont pris la parole pour remercier «le peuple malien pour son soutien».
L’objectif de la rencontre, selon les leaders du M5-RFP, était de célébrer le départ du président Ibrahim Boubacar KEITA et de son régime, mais aussi, encourager les forces vives de la nation à œuvrer pour la paix, la cohésion sociale, tout en mettant en garde contre tout esprit de vengeance.
Aussi, l’occasion était bonne pour l’imam Mahmoud DICKO, autorité morale du M5-RFP, de prôner la paix et réconciliation entre les Maliens. L’Imam Mahmoud DICKO a profité de l’occasion pour appeler les Dogon et les Peulhs à déposer les armes et à faire la paix.
Sur le podium, au cours de ce rassemblement, se sont succédé plusieurs leaders de la société civile, mais également des dignitaires de la junte au pouvoir.
Le M5-RFP se félicite du départ du pouvoir du président Ibrahim Boubacar KEÏTA, contraint à la démission sous la pression des militaires et de la rue. Toutefois, ont-ils dit, la destitution de l’ancien président ne signifie pas la fin du combat.
En tout cas, c’est ce qu’a indiqué Cheick Oumar Sissoko, président d’Espoir Mali Kura (EMK), une des composantes du M5-RFP.
« Rien ne sera plus comme avant. Si les futurs responsables du pays ne se comportent pas bien, ils trouveront le peuple devant eux », a-t-il prévenu.
Entourés de militaires en armes, le numéro deux du «Comité national pour le salut du peuple» (CNSP) mis en place par les militaires putschistes, Malick DIAW, ou encore leur porte-parole, le colonel-major Ismaël WAGUE, ont été chaleureusement accueillis au pied du monument de l’Indépendance.
«Nous sommes venus vous remercier, remercier le peuple malien pour son soutien. Nous n’avons fait que parachever le travail que vous aviez commencé et nous nous reconnaissons dans votre combat», a-t-il ensuite lancé devant la foule enthousiaste.
«Le président du CNSP, le colonel Assimi GOÏTA, ‘’a eu un empêchement de dernière minute» et «n’a pu faire le déplacement» », s’est excusé à la tribune, Ismaël WAGUE.
Les militaires se sont ensuite retirés, laissant la place aux leaders du Mouvement du 5-Juin (M5-RFP), la coalition d’opposition réclamant depuis des mois le départ du président IBK, qui ont salué l’intervention des militaires dans cette crise.
L’imam Mahmoud Dicko, vedette de ce rassemblement, a prêché pour la réconciliation et la paix.
«Je vous demande d’aller vers la paix. Rien que la paix entre les Maliens. Nous sommes tous les mêmes, de la même famille. Je vous demande également de ne pas semer la haine et la vengeance entre vous. Ce qui m’a gêné, c’est le fait que j’ai entendu que les biens privés de certains concitoyens ont été pillés, saccagés et vandalisés. Donc, à partir de ce soir, j’aimerais vous dire que je suis contre le paillage, le vol et le des biens publics et privés. Le Mali est un pays de paix, de cohésion sociale, mais c’est aussi un pays de concorde », a-t-il dit.
«Je veux réconcilier tous les Maliens de Kayes (Ouest) à Kidal (Nord-Est) », a déclaré l’imam Mahmoud DICKO, l’influent chef religieux, dont le rôle a été crucial dans la mobilisation contre le président Keïta. Ce dernier a remercié les militaires et confirmé qu’il ne jouera pas de rôle dans les négociations politiques : «Je retourne à la mosquée, je suis un imam».
«Il n’y a pas eu de coup d’État, il n’y a pas de junte, nous avons des Maliens qui ont pris leurs responsabilités», a déclaré un autre leader de l’opposition, Mohamed Ali Bathily.
«Je suis trop contente ! Nous avons gagné. Nous sommes venues ici pour remercier tout le peuple du Mali parce que c’est la victoire du peuple», jubilait une manifestante âgée de 37 ans environ.
«Nous sommes là pour fêter la victoire du peuple, rien que la victoire du peuple. IBK a échoué, le peuple a remporté la victoire», a abondé Ousmane Diallo, un militaire à la retraite de 62 ans. Mais «maintenant, il ne faut pas que les militaires pensent à rester au pouvoir», a-t-il averti.
Par Abdoulaye OUATTARA
Source : INFO-MATIN
