Jamais la laïcité et la forme républicaine de l’Etat n’ont été aussi menacées. Si Iyad Aghaly et Amadou Koufa ont pris les armes pour tenter de faire du Mali un califat de façon ouverte. Un autre dignitaire religieux qu’on peut appeler le Mollah Mahmoud Dicko veut modifier la cartographie politique du Mali en s’appuyant sur la CMAS dirigée par son beau fils Kaou Djim pour bousculer surtout les partis politiques traditionnels en instaurant un Etat Islamique à l’image de la république islamique d’Afghanistan.
L’imam qui se croit déjà le Mollah Oumar guide des talibans en Afghanistan chassé par les américains n’a pas commencé ses grandes manœuvres aujourd’hui pour placer ses pions dans le but un jour de prendre les commandes de la colline du pouvoir. S’il peut utiliser la vallée de l’ignorance pour ce que l’on peut appeler un rêve fou, il aura en face , la colline du savoir qui mettra tout dans la balance pour lui faire barrage. Pour sauver la forme laïque et républicaine de l’Etat, les partis politiques et les tenants de la société civile doivent cesser d’être sur la défensive en menant une offensive vigoureuse pour faire reculer un homme qui veut profiter de la faiblesse du pouvoir central pour fouler au pied les symboles de toute grande démocratie. Au cours du meeting du 29 février 2020 qu’il a organisé au palais de la culture Amadou Hampate Bah, celui que le monde commence à connaitre pour sa folle ambition de devenir un jour Mollah a dit à qui veut l’entendre que la haute cour de justice, le haut conseil des collectivités territoriales et le conseil économique social et culturel sont budgétivores et doivent être supprimés. Il faut le dire toute grande démocratie repose sur ces différents leviers. Mieux l’Imam Dicko semble oublier un détail, s’il a la liberté de dire ce qu’il veut et ce qu’il pense, c’est parce que on est dans un pays démocratique. Le Mollah ne doit pas avoir la mémoire courte, il sait pertinemment qu’il ya trente ans, il ne pouvait pas tenir certains propos au risque de se retrouver dans le babi Yar de Kidal. Il a été témoin oculaire et auriculaire des événements du 26 mars 1991 pour que le Malien puisse enfin dire tout haut ce qu’il murmurait tout bas. Le grand guide des Ançars Cherif Ousmane Madani Haidara l’a appris à ses dépend à l’époque. Sous le régime de Moussa Traore, il a été interdit de prêche à maintes reprises. Que notre Mollah ne s’y trompe pas ses sorties hasardeuses ne feront pas de lui un héros national. Qu’il mette en tête que le Mali a inauguré une ère nouvelle qui est celle de la lutte contre toutes les formes de discriminations sociales qui ne contredisent pas nos valeurs. Le Mali n’est pas l’Afghanistan en encore moins l’Iran où règne en maître depuis plus de quarante ans les Ayatollahs. Le temps met chaque chose à sa place, ceux qui à l’époque lui prédisait des ambitions politiques ont été accusés de tous les noms d’oiseaux. Il a enfin jeté les masques. Peu avant la fin de son mandat à la tête du haut conseil islamique, il a organisé une grande manifestation le 5 avril 2019 au niveau du monument de l’indépendance pour menacer le régime et contraindre le président IBK a lâché son premier Ministre le « hérisson » Soumeylou Boubeye Maiga. En effet il voyait d’un mauvais œil ce monsieur depuis que ce dernier a parlé de religieux hybride. Mahmoud Dicko sera sans doute le premier Imam à sortir du milieu religieux pour donner de la voix. Il est soutenu en cela par son beau fils Kaou Djim qui confond vitesse et précipitation. Même pour les élections législatives qui doivent en principe se tenir dans les prochaines semaines si l’agenda ne change pas, son parti la CMAS a voulu compétir en signant une alliance avec le parti CODEM. A la dernière minute, le Mollah a organisé une conférence de presse à Magnambougou pour faire marche arrière. Heureusement que l’Imam a compris qu’il était sur le point d’emprunter une pente glissante. Qu’il n’accepte jamais que cette rumeur se confirme, rumeur selon laquelle, il entretien des bons rapports avec lyad Aghaly un crapule notoire qui s’est déguisé en djihadiste pour servir les intérêts du cartel de la drogue sous le manteau de la religion. Ses sorties hasardeuses et ses propos incendiaires risquent de le mettre dans le même bateau que ce dernier. Dans ce cas, il sera voué aux gémonies. Pour l’instant il a une carte en main qu’il peut utiliser en attendant, il s’agit de la crise scolaire. Il faut le reconnaître cela fait des mois que les enseignants ont mis les clés sous le paillasson pour exiger l’application de l’article 39. C’est le moment idéal pour le pouvoir de résoudre cette crise pour éloigner les parents d’élèves que le Mollah veut instrumentaliser. Cette équation résolue, le pouvoir peut rester droit dans ses bottes et attendre au tournant celui qui avait l’estime de l’ensemble de la nation à cause de sa modération et de son sens élevé du dialogue. La classe politique est désormais devant le fait accompli. Elle doit se ressaisir pour jouer pleinement son rôle de protecteur de la démocratie. Certes les cassandres prédisent des jours mouvementés pour le régime mais personne n’a intérêt à ouvrir la boite à pandore pour servir les nostalgiques qui veulent récrire l’histoire. En 1994 quand Choguel Kokala Maiga a décidé de remettre sur selle l’UDPM, il a été contraint de choisir le sigle MPR pour designer l’ancien parti unique. Pour lui faire peur à l’époque l’ADEMA au pouvoir a mobilisé tous les chasseurs sur une initiative de feu Pascal Baba Coulibaly. Les militants du parti ont procédé à une grande démonstration de force. Pour ne pas respecter l’esprit de Marcoussis, le président Laurent Gbagbo a poussé dans la rue les jeunes patriotes du front populaire ivoirien qui ont obligé les forces nouvelle à reculer. La justice est dans son rôle de punir les fauteurs de trouble, mais c’est le parti RPM qui devait faire trembler le Mollah à travers une grande manifestation avec le soutien de tous les démocrates sincères. Malheureusement, il ne dispose pas de jeunes qui peuvent sortir comme des essaims d’abeilles. Iyad Aghaly et Koufa au nord et au centre, Mahmoud Dicko à Bamako le Mali n’a pas besoin d’une autre crise.
Sory Sissoko/Le Triomphe