Dans un entretien accordé au site sénégalais ‘’seneweb.com’’ ce lundi 27
juillet, Mohamed KAGNASSY, expert en développement rural explique les
enjeux d'une bonne prise en charge du secteur agricole en Afrique. Il parle
également de la place de l'agriculture dans les politiques publiques de
certains pays africains. Pour lui, le développement du secteur agricole africain
est une nécessité quand on sait que, selon la Banque Mondiale, il y aura plus
de 2 milliards d'Africains en 2050.
«Pour moi, l'agriculture c'est la vie ». A répondu M. KAGNASSY à la question du
journaliste sénégalais qui voulait savoir ce que représente réellement
l'agriculture pour lui.
«C'est un secteur multifonctionnel qui, entre autres, nourrit, lutte contre la
pauvreté et le chômage, mais aussi maintient et développe les relations
humaines », a-t-il ajouté ce passionné de la terre.
De son avis, c'est le socle du développement de notre continent. Il s’est dit
heureux de sa vision du secteur est partagée par certains dirigeants africains
comme le Président Alpha Condé de la Guinée.
Pour lui, ces dirigeants doivent davantage donner de possibilités aux paysans,
au monde rural, de sortir de la pauvreté à travers l'agriculture, l'élevage et
l'aquaculture.
Pour ce faire, il faut un programme qui incite à la fois les jeunes diplômés et la
classe moyenne à investir dans l'agriculture. En effet, il s’agit de les aider à
sortir de la pauvreté à travers la modernisation de l'agriculture et de l'élevage.
Cette modernisation ne veut pas dire faire forcément comme en Europe ou en
Amérique du nord ; mais plutôt de mettre la technologie et les intrants au
profit de notre secteur agricole. «La modernisation signifie aussi le
développement de la chaîne de valeur », a-t-il expliqué.
Dans tous les cas, Mohamed KAGNASSY est convaincu que le développement
du secteur agricole africain est une nécessité.
Pour minimiser les effets de la crise de COVID-19 sur le secteur agricole
africain, M. KAGNASSY, tout en reconnaissant que la crise n'a pas épargné les
secteurs de l'agriculture et de la pêche, préconise solution du numérique.
Au même moment, il faut préparer l'après COVID-19. «Il faut encourager les
producteurs en leur proposant des prix encourageants sur place. Cela évitera la
sortie frauduleuse de certains produits. Dans le domaine de l'élevage, il y a lieu
de structurer davantage la chaine de valeur en optant pour l'abattage local…
Dans l'agriculture comme dans l'élevage, il faut savoir quelle est la quantité de
produits qui doit sortir et celle qui doit rester », a-t-il dit.
Pour lui, c’est dans l’union des efforts de tous les acteurs (Etats, partenaires,
producteurs) que nous pouvons éviter à la région Ouest-africaine et au reste du
continent une crise alimentaire qui pourrait avoir des répercussions durables
sur la vie de plusieurs millions d'Africains.
«Le défi pour les producteurs sera surtout de s'adapter au revenu d'une
population en crise sanitaire ou qui vient de sortir d'une crise sanitaire avec des
impacts sur leurs entreprises ou leurs emplois.
L'autre défi majeur sera celui de l'exportation. Si la crise peut être une
opportunité pour développer les productions et la consommation locales, on
doit se préparer à des difficultés dans les exportations de certaines productions
comme le café, cacao, anacarde, hévéa. Personnellement, je crois qu'on peut
bien se tirer d'affaire».
Selon la Banque Mondiale, il y aura plus de 2 milliards d'Africains en 2050. Il y
aura donc autant de bouches à nourrir.
«L'année 2050 n'est pas aussi loin qu'on peut être tenté de croire. C'est
maintenant qu'il faut faire impliquer plus d'Africains dans l'agriculture afin
d'éviter de dépendre davantage de l'extérieur. Il faut éviter de confier son
ventre aux autres quand on a la capacité et les conditions pour produire», a
conseillé Mohamed KAGNASSY, expert en développement rural.
Par Abdoulaye OUATTARA
Afrikinfos-mali