En recevant récemment sa majorité présidentielle, le président de la République Ibrahim Boubacar Kéïta n’a pas caché sa déception. Il voulait, a-t-il dit, des partisans plus présents, plus offensifs pour défendre son action à la tête de l’Etat.
Pour donner une réponse favorable à cette interpellation présidentielle, le président de l’Union pour la démocratie et le développement (Udd), membre de la Coordination des partis politiques de la majorité présidentielle (Cmp) et non moins ministre des Domaines de l’Etat, des Affaires foncières et du Patrimoine, Tiéman Hubert Coulibaly, au lieu de travailler à fortifier cette majorité présidentielle existante, vient de lancer une Alliance composée de 15 partis politiques tirés des cheveux et d’un certain nombre d’associations pour, disent-ils, soutenir le président IBK. Du coup, le ministre Tiéman devient le président d’une coalition à l’intérieur d’une majorité présidentielle dirigée par Dr. Boulkassoum Haïdara. Deux commandants au bord d’un même bateau pour une même action : soutenir le président IBK.
Composée de micros partis politiques et d’associations à capacité faible mobilisatrice, l’Alliance des Forces démocratiques pour le Mali (FDM) présidée par le ministre Tiéman Hubert Coulibaly se veut désormais le noyau d’une majorité présidentielle forte, dynamique, prête à descendre sur le terrain. Il s’agit essentiellement des partis comme URP, RJPM, PAR, PSR, RCD, PDP, AMAT, PDJ, PSD, BARICA, ASS, MDD, UDD, ADS, URP… En tout cas, pour être plus efficace, l’Alliance naissante veut rapidement se transformer en un grand parti politique. «Nous allons constituer un grand parti politique, parce qu’aujourd’hui, nos appareils, pris séparément, ne peuvent plus relever les défis du moment, à savoir le redressement du Mali, la reconquête de notre unité, la stabilité et la paix sur l’ensemble du territoire, à commencer par le Nord», confirme le ministre Coulibaly.
Et d’ajouter : «Dès la semaine prochaine, les cadres politiques seront sur le terrain, dans les communes, pour remobiliser tous nos militants, tous nos leaders d’opinions à travers le pays, autour du président pour que le léger doute qui, à un moment, a semblé faire un chemin au sein de l’opinion, nous puissions l’arrêter».
En tout cas, au lendemain du lancement de cette Alliance, les avis sont plus que jamais divergents quant à la nécessité de sa création et les motivations de ses initiateurs. En effet, appartenant déjà à une majorité qui n’a d’autre ambition que de soutenir le président IBK, malgré sa lourdeur dans les actions décriée par IBK lui-même le 20 novembre dernier à Koulouba, que peut bien cacher la démarche de Tiéman ? Certainement pour déséquilibrer ou affaiblir la Coordination des partis politiques de la majorité présidentielle, qui a d’ailleurs effectué sa rentrée politique le 15 novembre dernier au CICB et qui affiche la même ambition. Ou encore, Tiéman veut-il se démarquer de ses autres camarades de la CMP pour apporter sa touche particulière dans le soutien des actions du président IBK ? Le ministre Tiéman aurait pu travailler à fortifier la CMP, au lieu d’aller en rangs dispersés.
Du côté de la famille politique d’IBK, le Rassemblement pour le Mali (RPM), qui fustige le fait que le ministre des Domaines de l’Etat, des Affaires foncières et du Patrimoine, Tiéman Hubert Coulibaly, veut faire le distinguo dans la famille présidentielle, la nouvelle a fait l’effet d’une douche écossaise. Ce qui sous-entend que la mise en place de cette coalition annonce déjà une querelle de chapelles au sein de la Coordination des partis de la majorité présidentielle, dirigée par Dr. Boulkassoum Haïdara.
Avec 15 micros partis politiques et d’associations, la création de l’Alliance des forces démocratiques pour le Mali (AFDM) est un coup dur à la famille politique du président IBK en perte totale de vitesse face à une opposition déterminée.
Zakariyaou Fomba