La MINUSMA en mission de la France ?
Interroger sur les accusations que fait la population malienne sur la présence de la MINUSMA au Mali, M. Annadif ne donne pas tort à la population. Il dit avoir compris ces accusations. Car, « lorsqu’on est plongé dans le calvaire, tout ce que nous voyons c’est cette situation que nous vivons ». Le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies reconnait toute la complexité de la situation malienne, mais rappelle que la MINUSMA est là en appui au gouvernement. À l’en croire, les populations prises en otage par les ennemis de la paix savent qui sont ces hommes qui mettent leur liberté dans les fers. Les populations ne peuvent pas les dénoncer de peur de perdre leurs vies, reconnait M. Annadif. Selon lui, ces ennemis sont des « virus ».
Qu’en est-il du Chapitre 7 des Nations unies ?
S’agissant des accusations faisant croire que la MINUSMA n’est jamais dans l’offensive pendant que les civiles qu’elle doit protéger sont tués, le chef de la MINUSMA indique que sous le chapitre 7, il peut avoir une Mission d’imposition de la paix comme il peut y avoir une Mission de maintien de la paix. La première peut permettre le combat, l’offensive, alors que la seconde vise à maintenir la paix à travers des accords. Pour ce faire, elle doit être neutre. Elle ne doit jamais utiliser la force, sauf si c’est la légitime défense. À ses dires, la MINUSMA est une mission de maintien de la paix. « Nous sommes bien sous le chapitre7 », mais celui-ci n’autorise pas toujours à aller provoquer une guerre, mais à être sur la défensive.
Le G5 Sahel, un acte politique salutaire
Le G5 Sahel est un acte politique majeur à saluer, selon M. Annadif, mais le fait que cette force manque de moyens pour réussir sa mission est incompréhensible. Selon Annadif, il s’agit d’une question de volonté. Aux dires du Représentant spécial des Nations Unies, la situation au Sahel dans la bande sahélo-saharienne doit interpeler tout le monde. À l’en croire, 60 millions d’armes circulent dans cette zone. « C’est un arsenal à ciel ouvert », déplore-t-il. Les Africains doivent prendre leur responsabilité en main, a-t-il recommandé.
Gestion de la crise malienne
Sur la question de la présence d’une crise identitaire au Mali, M. Annadif a recommandé qu’il soit nécessaire d’avoir un débat autour de cette crise au Mali, notamment au nord ainsi qu’au centre du Mali. Les intellectuels maliens doivent s’y atteler en débattant sur cette situation, en essayant de remonter à ses sources afin de mieux la comprendre et faire des propositions. Ce débat devrait être mené lors du Dialogue national inclusif, a-t-il estimé. Toutefois, il suggère : « Le Mali ne doit pas croire qu’il est le seul pays confronté à cette crise ». Beaucoup de pays sont passés par cette situation.
Se prononçant sur les remous autour de la présence des forces étrangères, cette contestation ne vient pas de la majorité des Maliens, explique Annadif. Les habitants des localités en crise n’ont pas les mêmes lectures de cette présence que ceux de Bamako.
TOGOLA
Source: Journal le Pays- Mali