Fer de lance de tous les changements démocratiques en Afrique, la jeunesse reste toujours confrontée aux pires maux de la société. Analphabétisme, chômage, sous-emploi, précarité, immigration clandestine, terrorisme, marginalisation… sont autant de mauvais traitements qui lui sont réservés par les pouvoirs. Pourtant, ce ne sont pas les programmes et les initiatives visant un sursaut de la jeunesse qui manquent. Mais très souvent, ces projets sont élaborés sans les principaux acteurs, ce qui réduit considérablement leurs chances d’aboutir. Pourtant, cette situation peut être changée. En effet, soutenus par des bonnes volontés, en particulier les femmes africaines qui les accompagnent dans leur lutte pour le changement, les jeunes du continent doivent davantage prendre leur destin en main.
C’est un secret de polichinelle : la jeunesse africaine est le maillon faible de la chaîne du développement en Afrique. Tout le temps utilisée par les politiciens notamment pour réaliser leur désir d’accession au pouvoir, elle demeure le ventre mou des grands changements intervenus dans le continent. Ainsi, malgré les richesses naturelles dont regorge le sous-sol de certains pays, la pauvreté et le chômage frappent en grande partie les jeunes et les femmes, bien qu’ils soient la composante majoritaire de la population. Pourtant, il suffit qu’ils expriment leur ras-le-bol pour que la situation change soit en plus d’opportunités et d’ouverture, soit en pires répressions. Pour cela, il n’y a qu’à voir comment ce qui est convenu d’appeler le « printemps noir » qui s’est propagé avec des transformations réelles sur la société. C’est notamment le cas du Sénégal avec le mouvement « Y en a marre », le Burkina Faso avec le « balai citoyen » le Burundi avec le «Mouvement citoyen NON au troisième mandat de Pierre Nkurunziza », pour ne citer que ceux-là. Même s’ils ont donc été à la base des mutations que ces pays ont connues ou qui sont en cours, les jeunes restent toujours marginalisés. Une situation qui les pousse à braver la mer Méditerranée, le désert, ou d’accepter de se faire enrôler dans les mouvements extrémistes ou milices armées à la quête d’une meilleure condition de vie. On se souvient que dans une enquête réalisée en 2011 par la Banque mondiale, il a été démontré qu’environ 40 % de ceux qui rejoignent des mouvements rebelles se disent motivés par le manque d’emplois ou de moyens de survie en général. Pour autant, les thérapies mises en place pour inverser cette tendance ne se sont toujours pas montrées efficaces.
Pourquoi avoir peur d’un sursaut réel des jeunes en Afrique ?
Selon des statistiques, l’Afrique a la population la plus jeune au monde. Plus de 200 millions d’habitants sont dans la tranche d’âge de 15 à 24 ans. Un chiffre qui pourrait doubler, voire tripler dans les 30 années à venir. Paradoxalement, c’est dans ce continent où certains pays ont un taux de croissance très rapide que l’on trouve le plus fort taux de chômage. Une situation qui touche en grande partie les jeunes. Alors que lors de leur réunion à Addis-Abeba (Ethiopie) en 2009, tous les dirigeants du continent avaient pris des engagements à travers la «Décennie de la jeunesse africaine » (2009-2018) pour mobiliser les ressources nécessaires afin de lutter efficacement aussi bien contre le chômage que le sous-emploi. Si dans certains pays, ces engagements ont été concrétisés, pour la majorité d’entre eux, beaucoup de choses restent à faire. Le secteur agricole qui mobilise une partie importante de la population africaine ne motive plus les jeunes en raison de la modicité des moyens mis à leur disposition. Un exode rural qui n’a fait qu’accentuer le taux de chômage. Dans leur quête d’un emploi formel, les jeunes se heurtent très souvent à certaines difficultés au nombre desquelles il y a le manque d’expérience. Même une fois insérés, ils sont les premiers à être remerciés en cas de difficultés économiques.
Des pistes de solution à explorer sérieusement
C’est dans ce contexte que de nombreuses idées ont été proposées en vue de créer des opportunités réelles pour les jeunes Africains désireux d’améliorer les conditions de vie de la population en général et leurs conditions de vie en particulier. Parmi celles-ci, il y en a une qui doit retenir une attention très particulière. C’est la proposition faite par l’homme de terrain, chef d’organisation ayant mission de développement local ou décentralisé, l’économiste Emmanuel Batururimi, pour la création d’un collectif dénommé l’«Association des Jeunes Ambassadeurs de la Paix » (AJAP). Il s’agit, si l’idée est acceptée, d’une association inter pays permettant une plus grande implication des jeunes et leur auto-appropriation en douceur de la gouvernance de leur pays. Elle aura pour mission de s’occuper de l’éducation civique, électorale, en gouvernance et en entrepreneuriat au pluriel. Les fonds mis à sa disposition serviront à financer les projets jeunes à travers une institution africaine qui se spécialisera en micro finance.
Actions à mener pour la concrétisation de l’initiative
Parmi les actions à poser pour la naissance et le fonctionnement de cette structure, il y a entre autres : Obtenir l’adhésion à l’idée d’un pool d’associations des pays intéressées ; Faire agréer l’AJAP et obtenir le statut d’association d’utilité publique au niveau pays et d’accord de siège de l’organisation fédérée. En effet, les différentes AJAP auront un statut régional ou international avec une autonomie de mobilisation et de gestion des ressources financières; Obtenir du gouvernement une contribution financière correspondant à un pourcentage sur les recettes d’exploitation des ressources naturelles ou une autre source permanente de financement votée à l’Assemblée législative ; Fédérer les AJAP de chaque pays et approcher la Banque Africaine de Développement pour créer une Branche de Micro finance destinée à financer les projets jeunes. Le capital initial sera constitué par les cotisations des associations fondatrices, les mises de fonds de capitalisation à la BAD et des aides bilatérales et multilatérales mobilisées ; Trouver un bailleur pour le montage du projet à présenter à la prochaine Assemblée Générale des Nations-Unies ; Lancer un appel de fonds auprès des jeunes du monde entier pour une contribution de plus ou moins 5 dollars américains par jeune intéressé. Cette dernière contribution sera placée dans un compte Fiducie et débloquée annuellement, après délibération du Conseil d’administration sur la destination/affectations, pour approvisionner le compte à la BAD ; Identifier les institutions solides de micro finance qui assureront le renforcement des capacités, en particulier dans le montage des micros-institutions locales de financement ou des affiliations aux banques locales et par la formation.
Le couple jeunes-femmes
Parmi les groupes marginalisés dans les sociétés africaines, il faut mentionner les jeunes et les femmes et les deux sont en quête d’autonomie. Les premiers sont animés de bonne volonté, disposent des idées mais manquent d’expérience. Les secondes sont privées d’opportunités en termes d’équité dans l’accès à la gestion de la chose publique et à la propriété foncière notamment.
Trop c’est trop, quand la vie devient intenable, ils craquent et se révoltent, subissant la répression souvent sanglante sous le regard attentif des futurs bénéficiaires des fruits de la révolution.
C’est pourquoi il leur faut un autre mode d’organisation qui leur donne un pouvoir de contrôle de leur destinée, soit un pouvoir économique, contrepoids du pouvoir politique. Il est temps de disposer d’une autonomie économique pour avoir le courage de dire non à leur instrumentalisation par les politiciens et même de contrôler les programmes politiques des élus.
Nous nous permettons ici de faire appel aux femmes pour se joindre à l’initiative en tant que premières impliquées dans les activités économiques en Afrique et premières responsables dans la gestion des ménages. Elles devraient influer dans la micro économie ou les activités dans les communautés rurales et semi-urbaines sans se désintéresser des activités urbaines d’emplois massifs. Elles impliqueraient les jeunes en développant leur compétence. Tandis que le pouvoir devrait se spécialiser dans les équipements et les infrastructures.
Partant, pourquoi ne pas solliciter les nombreuses femmes africaines dont les mérites ont été reconnus par l’octroi des prix d’excellence dans la lutte pour la promotion des conditions de l’enfance et de la femme. C‘est le cas récent de la Burundaise Madame Marguerite Barankitse de la maison Shalom, dite Maggy.
Dans la création et l’opérationnalisation de l’Institution de Micro finance affiliée à la BAD et outil de l’AJAP pour atteindre ses objectifs, l’implication des 10 femmes les plus puissantes du continent africain dans la capitalisation de l’institution de micro finance, est jugée nécessaire et stratégique. Classées par la Journaliste Sabine Cessou, ces femmes se distinguent en politique, dans les affaires, la réflexion stratégique ou la mode. Elles viennent le plus souvent d’Afrique anglophone, à l’exception notable d’Isabel Dos Santos, fille du Président angolais, et Adama Paris Ndiaye, qui porte haut le drapeau du Sénégal. Ci-après une présentation indicative de leur parcours : la Sud-africaine, Nkosazana Dlamini-Zuma, présidente de la Commission de l’Union Africaine (UA) depuis 2012 ; le Prix Nobel de la paix en 2011, Ellen Johnson Sirleaf, 76 ans, première femme présidente en Afrique, au Liberia ; la Rwandaise Louise Mushikiwabo, 57 ans, Ministre des Affaires étrangères et de la Coopération de son pays depuis 2009 ; la Nigériane Ngozi Okonjo-Iweala, 60 ans, ayant été Directrice Générale de la Banque mondiale entre 2007 et 2011 et Ministre des Finances de son pays ; Fille aînée du Président angolais José Eduardo dos Santos, Isabel dos Santos, est à 41 ans, la femme d’affaires la plus riche d’Afrique, avec une fortune estimée à 3,7 milliards de dollars, selon le magazine Forbes ; la Nigériane de 63 ans, Folorunsho Alakija, simple secrétaire devenue créatrice de mode puis milliardaire à la tête de la société pétrolière Famfa Oil. Avec sa griffe « Supreme Stiches », elle a longtemps habillé les femmes du pouvoir ; la Sud-africaine Bridgette Radebe, 54 ans, qui est l’une des femmes les plus riches de son pays, à la tête du groupe minier Mmakau Mining. Femme du ministre de la Justice Jeff Radebe et soeur du magnat minier Patrice Motsepe (une des plus grosses fortunes d’Afrique), elle est aussi la belle-sœur de Cyril Ramaphosa, grand capitaine d’industrie ; l’économiste zambienne Dambisa Moyo, 46 ans, a été formée à Oxford et Harvard. Elle a été classée en 2013 par le magazine Time parmi les 100 personnalités les plus influentes du monde. Son premier essai, L’aide fatale : Les ravages d’une aide inutile et de nouvelles solutions pour l’Afrique (Jean-Claude Lattès, 2009), prend le contrepied des idées reçues ; la Sud-africaine Ory Okolloh, 37 ans, Responsable de Google Africa depuis 2010, elle travaille au développement du potentiel africain sur Internet à Johannesburg. Diplômée de droit à Harvard, ancienne avocate et bloggeuse, elle a fait partie des collectifs qui ont monté le site Mzalendo (patriote en swahili) puis Ushahidi (témoin) ; la styliste sénégalaise Adama « Paris » Ndiaye, 36 ans, fille de diplomate ayant étudié l’économie à Paris-Dauphine, elle organise depuis 2002 des Black Fashion Weeks à Dakar, Paris, Bahia, Montréal et Prague. Ses défilés invitent des créateurs de toute l’Afrique, francophone comme anglophone.
Les institutions financières et organisations sous-régionales, régionales et internationales viendraient contribuer sous forme de dons ou de lignes de crédit remboursables à des conditions promotionnelles.
Que faire pour inverser la tendance ?
Après leur bataille pour l’ordre constitutionnel et les droits et libertés du citoyen, quel lendemain ?
Faut-il passer de la misère à la misère, vivre le statu quo sans pouvoir ni politique ni économique ?
Il est important de signaler que la Politique, ça s’apprend. On ne devient pas politicien parce qu’on le décide du jour au lendemain, il faut une préparation dans son mental, il faut avoir un programme de changer les choses et en avoir les moyens. Peut se constituer politicien soit un groupe de partisans (dans un parti politique) soit dans un cadre indépendant. En Afrique, rares sont des professionnels dans ce métier mais pire rares sont ceux qui se positionnent avec un programme de changement dans une compétitivité avec d’autres concurrents. Lors des campagnes électorales, des programmes, souvent irréalistes, sont formulés. Mais ils sont vite classés sans suite après la « victoire ». Or, la population n’est pas assez formée en démocratie pour exiger un programme de développement, tenant compte de la situation du pays et de la circonscription électorale.
Cet amateurisme politique n’accorde aucune place au citoyen en général et aux jeunes et femmes en particulier alors qu’ils sont majoritairement détenteurs du pouvoir. Nous avons voulu bonifier ce principe en proposant une voie qui donne un pouvoir économique au couple jeunes-femmes et de contrôle sur l’action des élus.
Le test va porter sur les pays, dans lesquels les jeunes et les femmes sont sortis manifester afin réclamer des changements : Tunisie, Sénégal, Burkina Faso et Burundi. Ce groupe peut s’élargir en ajoutant les pays qui marquent une forte volonté pour promouvoir le changement des conditions des jeunes à travers des programmes de jeunesse. C’est le cas du Tchad qui avait institué un fonds de génération. Ils pourront se manifester à la lecture du présent article.
L’économie : autant en politique il y a le pouvoir qui a gagné les élections et l’opposition pour réguler les ambitions belliqueuses du pouvoir (souvent pour satisfaire les intérêts de quelques groupes), autant il faut distinguer les niveaux macro et micro qui doivent aller dans une certaine harmonie pour plus de chance dans la recherche du développement. En effet, le gouvernement devrait jouer un rôle majeur dansles actions macroéconomiques (équipements et infrastructures) afin de faciliter les initiatives des citoyens en termes d’interventions microéconomiques. C’est ici la place des jeunes et des femmes au lendemain du combat pour l’ordre constitutionnel, l’amélioration des conditions de vie et le développement. Ce dernier prend naissance à la base.
Il convient de signaler que cette réflexion vise à mettre fin à la marginalisation économique et sociale des jeunes et des femmes qui les pousse à l’extrémisme violent ou à emprunter le chemin de la migration qui conduit souvent à des catastrophes humanitaires telles que les naufrages dans la mer Méditerranée.
Les attentes vis-à-vis du lecteur ?
Pour réagir et contribuer à cette réflexion, vous pouvez envoyer vos messages aux adresses suivantes : accountemail@yahoo.fr ou lindependant2003@yahoo.fr. Le lecteur pourra également manifester son intérêt à participer à une conférence de presse dont la date et le lieu seront communiqués par courriel. Les organisations et bailleurs de fonds sont sollicités pour contribuer financièrement au montage du programme, notamment pour organiser la conférence de presse et réunir les représentants des quatre pays ciblés en première ligne.
Source: independant