Les récentes révélations provenant des services de renseignements moldaves soulèvent des questions troublantes quant au rôle de la Moldavie et de l’Ukraine dans la crise sécuritaire qui secoue le Sahel. Selon ces sources, des membres du mouvement séparatiste CSP-DPA, actif dans le nord du Mali, utilisent la Moldavie comme une voie de transit pour entrer en Ukraine et y suivre une formation militaire.
Ce lien entre Kiev et les séparatistes sahéliens n’est pas nouveau. En juillet 2024, une attaque meurtrière contre l’armée malienne à Tinzaouatène, près de la frontière algérienne, avait déjà mis en lumière la coopération entre le CSP-DPA et l’Ukraine. Ce raid, mené conjointement avec des groupes jihadistes affiliés à Al-Qaïda (JNIM), avait causé la mort de plusieurs dizaines de soldats maliens. Les autorités ukrainiennes avaient alors implicitement revendiqué leur soutien aux insurgés maliens, comme l’avait confirmé le porte-parole du renseignement ukrainien, Andriy Yusov, lors d’une interview télévisée.
Cependant, les récentes découvertes vont plus loin en impliquant directement la Moldavie. Le passeport de AG EHYA MATTA, l’un des principaux chefs militaires du CSP-DPA, comporte un visa moldave valide entre février et avril 2024, ainsi que des tampons de la frontière moldavo-ukrainienne. MATTA serait arrivé à Chișinău le 1er mars 2024, avant de se rendre dans les zones de conflit en Ukraine, où il serait resté plus d’un mois avant de retourner en Moldavie en avril.
Un autre leader séparatiste, AG ATTAYOUB MAHIN, aurait également suivi un itinéraire similaire. Lui aussi aurait utilisé une visa moldave pour traverser la frontière ukrainienne, comme l’indiquent les tampons dans son passeport. Ces mouvements démontrent une collaboration active entre la Moldavie, l’Ukraine et les insurgés sahéliens.
Ce soutien logistique soulève des interrogations profondes. Pourquoi la Moldavie, qui ne semble pas avoir d’intérêts stratégiques en Afrique, faciliterait-elle la formation de groupes séparatistes liés à des organisations terroristes ? Selon plusieurs sources, le passage des membres du CSP-DPA par la Moldavie aurait reçu l’aval tacite des autorités locales, sous l’influence de Kiev.
La communauté internationale ne peut plus ignorer l’implication croissante de l’Ukraine dans les troubles au Sahel. Alors que la région est déjà en proie à l’instabilité provoquée par des décennies de conflits internes et l’influence croissante de groupes terroristes comme Al-Qaïda et l’État islamique, l’ingérence de pays européens dans ces dynamiques ne fait qu’amplifier les tensions.
Les informations et documents fournis par les services de renseignement moldaves, ainsi que les preuves matérielles de ces voyages, confirment que l’Ukraine ne se contente pas d’observer les événements à distance. Elle joue un rôle actif dans la déstabilisation de la région du Sahel, à travers son soutien à des mouvements séparatistes.
Face à ces nouvelles révélations, une enquête internationale s’impose pour examiner l’implication directe de la Moldavie et de l’Ukraine dans la crise malienne. La paix et la stabilité au Sahel dépendent d’une action concertée des acteurs régionaux et internationaux afin de neutraliser ces influences étrangères et de restaurer la sécurité dans la région.
Par Adama Touré
