Le rapport, de la mission d’enquête spéciale de la Minusma et du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, sur l’attaque meurtrière, le premier jour de l’an, à Koulogon-Peul, dans la région de Mopti, fait froid dans le dos. Selon le document, « le 1er janvier 2019, une centaine d’individus armés, identifiés comme des chasseurs traditionnels (dozos), et appuyés par d’autres individus venant des villages avoisinants, ont mené une attaque planifiée, organisée et coordonnée à l’encontre de la population peule du village de Koulogon Peul ».
Au cours de l’attaque, les dozos ont sommairement exécutés 36 civils, tous membres de la communauté peule, dont une femme et quatre enfants (deux filles et deux garçons), au moyen de fusils de chasse et d’armes automatiques et semi-automatiques. « Huit des 36 victimes ont d’abord été exécutées puis brûlées dans leurs cases. Trois corps ont été mutilés. Au cours de cette attaque, neuf personnes ont été blessées, parmi lesquelles une femme très âgée qui a succombé à ses blessures, le 14 janvier. Un assaillant a également perdu la vie au cours de l’attaque. De plus, quelques 173 cases et 59 des 61 greniers, ont été volontairement incendiés ou pillés, privant ainsi les survivants de l’attaque des denrées indispensables à leur survie. Les deux seuls greniers restant ne pouvant nourrir que 62 familles du village pendant 15 jours. »
Tels sont les détails de l’horreur, qui s’est produit le premier jour de l’année à Koulogon-Peul, selon la mission d’enquête spéciale des Nations Unies. En un mois, entre novembre et décembre 2018, la mission onusienne au Mali a recensé au moins 15 autres attaques dans le seul cercle de Bankass, toutes visant des membres des communautés dogon et peule. A partir de quel instant précis une société bascule-t-elle dans un tel abime? Peut-on tomber plus bas que ça au Mali ? Aurions-nous perdu notre humanité ? Les communiqués laconiques et les effets d’annonce ne suffisent plus face à la dimension volcanique de la situation sécuritaire dans le centre! Il faut agir très vite ! L’Etat malien, garant de la sécurité des Maliens et qui n’a pu anticiper l’horreur dans le centre, doit faire toute la lumière sur ces tueries. Les responsables de ces massacres doivent impérativement répondre de leurs actes et les milices armées doivent être désarmées. Il y va de la survie des communautés du centre qui ne demandent qu’à vivre en paix.
Madiassa Kaba Diakité
Source: Le Républicain