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Insécurité au Mali : Bamako bascule à son tour dans la violence

Si la capitale malienne échappe dans une moindre mesure aux actes terroristes, une ambiance de gangstérisme y règne. Depuis l’assassinat de l’imam Abdoulaziz Yattabaré sur le chemin de sa mosquée, plus un jour ne passe sans drame à Bamako. On pourrait y voir une signature de la « voyoucratie », cette horde de brigands à la solde des puissants réseaux, mais le pourrissement de la situation sécuritaire là où siège le pouvoir est une conséquence indirecte du délitement de l’Etat central.

La réunion de crise tenue hier au sein du ministère en charge de la sécurité intérieure n’y fera rien : le banditisme cessera de prospérer lorsque les dépositaires de la force publique se ressaisiront. A défaut, c’est la rue qui prendra le dessus avec des rassemblements du genre qui a lancé un appel pour l’application de la peine de mort samedi dernier (26 janvier). Et les associations musulmanes qui ont fait cette demande ne plaisantent.

Les tueries et les enlèvements de personnes, c’était toujours ailleurs, au nord et au centre du pays singulièrement. Pour la première fois, un ressortissant slovaque a été enlevé à Bamako. C’est une première de mémoire de Bamakois, les enlèvements qui surviennent fréquemment depuis 2003 ayant eu lieu loin de Bamako.

Les causes du basculement de Bamako dans le désordre sécuritaire se situent à plusieurs niveaux dont l’inadaptation des méthodes utilisées par les forces de sécurité. Au lieu de contrôler et sécuriser les citoyens, les policiers qui vont sur le terrain sont accusés régulièrement de vouloir faire le plein de leurs poches. Le public retient l’image du policier racketeur plutôt que celle de l’agent de l’Etat qui doit le rassurer.

Le drame est que le ministère de la Sécurité ne fait pas assez pour briser le mur de méfiance entre les citoyens et les forces de Sécurité. On se souvient de ces appels à l’endroit des citoyens pour collaborer avec les forces de sécurité, chaque fois qu’un drame a été infligé à la nation par les terroristes. Mais rarement on a entendu un membre du gouvernement inviter les policiers et les civils à mettre fin aux préjugés de part et d’autre.

En effet, il y a des policiers et des gendarmes qui forcent l’admiration du public par leur comportement de tous les jours. Ils sont connus de certains civils qui voient en eux des héros auxquels ils se confient, et l’idéal est que leurs exemples soient publiquement reconnus. Les vidéos sur « les policiers propres » qui ont circulé sur les réseaux sociaux ne suffisent pas. Il est temps que le Général Salif Traoré amène les policiers à éduquer les citoyens fautifs d’infractions mineures d’inattention ou relevant de la méconnaissance des règles.

La justice aussi est pointée du doigt dans le pourrissement de la situation sécuritaire, à en croire les reproches des citoyens. Pour beaucoup de Maliens, mieux vaut compter sur la justice populaire plutôt que celle des magistrats. Avec des prisons surpeuplées, la justice se bat comme elle peut sans donner satisfaction aux populations dont une partie a fini par réclamer l’application de la peine de mort.

C’est la résurrection d’un vieux débat qui a fait couler beaucoup d’encres et de salives au moment du déclenchement du moratoire sur la peine de mort sous le président Konaré. Ceux qui s’opposaient au moratoire ont eu l’occasion de reprendre le combat face à un gouvernement dépassé par six ans de disfonctionnements sécuritaires. Et de défis judiciaires: des auteurs de graves crimes ne sont pas encore jugés.

Soumaila T. Diarra

Source: Le Républicain

 

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