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L’œil De Le Matin : Le Liberia, ce miroir dont l’Afrique doit être fière

Quand l’ancien président George Weah rend visite à l’ancienne présidente Ellen Johnson Sirleaf (la Maman de la nation) !

Même si ses effets se font physiquement sentir, le poids de l’âge (bientôt 87 ans) ne semble avoir nullement affecté chez Johnson Sirleaf (présidente de la République du 16 janvier 2006 au 22 janvier 2018) cette volonté déconcertante et cette farouche détermination à ne céder à aucun défi. Des qualités, des vertus, des principes qui ont permis à la première femme élue au suffrage universel à la tête d’un État africain de courageusement exorciser les démons de la guerre civile en hissant le Libéria sur la voie de la rédemption, de la réconciliation avec lui-même pour faire face à son développement.

Ce qui n’est pas surprenant de la part d’une femme leader qui ne cesse de rappeler à la nouvelle génération de Libériens et d’Africains que, «la grandeur de vos rêves doit toujours dépasser votre capacité actuelle à les réaliser. Si vos rêves ne vous effraient pas, c’est qu’ils ne sont pas grands» ! Le flambeau passé ensuite à Mister George (bientôt 59 ans) n’a pas vacillé entre les mains du redoutable attaquant et «Ballon d’or» (récompensant le meilleur joueur évoluant en Europe) de 1995. Du 22 janvier 2018 au 22 janvier 2024, il a merveilleusement apporté sa pierre à l’édifice en instaurant une gouvernance autant vertueuse que possible tout en mettant le cœur à la réconciliation des Libériens. Élue en 2017, la star du foot avait promis de réparer son pays mille fois brisé et d’endiguer la pauvreté. Un défi colossal face auquel il a fait de son mieux sans jamais baisser les bras.

Ce n’est pas surprenant que l’image fasse le buzz sur les réseaux sociaux et dans les médias. Comme l’a souligné un observateur, c’est «l’attrait, la beauté de la démocratie chez les autres». C’est aussi tout un symbole dans un pays dont l’existence a été récemment menacée par une atroce guerre civile. Un pays ravagé par des années d’affrontements violents entre les milices de différents camps… Entre 1989 et 2003, le Libéria a été confronté à la dure réalité de la guerre civile avec ses conséquences dévastatrices. On a déploré la mort d’au moins 250 000 personnes et le déplacement de millions d’autres. Ces conflits ont profondément marqué le pays, entraînant des crises humanitaires, des destructions massives et des traumatismes durables.

Mais, à un moment décisif de l’histoire, les Libériens sans distinction aucune (soutenus par la communauté internationale) ont décidé d’opter pour une voie démocratique centrée sur l’unité et le sursaut national. Le leadership d’Ellen Johnson Sirleaf et de Mister George y ont énormément contribué parce qu’ils n’ont rien tenté pour s’accrocher au pouvoir au risque de provoquer des crises post-électorales pouvant nourrir les vieux démons de la division, donc des affrontements aux conséquences désormais connues cas jadis vécues. Une véritable tragédie dont les stigmates mettront du temps à disparaître. Mais, les Libériens sont déterminés à tourner la page. Et c’est le plus important ! En effet, comme le dit l’acte constitutif de l’Organisation des Nations unies pour l’Éducation, la Science et la Culture (UNESCO), «les guerres prenant naissance dans l’esprit des hommes, c’est dans l’esprit des hommes que doivent être élevées les défenses de la paix» !

Voir ces deux anciens présidents se rendre visite et arpenter paisiblement une rue de Monrovia est le symbole d’une conscience plus que tranquille, du devoir accompli autant que faire se peut. Ils n’ont pas convoiter le pouvoir par mégalomanie, mais parce qu’ils avaient conscience qu’ils avaient quelque chose à offrir au pays, au peuple. Et ils ont gouverné au nom et pour le peuple en prenant soin de ne pas être des otages des clans de cols blancs toujours en embuscade dans les allées du pouvoir en quête de magouille et de compromission. Au même moment, beaucoup de nos anciens présidents rasent les murs, sont en prison (Mauritanie) ou en exil parce qu’ils se sont laissés piéger par le chant de ses sirènes.

Cette image nous renvoie aussi loin de celle de cette Afrique qui se transforme en «empire avec des octogénaires ou des quasi centenaires» qui se «cramponnent au pouvoir ad vitam æternam (pour toujours ou indéfiniment)» sans aucune perspective que de déclencher des guerres de succession se soldant par des pertes d’énergie et de richesses. Grâce à des hommes et des femmes qui ont réellement compris le sens de la démocratie, le Liberia a enregistré sa 2ᵉ alternance démocratique pendant que le Cameroun, le Congo-Brazza, la Côte d’Ivoire… s’enfoncent dans une monarchie dynastique qui ne dit pas son nom. Et, malheureusement, la Guinée-Bissau et les pays de l’Alliance des États du Sahel (AES) sont tentés aujourd’hui de leur emboîter le pas en fermant la porte aux élections jusqu’à… nouvel ordre !

Moussa Bolly

Source : Le Matin
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