Après avoir envahi nos villes, les sachets plastiques polluent nos campagnes et s’immiscent dangereusement dans les cuisines.
Les emballages végétaux sains et non polluants peuvent-ils résister ?
Les sachets en polyéthylène s’accumulent dans les rues et les tas d’ordures. Ils rendent les villes insalubres car ils bouchent les caniveaux, participant ainsi à l’inondation de certains quartiers.
Le comble, c’est qu’ils ne pourrissent pas ! Il est toutefois difficile de chiffrer les quantités d’emballages synthétiques utilisés.
Après avoir conquis les villes, les voici qui envahissent les campagnes. « Si la tendance actuelle perdure, c’est l’agriculture elle-même qui sera affectée. Les plantes ne peuvent pas pousser sur un terrain occupé par des sachets synthétiques. Ceux-ci empêchent les racines de pénétrer dans le sol », avertit un ingénieur agronome. Pire, la présence de ces déchets rend encore plus difficile la fabrication du compost.
Un danger dans la cuisine
L’huile rouge et l’huile d’arachide se vendent dans des sachets plastiques.
La liste des produits alimentaires qui ont désormais épousé le synthétique au détriment du végétal ne cesse de s’allonger.
La plupart des consommateurs se félicitent de ses qualités : bonne résistance physique, longue durée de vie et disponibilité en toutes saisons.
« Les sachets en plastique sont vraiment pratiques. Heureusement qu’ils existent ! », se réjouit une femme rencontrée au marché.
Très peu de gens sont conscients de leur danger. Le problème est d’autant plus sérieux que les femmes font cuire certains aliments à la vapeur dans leurs emballages plastique, alors que ceux-ci peuvent libérer à chaud des substances toxiques.
Pour allumer le feu et faire la cuisine, bien des femmes mettent aussi un morceau de sachet dans le charbon de bois ignorant que la fumée ainsi dégagée est très dangereuse pour leurs poumons.
Pourtant, le Mali dispose d’immenses potentialités en matière d’emballages naturels. Ils sont pour la plupart issus de produits végétaux ou de résidus de produits de récolte. Ils servent dans le transport, la distribution, la conservation et la promotion des produits de récolte ou des aliments.
Certains de ces emballages végétaux sont cultivés, les autres sont simplement cueillis dans la brousse ou dans les bas-fonds. Ils sont surtout utilisés dans le secteur artisanal agro-alimentaire pour conditionner des produits comme les différentes pâtes de maïs, la moutarde de graines de néré, les poissons fumés, frits ou séchés, les beignets, les légumes cuits ou la viande. La feuille de papayer qui sert à envelopper la viande permet de l’attendrir grâce à une enzyme qu’elle secrète, la papaïne.
Certains reprochent aux emballages naturels de ne pas remplir toutes les conditions d’hygiène nécessaires. « Mais savez-vous dans quelle condition on fabrique les sachets synthétiques ? Nous au moins on brûle la feuille de bananier, avant de l’utiliser », oppose une vendeuse au marché. En vérité, le problème d’hygiène n’est pas spécifique aux emballages « verts ».
Mais les feuilles souffrent d’un handicap majeur : elles ne sont pas disponibles toute l’année. Leur conservation reste la préoccupation majeure des femmes qui les commercialisent ou qui s’en servent.
Les feuilles ne peuvent se conserver au-delà de dix jours. « A l’étape actuelle, on ne peut pas prétendre remplacer les sachets synthétiques par des feuilles. Ce n’est pas du tout réaliste », soutient cette paysanne. Ce qu’il faudrait faire, alors c’est limiter la consommation des sachets synthétiques par une politique fiscale conséquente et promouvoir en même temps la production et la conservation des emballages naturels.
Malick Camara