Le putsch du 22 mars 2012 a entrainé la suspension de la quasi-totalité de l’aide publique au développement, excepté l’aide d’urgence et l’aide directe à la population. La situation humanitaire dans notre pays déjà précaire avant la crise s’est davantage fragilisée. Quant à notre économie, malgré de nombreuses pertes dans le secteur privé et public, elle a bien résisté à la conjoncture et a atteint un taux de croissance de 5% en 2012. Les perspectives pour 2013 sont toutes aussi bonnes.
Une révision de la loi des finances a été effectuée : selon la loi des finances rectifiée 2012, les ressources de l’Etat ont diminué de 30% et les dépenses globales de 33%. Dans ce budget, le gouvernement a maintenu les dépenses courantes et diminué les dépenses en capital. La crise a également provoqué une contraction de l’activité économique ayant conduit le Mali à une récession avec un taux de croissance révisé de -1,2% selon le Fonds Monétaire International (contre 4,3% en 2011).
Le déficit des opérations courantes (dons compris) s’est légèrement contracté de 3,3% du PIB à cause de la forte augmentation des exportations d’or et de coton et des transferts des revenus des travailleurs migrants. Le compte de capital et des opérations financières s’est détériorés en raison de la forte baisse de l’aide extérieure et des investissements directs étrangers. Ainsi, le déficit global de la balance des paiements est estimé à 49 milliards de F CFA. Le dispositif du pool commun (régional) de devises participe néanmoins de la résilience du Mali face aux chocs externes sur la balance des paiements. S’agissant de la masse monétaire, elle a cru de 15%, sous la progression de l’utilisation par l’Etat de ses dépôts pour financer le déficit budgétaire. Les crédits à l’économie n’ont progressé que de 5% compte tenu de la récession dans les secteurs secondaire et tertiaire. Malgré la récession, l’activité du secteur bancaire est restée stable en 2012. Le niveau des pertes dans les banques du Nord (estimé à 18 milliards de F CFA liés à des pertes d’encaisse et des crédits impayés) a été relativement payé. La qualité du portefeuille des banques s’est quant à elle davantage dégradée, reflétant les impacts de la conjoncture économique et les tensions de trésorerie de l’Etat.
Le taux d’inflation s’élève à 5,3% (contre 3,5% en 2011) du fait de la hausse des prix des produits alimentaires et pétroliers. Ainsi, on peut noter, entres autres : la fermeture de beaucoup d’établissements hôteliers et touristiques, et autres structures du tertiaire, le ralentissement des activités du secteur secondaire en particulier du BTP et des industries et la diminution des investissements directs étrangers.
La pauvreté a connu une augmentation d’un point de pourcentage, passant de 41,7% en 2011 à 42,7% en 2012. Ceci pourrait s’expliquer par la mauvaise production agricole (insécurité alimentaire), la perturbation des échanges commerciaux et le faible niveau des investissements notamment publics. Le taux d’inflation moyen en 2012 atteindrait 5,3% du fait de la hausse des prix des produits alimentaires et pétroliers avec comme conséquence la diminution du pouvoir d’achat des populations.
La capacité de résilience du Mali fortement affaibli
Les chocs alimentaires (dus à la recherche de 2011), sécuritaires et politiques ont ébranlé l’économie malienne en 2012 l’entrainant ainsi dans une récession, mais l’impact négatif de la situation d’instabilité politique sur l’activité économique a été atténué par la performance des secteurs agricole en 2012 et aurifère. L’économie est aussi marquée par une résilience appréciable du cadre macroéconomique. La mauvaise campagne agricole en 2011 a engendré une hausse des prix des produits alimentaires qui a poussé l’inflation à 5,3% en moyenne annuelle en 2012, contre une norme communautaire de 3%.
Au plan budgétaire, (en 2012) le gouvernement a opéré très rapidement une régulation des dépenses pour les maintenir à un niveau compatible avec ses recettes et ses avoirs de trésorerie. Ce faisant, le gouvernement s’est efforcé de donner la priorité au paiement des salaires, des pensions, des bourses des étudiants, et des dépenses de l’armée et des forces de sécurité, et, dans la mesure du possible, des dépenses prioritaires dans les secteurs de l’éducation, la santé et la protection sociale.
Cependant, le secteur d’investissement public serait le plus durement affecté avec une baisse de 60% en termes réels. Ainsi, la réduction des dépenses d’investissement surtout combiné avec l’amélioration du recouvrement a permis de contenir le déficit budgétaire (base caisse, dons inclus) à un peu moins de 70 milliards de F CFA (1,3% du PIB). Ce résultat a été obtenu grâce aux efforts de recouvrement exceptionnel des services de recettes, à une augmentation de la fiscalité sur les produits pétroliers et à la réduction des subventions à la consommation de gaz butane et au prix de coupes dans les dépenses d’investissement et de l’accumulation d’arriérés extérieurs et intérieurs, quoi que de façon limitée, fin 2012. Là également, l’appartenance du Mali au sein des instances régionales a été un facteur de résilience, notamment du fait du renouvellement des bons du trésor venus à échéances en 2012, ce en accord avec la BCEAO et les banques commerciales.
Les mesures de compression des dépenses indiquent que la viabilité des opérations financières reste l’un des axes majeurs de la stratégie gouvernementale en matière de réformes économiques et financières. La politique de l’Etat en la matière, vise l’assainissement des finances publiques par la maitrise de l’ensemble des dépenses courantes et l’élargissement de la base de l’assiette fiscale. Après une contraction de l’activité économique de 1,2% en 2012, l’économie devrait connaitre une reprise en 2013 et en 2014. Globalement, le PIB réel devrait s’accroitre de 4,8% en 2013 en raison d’un retour à la normale dans le sud du pays et de la reprise progressive des projets financés par les PTF. L’inflation pourrait baisser en dessous de 3% en 2013 suite à la bonne campagne agricole 2012-2013.
Pallier aux urgences humanitaires
Les évènements ont entrainé un important mouvement de personnes déplacées à l’intérieur du Mali mais aussi des personnes réfugiées dans les pays voisins. Satisfaire les besoins desdites populations exige des ressources financières considérables. De même, les droits humains sont constamment violés notamment ceux des femmes et des enfants. Dans ces régions, la disponibilité et la qualité des services sociaux de base (éducation, santé, eau et assainissement,…) ont été affectées. En effet, plus de 90% des centres de santé dans ces régions ont fermé. Il en est de même pour l’accès à l’éducation, les établissements ayant pour la plupart fermé leurs portes. La crise a aussi occasionné une destruction du patrimoine culturel national dont une partie est inscrite sur la liste du patrimoine mondiale géré par l’Unesco (Mausolées de Tombouctou et des manuscrits).
Près de 480000 personnes ont quitté leur domicile dans les régions du Nord depuis début 2012 : environ 292000 seraient déplacés internes au Mali tandis que autour de 177000 se seraient réfugiés à l’étranger. Fin 2012, près de 27% des déplacés étaient situées dans les régions du Nord. Il est estimé que 85% des déplacés ont fui à cause du conflit du Nord et 15% en raison de la crise alimentaire et nutritionnelle. L’insécurité alimentaire toucherait 198000 personnes déplacées, soit plus de 50% d’entre elles. Cette situation a poussé le gouvernement à prendre des dispositions particulières dont l’enregistrement des déplacés, l’appui aux familles qui accueillent des déplacés, l’appui pour l’accès au logement et aux services de santé, la distribution de vivres, de médicaments, de moustiquaires, de kits scolaires et pour environ 1 123 500 000 F CFA, la distribution de Programmes scolaire et manuels dans les camps au Burkina Faso, au Niger, en Mauritanie et en Algérie, l’appui au retour des populations déplacées qui essayent de regagner leur domicile.
La lutte contre l’insécurité alimentaire
Selon les données du Commissariat à la Sécurité Alimentaire, 2,97 millions d’individus sont en situation d’insécurité alimentaire, dont 1,84 millions à risque d’insécurité sévère. Parmi eux, 747000 personnes ont un besoin immédiat d’aide alimentaire et 660000 enfants de moins de 5 ans menacés de malnutrition aiguë dont 210000 sévères.
Au seul Nord-Mali, 585000 personnes vivent dans l’insécurité alimentaire, et 1,2 million y sont vulnérables. Pour venir en aide à l’ensemble de ces populations, il est prévu d’augmenter le niveau des stocks nationaux à 100000 tonnes de céréales, via le Stock Nationale de Sécurité (SNS) et le Stock d’Intervention de l’Etat (SIE), d’apporter un soutien particulier aux déplacés internes et aux familles qui les accueillent et d’encourager les programmes « Nourriture contre travail ».
Malick Camara
(Source : AIDE PUBLIQUE AU DEVELOPPEMENT)