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Les propos offensifs du Premier ministre malien Choguel Maïga provoquent de vives réactions

Dans un entretien à RFI ce lundi 27 septembre, le Premier ministre malien accuse la France d’avoir lâché son pays en plein vol et évoque ouvertement un report des élections censées marquer le retour à la démocratie. Ses propos ne sont pas bien passés auprès de certains membres des classes politiques françaises et maliennes.

Sur ce plan politique, Choguel Maïga dévoile avec calme sa logique. À cause des préalables, la date des élections présidentielle et législatives fixée à fin février 2022 – à laquelle s’était engagé le gouvernement de transition, notamment auprès de la Cédéao – n’est pas tenable. Les prochaines assises nationales de la refondation vont très probablement fixer de nouvelles dates.

Les propos du Premier ministre n’ont pas étonné les formations politiques maliennes, rapporte notre correspondant à Bamako, Serge Daniel. « C’était clair dans la démarche depuis un moment, le gouvernement voulait de ce report », selon Djiguiba Kéita, du Parti pour la renaissance nationale (PArena). « Le Premier ministre Choguel a pris le pouvoir par la rue, il veut le conserver par la ruse ».

Pour Amadou Koïta, le Premier ministre de transition ne peut pas trahir ses engagements auprès des Maliens et de la communauté internationale concernant le calendrier des élections :

Nous avons les compétences, les expertises nécessaires pour faire des élections dans cinq mois si la volonté politique y est […] Si le Premier ministre pense qu’il est incapable d’organiser des élections, dans ce cas qu’il rende le tablier.

Amadou Koïta : «Nous avons l’impression qu’on est dans une phase de confiscation du pouvoir»

D’autres formations politiques du Mali sont plus nuancées sur le sujet. Pour le Parti pour le développement économique et la Solidarité (PDES), le plus important n’est pas l’annonce du report de quelques semaines ou même de quelques mois de la date des élections présidentielles et législatives, mais la démarche inclusive qui doit être celle du gouvernement. « Il faut que tout le monde soit associé pour évoquer l’éventuel report », insiste Moulaye Omar Haïdara.

Sur ce sujet, comme celui de la sécurité du territoire nationale, le PDES, ne voit pas d’autres issues qu’« un dialogue fécond entre toutes les forces vives de la nation ». C’est ce dialogue que recherche le Premier ministre en annonçant l’organisation prochaine des Assises nationales. Mais des partis politiques, dont des poids lourds, ont déjà annoncé qu’ils ne participeront pas à ces rencontres.

Des déclarations sur l’abandon du Mali par la France contestées

Autre sujet polémique, l’arrivée éventuelle de mercenaires russes du groupe Wagner. À la presse, Choguel Maïga, dit ne pas connaître le groupe en question. Mais très rapidement, il affirme avec sérénité que le jour où son pays signera un accord sécuritaire avec un partenaire, on le saura. Mais pour lui, au moment où, selon lui, la France abandonne le Mali, ce que Paris dément, il est du devoir de son gouvernement de chercher par tous les moyens à sécuriser le pays.

Face à ces propos, le député français Thomas Gassiloud, membre de La République en marche, rétorque que la France ne quitte pas le Mali et le discours du Premier ministre malien est partial sur les questions de sécurité.

Il est assez incohérent de reprocher à la France sa présence et à la fois lui reprocher la réorganisation de son dispositif.

Thomas Gassiloud (député LREM): «J’ai été surpris de ces propos»

Après huit ans de présence militaire au Mali, la situation sécuritaire s’est dégradée, affirme Choguel Maïga. Mais pour Amadou Koïta, président du parti socialiste Yelen Kura et membre du cadre d’échange pour une transition réussie, le recours à une société privée pour sécuriser le territoire n’est pas une solution. « Oui à une diversification des partenariats, mais avec des États, pas avec des structures privées ni avec des mercenaires. […] Il faut le faire dans un cadre légal avec des États qui sont là, qui nous aident. Nous avons encore besoin des partenaires. Nous avons encore besoin d’un accompagnement », affirme-t-il.

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