En réalité, c’est un fait que tout le monde sait depuis toujours mais personne ne s’en ai jamais offusqué.
Disons-le tout haut, l’émission Case Saramaya dans laquelle on se joue de la dignité humaine des participantes est une honte. La finalité « être la plus belle » demande bien un minimum d’intelligence mais cela n’explique pas le rabaissement du jury en public d’autant plus que les questions basées sur leur niveau à l’école étaient carrément inopportunes. Ceci n’avait rien n’à avoir dans une émission de divertissement.
A Maliactu, nous avons d’ailleurs rappelé à la chaîne de Télévision Africable le nécessaire respect de la personne humaine et de sa dignité, et la protection du jeune public.
Ne nous attardons pas sur cette émission ou de la grande indignation que ça a suscité car le problème qu’elle actualise est bien plus important.
Au Mali, l’enseignement en général, l’enseignement public en particulier ou plus précisément l’enseignement supérieur public, est depuis belle lurette le temple de l’ignorance. Et ce n’est pas pour occulter les problèmes dans l’enseignement fondamental ou secondaire que nos propos sont orientés vers le niveau supérieur. C’est juste dans le but d’analyser les résultats d’une dizaine années d’études qui vont se terminer pour l’étudiant, par une maîtrise totale en rien du tout.
Nous assistons là, aux conséquences d’un système plus global d’instauration dans les mentalités de la culture de la médiocrité, depuis le bas âge jusqu’à la maturité.
Ce n’est absolument pas la faute des étudiants car l’éducation en général suppose l’encadrement de l’enfant tant pédagogiquement que sur le plan de la moral. Or, il se trouve que l’étudiant malien arrive au supérieur en n’ayant reçu aucune éducation digne de ce nom. Il a été habitué à la facilité. Son encadreur était très peu regardant sur son niveau. Ce qui l’intéressait c’est que son nom soit glorifié, donc il balançait les notes contre des sourires.
L’école malienne est en faillite et ça ne date pas d’aujourd’hui. La cause est que l’Etat a démissionné de sa fonction et la famille n’a pas voulu assurer sa part du travail. La responsabilité est bien sûr partagée mais les degrés d’irresponsabilité différencient les coupables. On sait tous que les étudiants ont eux aussi contribué à leur fin notamment par des grèves injustifiées. Mais cela fait plusieurs années que les grèves estudiantines ont cédé la place aux grèves des professeurs.
Les étudiants sont victimes de l’indifférence du peuple. En effet, où étions-nous quand le gouvernement d’ATT décrétait l’année blanche silencieuse ? Personne n’a levé le petit doigt pour dénoncer, laissant les étudiants seuls dans leur chagrin, contemplant leur avenir sans espoir. Où étions-nous encore quand les étudiants ont marché pour demander la reprise après une année déjà perdue ? Nous ne nous sentions tout simplement pas concernés.
Malgré toutes ces tares exposées en ce jour, certes elles reflètent l’image de la quasi-totalité des étudiants maliens, mais il existe une petite frange qui se bat chaque jour pour ne pas sombrer dans la médiocrité. Eux, ils cherchent le savoir, le vrai et savent qu’on ne le trouve guère sur la colline du savoir.
C’est le lieu de le souligner car, dans un pays où le mérite n’est pas récompensé, ils n’ont pour objectif que leur épanouissement personnel. Ils ne comptent sur aucun prix, aucune bourse d’excellence puisque l’excellence est une qualité en voie de disparition au Mali. Et même quand les bourses sont annoncées, on sait tous comment ces choses marchent dans ce pays. Mais ça, c’est un autre débat.