La défense, sujet sensible, sera au coeur des discussions du sommet européen à Bruxelles, ce jeudi. Pour Jean-Yves Le Drian, «il était temps». Les Etats européens, souverainistes, peinent souvent à s’accorder sur des interventions ou budgets communs. François Hollande va tenter d’obtenir un soutien militaire dans le cadre de l’opération Sangaris en Centrafrique. Mission difficile selon Arnaud Danjean, eurodéputé membre du PPE (Parti Populaire Européen) et président de la sous-commission Sécurité et Défense.
Aujourd’hui, on entend souvent cette question : que fait l’Europe ? En Syrie, au Mali…. existe-t-il une réelle politique de défense ?
Arnaud Danjean. Chaque fois qu’on parle de défense en Europe, il faut bien préciser que ce n’est pas Bruxelles qui décide mais bien les Etats individuellement. Beaucoup trop souvent les 28 n’arrivent pas à se mettre d’accord sur des interventions et arrivent après la bataille. Les blocages résultent d’un manque de volonté politique des pays (certains considérerons par exemple que ce n’est pas de leur responsabilité d’intervenir…) parfois c’est en raison d’un manque de capacités (peu de budget militaire…)
Une politique de défense européenne est-elle indispensable ?
Pendant ces dernières 60 années, nous nous sommes reposés sur les Américains, maintenant ce n’est plus possible. Aujourd’hui, les budgets des Etats Européens sont également en baisse. Une politique européenne est donc nécessaire, mais il y a trop d’absence de volonté politique de la part de beaucoup d’Etats. La France est l’un des plus volontaires en matière de défense, mais je n’attends malheureusement pas grand chose de ce sommet sur ce point.
Selon vous, quelle peut-être la réaction des Européens sur la Centrafrique ? Va-t-on vers l’intervention de plusieurs pays de l’UE ?
La Centrafrique est un cas très compliqué. Le Mali, par exemple, concernait plus de pays car nous avions une réelle menace terroriste, une menace commune. Pour la Centrafrique, on parle d’un drame humanitaire, même si les Etats sont touchés par la situation, ils pensent que leur intervention en va pas changer le cours des choses et qu’il n’y a pas de menace pour leur propre sécurité. De plus, l’Union Européenne a alloué un gros budget pour l’aide humanitaire en République centrafricaine (50 millions d’euros débloqués récemment). Je suis donc sceptique quant à une intervention d’autres pays européens sur le terrain malgré les annonces.
La politique de défense européenne est entrée en vigueur le 1er décembre 2009, avec le Traité de Lisbonne, la politique de sécurité et de défense commune vise à renforcer le rôle de l’UE en matière de gestion des crises civiles et militaires. Aujourd’hui, l’UE compte 17 missions et opérations menées au nom de l’UE dans le monde. On distingue les opérations non militaires (13), qui disposent d’un budget européen et les opérations militaires (4) qui sont au frais des Etats (actuellement en Somalie et au Mali par exemple)…
Source : le parisien