Tout d’abord, le programme de la visite d’Etat d’Ibrahim Boubcar Keïta ne prévoyait aucune rencontre avec l’ancien chef d’Etat Amadou Toumani Touré en exil à Dakar. Il nous revient, par contre que le Président Macky avait bien sollicité une telle rencontre qui, si elle devrait avoir lieu, serait très discrète. Le clou de la visite officielle du président Malien, vue de Bamako, a été cette rencontre initialement prévue aujourd’hui avec la diaspora malienne.
Auparavant, après l’accueil triomphal qui lui a été réservé, à son arrivée dans la journée du 13 avril, Ibrahim Boubacar Keïta a poursuivi ses rencontres avec les officielles les 14 et 15. L’agenda prévoyait successivement une visite chez la première ministre Aminata Touré ; à l’Assemblée Nationale du Sénégal; au Conseil social et Environnemental; au Grand Théâtre du Sénégal; à la Base de la Marine Nationale; à l’Ile de Goré à l’Assemblée Nationale du Sénégal, au plan d’Eau autonome, à l’Entrepôt du Mali au Sénégal, à la compagnie MST, spécialisée dans le transport des centenaires et, enfin, une rencontre avec la communauté malienne vivant au Sénégal à l’Université Cheick Antha Diop de Dakar.
Signalons que la communauté malienne s’est particulièrement mobilisée pour réserver un accueil des grands jours au visiteur ; accueil par lui qualifié d’«époustouflant».
Les compatriotes avaient cependant des doléances bien précises à soumettre au président malien. Il s’agit, par exemple du coût élevé des pièces d’état civil (4 000F pour une carte d’identité consulaire ; 61 000F pour le passeport avec une attente 2 ou 3 mois pour l’obtention).
A cela s’ajoutent les conditions de vie des étudiants maliens. Les bourses, logements, assistantes sociales laissant totalement à désirer.
Les compatriotes déplorent en outre les tracasseries policières sur le corridor Dakar Bamako. Ils signalent que «pendant que toutes les barrières sont levées sur le territoire sénégalais, les passagers continuent à souffrir entre l’axe Diboli – KATI en territoire Malien».
La mendicité des enfants maliens à Dakar constitue aussi une source de déception et d’humiliation pour nos compatriotes. «La mendicité, soulignent-ils, « est un phénomène qui devient inquiétant chez nos compatriotes. Il n’est plus du ressort des seuls handicapés. 80% des mendiants aux feux signalisation de Dakar sont Maliens». Ils invitent les autorités maliennes à prendre des dispositions pour leur réinsertion sociale.
S’agissant des prisonniers maliens au Sénégal, estimés à, environ 300 détenus, les membres de la diaspora malienne sollicitent IBK en vue de l’accélération de leurs procédures judiciaires. Signalons que la plupart de ces personnes incarcérées ont été interpellées dans le cadre du trafic de stupéfiants entre les deux pays.
La création d’une mutuelle de santé fait également partie des doléances de nos frères et sœurs. Ce, en vue, disent-ils, de couvrir les besoins en soins médicaux du malien vivant au Sénégal.
Enfin, la construction d’une «Maison du Mali» (espace de rencontres et d’échanges) pour la communauté malienne au Sénégal s’avère une urgence, selon les responsables de la diaspora. Faut-il rappeler qu’il existe au Mali «une Maison du Sénégal» ?
L’on constate, en tout état de cause, que la communauté malienne du Sénégal est très dynamique et engagée.
B.S. Diarra