La tension est déjà palpable alors que l’Assemblée générale extraordinaire de la Fédération malienne de football est prévue se tenir, ce mardi 16 février, au Centre International de Conférence de Bamako (CICB). En plus du contentieux relatif à l’annulation de la saison écoulée, pendant devant le Tribunal Arbitral du Sport, le rapport d’audit des comptes est aussi décrié. Des membres de la FEMAFOOT dénoncent le détournement de plusieurs millions de nos francs au titre des recettes.
Les débats s’annoncent encore houleux entre des acteurs du football malien cette semaine. En effet, demain mardi, à partir de 9 heures, l’Assemblée Générale Extraordinaire (AGE) de la Fédération Malienne de Football (FEMAFOOT), qui aura lieu au Centre International de Conférence de Bamako (CICB), devrait être l’occasion d’empoignades.
Inscrits à l’ordre du jour, la validation du budget 2019 (certainement une erreur dans l’avis de convocation, à notre avis c’est le budget 2020) et des rapports financiers 2020 pourraient être les points de discorde entre les délégués. Dans ces documents, envoyés aux membres, que nous avons pu examiner aussi, des irrégularités sont notables.
Le rapport d’audit des comptes est présenté sur une période de neuf mois, allant du 1er janvier au 30 septembre 2020. Il est indiqué, en sa page 8, que » cette période correspond à la saison sportive « . L’auditeur explique en page 11 du même rapport, au point 1.4.5.1 ces constats : » nos travaux ont révélé que les comptes provisoires sont établis pour une période de 9 mois pour les besoins de l’Assemblée Ordinaire, prévue pour décembre 2020. La période couverte par les présents états financiers va de janvier 2020 à Décembre 2020 « . Il conclut toujours dans la page 11 : » la FEMAFOOT a respecté le délai de présentation des états financiers ».
Disparition de trois mois de comptabilité de la FEMAFOOT
Pourtant l’article 97.1 des statuts de la FEMAFOOT indique : » L’exercice social et budgétaire de la FEMAFOOT a une durée d’une année. Il commence le 1er octobre et se termine le 30 septembre « . Une lecture simple montre clairement que la durée d’un exercice est donc de douze mois et non neuf, comme indiqué par l’auditeur. Rappelons que l’actuel Comité Exécutif a été élu en août 2019 et a pris fonction en septembre. En ignorant donc l’article 97.1, l’auditeur a fait disparaitre carrément de la comptabilité de la FEMAFOOT trois mois de gestion (d’octobre à décembre 2019). Une erreur qui met en défiance la compétence ou la probité du cabinet d’expertise comptable.
Une autre procédure judiciaire en gestation
Selon plusieurs membres de la FEMAFOOT, qui ne se sont pas dans la logique de valider le document, » plusieurs centaines de millions de FCFA de recettes auraient été ainsi éludés » dans le rapport financier. A leurs dires » la responsabilité pénale du cabinet d’audit est engagée » et une plainte est en cours d’être déposée auprès des tribunaux et auprès de l’Ordre des Comptables Agréés et Experts Comptables Agréés du Mali (OCAECA). Ces membres, notamment le COB et ses alliés, estiment qu’il y a » un manquement grave, une faute professionnelle commise par le cabinet d’expertise comptable « . Voire, » une volonté manifeste de soustraire une partie des comptes à la validation de l’Assemblée générale « . Soutenant que le même cabinet d’expertise a déjà audité les comptes de la FEMAFOOT, qui étaient présentés sur douze mois, et qu’en aucun cas il ne peut donc raisonnablement ignorer la durée réelle de l’exercice comptable et budgétaire de la FEMAFOOT.
Autre anomalie à signaler : un rapprochement simple des chiffres du rapport financier et du rapport d’audit montre un écart de plus de 37 millions FCFA pour plusieurs rubriques, alors que les deux rapports sont censés avoir été établis à partir des mêmes états financiers. Ainsi, des membres ne comprennent pas que le total des ressources allouées aux acteurs du football (ligues, clubs et associations) ne soit que de 343.662.500 FCFA, moins que les dépenses en réceptions et missions, qui sont de 350.737.360 FCFA.
Au regard des tous ces manquements, le Collectif des Ligues et Clubs, qui revendique la majorité, estime que les comptes présentés ne peuvent être soumis en l’état au vote de l’assemblée. Il exige que les produits et dépenses de la période, allant d’octobre à décembre 2019, soient obligatoirement présentés. Un autre bras de fer qui pourrait se dénouer devant les tribunaux…
Sory Ibrahima COULIBALY
Source : l’Indépendant