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LA RELANCE DU TRAIN: un rêve renvoyé aux calendes grecques

Près d’un an après l’arrêt brutal du train malien à la suite d’un déraillement en novembre dernier, les espoirs de voir ce service vital reprendre semblent de plus en plus lointains. Les ressortissants de Kayes, la première région du Mali, continuent de subir un calvaire quotidien, alors que l’absence du train les oblige à emprunter des routes en piteux état. Face à cette situation désespérante, une question brûle toutes les lèvres : que sont devenus les 7 milliards de francs CFA annoncés pour la relance du train ? Ne faudrait-il pas ouvrir une enquête pour en savoir plus ?

L’arrêt prolongé du train, annoncé avec fracas et grande pompe par les autorités, n’a été suivi d’aucune communication concrète, plongeant les Maliens dans une attente interminable. Depuis le déraillement de l’année dernière, c’est le silence radio du côté des responsables en charge du dossier ferroviaire. Selon une source proche du dossier, des dégâts causés par l’eau dans la région de Sebekoro, près de Kati, auraient mis hors service une partie des rails, aggravant la situation déjà précaire. Ces dégâts viennent s’ajouter à un autre problème crucial : celui des locomotives.

Le Mali ne dispose aujourd’hui que de deux vieilles locomotives, dont l’une éprouve toutes les difficultés à fonctionner correctement. Un manque flagrant de moyens techniques qui continue de retarder la reprise d’un service pourtant indispensable à des milliers de Maliens, en particulier ceux de Kayes.

Les habitants de Kayes, déjà durement touchés par l’arrêt du train, vivent un véritable enfer pendant cette saison d’hivernage. Sega Macalou, un ressortissant de Kayes, témoigne : « La route de Kayes est synonyme de l’enfer. Il faut environ 24 heures pour rejoindre Kayes, et à chaque voyage, ma famille tombe malade. J’ai interdit le voyage à mes proches, tellement la route est mauvaise. » Pour cet homme et tant d’autres, voyager à Kayes est devenu un parcours du combattant, où les trajets interminables et les routes en mauvais état épuisent aussi bien le corps que l’esprit.

Les cercles de Kayes, comme Bafoulabé, sont également touchés. DT, un étudiant originaire de Bafoulabé, se souvient de l’époque où il descendait du train à Mahina pour continuer son trajet vers sa ville natale. Aujourd’hui, il est contraint de prendre un bus passant par Tanbaga et Manantali, deux routes aux conditions désastreuses. « La route Kita-Manantali est un véritable calvaire », explique-t-il, ajoutant que la situation devient de plus en plus intenable.

Une enquête nécessaire sur l’utilisation des  milliards

Face à cette souffrance généralisée, les voix s’élèvent pour demander des comptes sur les milliards soi-disant investis dans la relance du train. « Nous devons savoir où sont passés ces 7 milliards », s’indigne FG, un autre habitant de Kayes. « Qu’est-ce qui a été acheté ? À quel prix et comment ? Il faut que tout cela soit éclairci pour que tout le monde comprenne la situation réelle. »

Ce n’est pas la première fois que des milliards investis par l’État malien suscitent des interrogations. Comme pour l’enquête récemment ouverte sur l’avion présidentiel, il est essentiel que la lumière soit faite sur les dépenses colossales engagées dans ce projet ferroviaire. Les citoyens demandent des explications, et il est légitime de se poser la question : le train malien reprendra-t-il réellement en 2025, comme certains l’espèrent, ou sommes-nous face à un énième projet qui échappe au contrôle des autorités ?

En attendant que des solutions soient trouvées, les Maliens, en particulier les ressortissants de Kayes, sont contraints de continuer à vivre leur calvaire quotidien. Le train, autrefois un symbole de mobilité et de développement, est aujourd’hui un rêve lointain. Et pendant que les milliards s’évaporent dans les méandres de la bureaucratie et des promesses non tenues, les Maliens attendent désespérément une solution durable pour soulager leurs peines.

223infos.net avec La Sirène
Source :La Sirène
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