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Jugés pour « traite de personnes » sur Des filles nigérianes: Une Nigériane et un Malien condamnés à 5 ans de prison, dont trois avec sursis

La Cour s’est penchée, hier mercredi, sur l’affaire ministère public contre deux Nigérianes et un Malien jugés pour « traite de personnes ». A l’issue de l’audience, elle a condamné la Nigériane Chinasa Obikpe surnommée « Aïcha » et le féticheur Moumini Coulibaly à cinq ans de prison, dont trois avec sursis. Quant à la seconde Nigériane, Mery Orji surnommée « Angela », citée dans le dossier, elle a été acquittée par la Cour.

 

C’est courant 2019 qu’un certain « White », de connivence avec plusieurs personnes, a fait venir des filles du Nigéria, en leur promettant de les faire travailler à Bamako dans des supermarchés, salons de coiffure ou dans des activités d’orpaillage où elles gagneraient mieux leur vie. Arrivées à Bamako, elles furent surprises de se voir « cédées » à des gérantes de bars, qui leur payaient, en contrepartie, une somme d’environ 450.000 F CFA. C’est ainsi que les « Aïcha », deux sœurs  de nationalité nigériane, qui résident respectivement au domicile des nommées Mery Orji, surnommée « Angela », Chinasa Obikpe surnommée « AÏcha », toutes domiciliées à Koulikoro, à l’Auberge  » et au  » Togou  » de Koulikoro ont  » réceptionné  » 14 filles, amenées à Bamako, en grande partie, par le nommé « White », qui discuta avec Mery Orji dite « Angela  » et Chinasa Obikpe dite « Aicha » des prix auxquels lesdites filles devraient être mises à leur disposition. Avant d’être conduites à Koulikoro, dans les bars cités ci-haut, où elles les obligeaient à se prostituer. Elles leur mettent d’abord de la pression, en leur retirant leurs téléphones portables pour éviter tout contact avec leurs parents au Nigéria, puis leur arrachent des cheveux, poils et ongles, par lesquels elles seront rendues folles, si elles les dénonçaient. Puis entre en scène le féticheur Moumini Coulibaly, qui demande aux fétiches de rendre les filles dociles aux exigences de leurs « patronnes ». Ainsi soumises, elles doivent se prostituer et verser régulièrement des sommes d’argent auxdites maîtresses, jusqu’au remboursement intégral d’un certain montant, fixé pour chacune d’elles, variant entre 1.200.000 et 1.500.000 voire 2.500.000 FCFA, dans certains cas. Ce n’est qu’à la satisfaction de ces conditions que les filles pourraient commencer à se prostituer pour leur propre compte. C’est dans ce cadre que Farvor John dite « Queen » aura été obligée d’avorter d’une grossesse de trois mois, qu’elle portait depuis le Nigeria.

C’est ainsi que l’Association des Ressortissants du Nigéria, dans le cadre du recensement des Nigérians installés au Mali et en vue de leur faire établir des pièces d’identité, découvrit ce trafic de personnes. Par la suite, Patrick Femy et Victor dénoncèrent à la Brigade chargée de la protection des mœurs de Bamako ces pratiques ignominieuses. Saisi du procès-verbal d’enquête préliminaire, le Procureur de la République poursuivit les auteurs pour  » traite de personnes, avortement clandestin et complicité » et ordonna l’ouverture d’une information judiciaire.

A la barre, Chinasa Obikpe surnommée « Aïcha » a reconnu les faits à elle reprochés, tant à l’enquête préliminaire que devant le magistrat instructeur. Mais, elle déclarera qu’elle ne savait que la prostitution, dans ces conditions, était interdite par les textes maliens. Et d’ajouter qu’elle trouvait plutôt que c’est un business. Aussi, a-t-elle exprimé son « regret » et demandé la clémence de la Cour.

Quant à Mercy Orji, surnommée « Angela », elle a nié les faits imputés à elle, tant à l’enquête préliminaire que devant la Cour.

Pour sa part, le féticheur accusé de complicité, il a déclaré que les Nigérians sont venus lui demander service pour  » attacher «  les filles qui se prostituaient pour le compte des proxénètes. Il déclara qu’il n’était pas au courant de cette pratique, « je leur ai juste demandé de m’apporter deux coqs et une somme d’argent pour les services demandés « , a-t-il dit.

Selon l’un des avocats de la défense, les débats ont été longs mais enrichissants. « Je ne partage pas l’ensemble des propos du parquet « , a-t-il déclaré. Ensuite il a demandé à la Cour de déclarer Mercy Orji non coupable. Et d’accorder aux deux autres des circonstances atténuantes, en les condamnant au nombre d’années passées en prison.

La Cour, dans sa sagacité, a condamné Chinasa Obikpe dite « Aicha » et le féticheur Moumini Coulibaly à 5 ans de prison, dont 3 avec sursis. Quant à la troisième, Mery Orji dite « Angela « , elle a été acquittée par les jurés des faits de  » traite de personnes « .

O. BARRY

Source: l’Indépendant

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