Parce qu’il avait de petits ennuis de santé, le Cherif de Nioro a été évacué sur Bamako dans un avion affrété par le président IBK. Occasion pour les deux hommes de se parler après plusieurs mois de brouille. Le prévenu Amadou Haya Sanogo n’a pas eu cette opportunité.
Le tout puissant Cherif de Nioro, M. Bouillé Haïdara séjourne à Bamako depuis maintenant plus d’un mois. Et ce n’est pas de gaieté de cœur qu’il s’est rendu dans la capitale. C’est plutôt une défaillance de santé qui l’y a conduit. Pour ce faire, c’est un avion affrété par le président Ibrahim Boubacar Keïta qui a effectué l’aller-retour sur Nioro. Parti de l’aéroport Bamako-Sénou, le matin aux environs de 10 heures de la matinée, l’appareil n’est finalement revenu que dans la soirée vers 16 heures. Autant dire qu’il a passé plus de temps au sol à Nioro qu’en vol.
De Bamako, le Saint-homme devrait être évacué sur le Maroc. Mais selon toute évidence, son état de santé s’est beaucoup amélioré à Bamako où il séjourne dès lors, plus précisément au quartier Hippodrome en Commune II du district de Bamako.
Si les visiteurs (et pas n’importe lesquels, suivez mon regard !) étaient très fréquents aux premiers jours de son arrivée, le flot a maintenant commencé à se tarir. C’est, parce que nous confie-t-on, ses médecins l’ont conseillé de se reposer. En tout état de cause, le nombre des visiteurs a baissé de manière drastique.
Mais n’eût certainement été son état de santé, c’est M. Haïdara qui aurait accueilli son bienfaiteur. IBK était, en effet, attendu à Nioro. Mais y aurait-t-il été accueilli avec faste comme de coutume ? Là est toute la question.
Il faut dire que les deux hommes étaient en brouille depuis la proclamation des résultats des derniers législatifs. Des candidats et protégés du Cherif ont en effet été recalés par la Cour Constitutionnelle au profit de ceux du RPM, le parti présidentiel. Il n’en fallait plus pour le grand Marabout de conclure que sa victoire lui a été volée. Et par qui ? Il exigea, en tout état de cause, au président IBK de lui restituer son dû. En vain, naturellement ! Et s’installa le froid glacial entre eux. Les nuages épaissiront davantage suite aux cas d’éviction de certains cadres de l’administration et non moins protégés du marabout. C’en était trop ! Le Cherif décida alors de rompre les amarres. Et cela se fit sentir à Sébénikoro.
Dans le souci d’apaiser les saints courroux du Marabout, IBK délégua plusieurs personnalités dont M. Bathily, ministre de la justice, M. Choguel K. Maïga du MPR, etc., en vue de parlementer avec lui. Mais dès qu’il apprit que ces émissaires avaient quitté la capitale en sa direction, le puissant Marabout quitta la ville pour une destination qui restera à jamais inconnue aux visiteurs. La brouille persista donc jusqu’au mois dernier suite à son évacuation sanitaire.
Même si la tension est tombée d’un cran, les relations entre les deux hommes ne sont pas encore comme avant. Aux dernières nouvelles et depuis sa résidence au quartier Hippodrome, le marabout a invité les fidèles à faire des bénédictions et des prières pour le Mali.
Le cas Sanogo
Bien entendu, et comme l’on pouvait se l’imaginer, ce n’est pas l’affaire Sanogo qui a opposé IBK au Saint-homme quand bien même, il ait procédé à rapprocher davantage les deux hommes (IBK et Sanogo). Le marabout a tout autre grief contre l’ex-putschiste de Kati. Et les faits remontent au moment de la transition.
Voulant se rendre dans la capitale par voie terrestre, le marabout prit soin, avant de prendre la route, d’informer l’homme fort de Kati, au moment des faits, ce afin que ce dernier prenne les dispositions pour sa sécurité, son accueil et en vue d’éviter les tracasseries. Mais selon toute évidence, M. Sanogo était occupé à autre chose, certainement plus captivante que l’appel d’un marabout.
Arrivé à Diédjeni à mi-parcours, le Cherif appela encore. Et Sanogo le rassura. Kolokani : il appela encore et Sanogo rassura encore. Mais à l’entrée de Kati, au poste de péage, M. Sanogo brilla par son absence. Le visiteur dut donc s’arrêter et attendre. Et là, un bien-pensant avertit M. Sanogo de la présence du visiteur à Kati. S’en suivit un branle-bas de combat. L’ex-putschiste, toute affaire cessante, arriva en trombe au poste de péage et voulut présenter ses excuses à l’homme de Dieu.
Mais voyez-vous, certains breuvages ont des parfums saisissants, mais répugnants pour les pieux de la qualité du Cherif de Nioro. Alors dès qu’il sentit ou surtout aperçut son protégé dans cet état, le marabout professa des propos pour le moins désobligeants en langue maure. Ce fut la fin de l’idylle entre les deux hommes.
Par la suite, le Général s’employa, par tous les moyens à réparer la faute, en vain. Le marabout ne chercha plus à le voir ; même après son arrestation et son transfèrement à Sélingué. Fin !
- Diarrassouba