Ce qui était encore au stade de la rumeur, se révèle lentement et sûrement en réalité. Le don de l’URSS à notre pays se retrouve désormais dans les mains de la France. A propos de la vente de l’établissement, les avis du Chef de l’Etat qui ne serait jamais au courant des choses de la République et du bouillant Ministre des Domaines de l’Etat et des Affaires Foncières ainsi que ceux des autorités en charge de l’école sont incessamment attendus.
Professeurs et étudiants de la célèbre école de formation des enseignants du Secondaire et des Instituts pédagogiques, Ecole Normale Supérieure de Bamako ou ENSUP, sont désormais sommés de rejoindre Kabala et Hamdallaye ACI 2000. Depuis la rentrée scolaire, tout avait été mis en œuvre par les autorités en charge de l’école malienne pour empêcher toute tenue de cours au sein de l’établissement.
Cette semaine, les choses se sont accélérées. Les quelques rares cours ont été suspendus. Or, des locaux d’autres facultés, FASJ, IUG…, étaient utilisés par l’Ensup.
Finalement, professeurs et étudiants ne savaient plus que faire. Mais, pourquoi n’avait – on pas refait certaines classes de l’établissent ? Avait – on un dessein ? Une visée sur les lieux ?
En tout cas, hier mercredi 14 décembre, 2016, le ton est monté d’un cran. Aux protestations des étudiants concernés, s’ajoutèrent le cri de cœur de leurs professeurs. ” Arrêtez de jouer au Ping – pong avec l’Ensup “, pourrait – on lire sur une banderole, signée par le syndicat National de l’Enseignement Supérieur (SYNESUP), à la porte d’entrée.
La cour était quasiment désertée. En l’absence des étudiants, les enseignants – syndicalistes se réunissaient. Les rues de Bamako furent envahies par des étudiants qui distribuaient les ” avis de vente ” de leur ENSUP.
Toutes choses qui prouvent à suffisance la gravité de la situation. Et lorsque les langues se délièrent, c’est pour annoncer que l’Ensup avait été ” vendue ” aux Français. Si cela se vérifiait, c’est que le complot ourdi contre l’Ecole malienne par les agents de l’Etranger aurait franchi un pas supplémentaire. Parvenir à vendre un bâtiment historique, ” don du Comité Central de l’Union Soviétique à l’Union Soudanaise RDA pour l’amitié fraternelle et la solidarité révolutionnaire ” en 1967, cédé ensuite à l’Ecole malienne, est décidément gravissime.
Mais, cela n’étonne guère les observateurs de notre pays. La presse a récemment parlé de la vente de plusieurs bâtiments administratifs à des opérateurs économiques de la place et à des personnalités publiques. Sous le prétexte fallacieux de salubrité et d’assainissement, l’on s’acharne sur des pauvres commerçants, accusés d’occuper des trottoirs et espaces publics.
Avec la vente réelle de l’Ensup, même un simple bail, c’est qu’aucun doute n’est plus permis. Les plus grands spéculateurs fonciers de notre pays sont tapis dans les plus hautes sphères de l’Etat. Après les bâtiments administratifs, c’est le tour des écoles, l’Ensup aujourd’hui, iraient – ils jusqu’à vendre les cimetières ? Les Professeurs Mamadou Lamine Traoré (Ministre de la République), Kary Dembélé et biens d’autres disparus se retournent actuellement dans leurs tombes et regardent leurs œuvres ” bazardées ” par leurs ” camarades “.
B. KONÉ
Source : Le Malien