Lancée le 25 novembre dernier, à l’occasion de la Journée internationale instituée par les Nations unies pour la cause, la campagne de 16 jours d’activisme contre les violences faites aux femmes et aux filles a pris fin le samedi 10 décembre 2016. Un jour symboliquement choisi par Soroptimist International Club Lumière de Bamako pour jouer sa partition à travers une journée de plaidoyer organisée à l’Espace Bouna de l’ACI 2000. Une initiative saluée par de nombreuses personnalités présentes et parrainée par M. Bouréïma Allaye Touré, président du Conseil national de la société civile.
«Violences faites aux femmes, quelles solutions pour le Mali» ? Tel était le thème de la journée de plaidoyer organisée par Soroptimist International Club Lumière de Bamako. Une manifestation qui a eu lieu le samedi 10 décembre 2016 à l’Espace Bouna de l’ACI 2000, en clôture de la campagne de 16 jours d’activisme contre les violences faites aux femmes et aux filles.
Pour la nouvelle présidente élue du Club Lumière, Mme Ly Taher Dravé, il s’agissait surtout de baliser les pistes de solutions pour combattre un fléau qui ne cesse de prendre une ampleur dramatique dans notre pays. C’est aussi une manière pour son organisation d’apporter sa contribution à la campagne annuelle de 16 jours d’activisme contre les violences faites aux femmes et aux filles. Pour Mme Ly, par cette activité, les Soroptimistes du Club Lumière de Bamako ont voulu montrer leur «indignation face à cette pandémie mondiale, mais aussi notre espoir d’un avenir meilleur pour les femmes et les filles». Très inspirée, Mme Ly Taher Dravé s’est référée à l’histoire d’Adam et Eve pour démontrer que «l’homme et la femme sont complémentaires» et qu’il est «difficile à un homme d’échapper à un malheur qui atteint sa femme».
«Selon les statistiques, une femme sur trois dans le monde est victime de violence fondée sur le genre. Fort de ce constat, nous Soroptimistes du Mali ne saurions rester en marge de cette campagne et devons chercher une solution malienne», a souligné Mme Ly pour justifier le choix du thème de cette journée de plaidoyer. La présidente a profité de l’occasion pour saluer l’engagement des partenaires qui ont soutenu son organisation dans cette initiative, notamment le ministère de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, Onu-femmes, leurs sœurs à travers les Clubs d’Autriche, d’Allemagne, de la France et de la Belgique…
Pour M. Bouréïma Allaye Touré, président du Conseil national de la société civile et parrain de l’événement, la «Campagne Orange» (activisme) permet de baliser les pistes de solutions au fléau de la violence basée sur le genre (BVG). À son avis, «même si les droits des femmes sont le plus souvent reconnus par les décideurs, le courage fait généralement défaut pour leur mise en œuvre en faveur de leur épanouissement». Pour le président Conseil national de la société civile, l’engagement et la mobilisation actuels augurent d’un «avenir meilleur pour les filles et les femmes». Même si, a-t-il ajouté, «le chemin de l’éradication de toutes les formes de violence risque d’être long». Il a exhorté les femmes à se battre, à prendre partout la parole pour réclamer et défendre leurs droits. «Vous n’aurez pas l’égalité facilement. Vous avez abandonné le terrain aux hommes et nous n’allons pas vous faire des concessions de gaieté de cœur… Battez-vous pour vos droits et les conditions de votre épanouissement. Exprimez-vous pour briser le silence autour des violences dont vous êtes victimes», a encouragé M. Touré. Il se dit convaincu que «le monde ne sera jamais meilleur sans les femmes» et que «le Mali ne se développera jamais sans les Maliennes».
Pour la Directrice nationale de la Promotion de la Femme, Mme Rokia Dembélé, des initiatives comme celles du Soroptimist International Club Lumière de Bamako apportent «une lueur d’espoir à des millions de femmes victimes de violence». Elle n’a pas caché sa conviction que les campagnes de sensibilisation et une forte mobilisation permettent de «lever un coin du voile» sur le combat mené. Pour la Directrice nationale, «toutes ces femmes battues, humiliées et discriminées ne trouveront leur salut que dans le changement de comportement et de mentalité au sein de la société».
Reconnaissance aux stars engagées comme ambassadrices de bonne volonté
Pour ce changement, il est nécessaire que les plus hautes autorités traduisent leur engament dans les politiques sectorielles afin d’allouer plus de ressources à ce combat contre les VBG. La Directrice de la Promotion de la Femme a profité de cette tribune pour saluer les multiples efforts du président Ibrahim Boubacar Kéita, en faveur de la promotion du genre au Mali, à travers notamment le vote de la loi du 14 juillet 2014 promulguée le 18 décembre 2015 accordant un quota de 30% au genre dans les postes de décision et postes électifs… au Mali. Grâce a cette avancée politique, le Mali va compter 2 800 conseillères communales à l’issue du scrutin du 20 novembre 2016. Ce qui équivaut à 25% des élus contre seulement 9% précédemment. Dans sa conclusion, Mme Rokia Dembélé a souhaité que la lutte contre les BVG soit adossée à nos valeurs sociétales afin de «vaincre le fléau par la solidarité».
Soroptimist International Club Lumière de Bamako a profité de cette activité pour remettre des distinctions d’honneur «d’Ambassadeur de bonne volonté» à l’Ensemble instrumental national du Mali chargé de l’animation de l’événement, à Astan Kida et à la Diva du Wassoulou, Oumou Sangaré. Absente au début de la cérémonie (comme Astan Kida aussi), la star a fait son apparition avant la fin de la conférence-débat qui a suivi. Et dans le cadre de son projet «Cartable Soroptimist», les responsables du club ont remis des cartables aux vingt meilleurs élèves (filles) du Centre de formation de Dialakorodji (Kati). La présidente de Soroptimist international Club Lumière de Bamako, Mme Ly Taher Dravé, a naturellement profité de l’opportunité pour présenter cette association et mettre en exergue quelques actions accomplies au Mali.
Soroptimist international est une organisation mondiale de femmes engagées dans la vie professionnelle, elle œuvre à travers des projets à faire progresser les droits humains afin de promouvoir un meilleur statut de la femme. Elle intervient dans six domaines tels le développement économique et social de la femme, l’éducation et la formation des femmes et des filles, dans la culture, dans les droits de l’homme, la condition de la femme, l’environnement, la santé. Soroptimist international transforme le rêve de certaines femmes en réalité. Le Mali compte trois clubs que sont Lumière et Espoir dans la capitale ainsi qu’Alliance à Tombouctou. Le Club Lumière de Bamako a reçu sa charte le 10 décembre 1992 et compte 25 membres, elle a réalisé de nombreux projets à l’intérieur du Mali. De sa création à nos jours, elle a entre autres financé un forage hydraulique pour les femmes rurales de Bandiagara (Mopti) pour un coût de 6 millions ; des puits à grand diamètre dans le village de Sirakoro Niaré pour un coût de 4,6 millions de FCFA, le financement d’un projet de maraîchage dans le village de Taliko. Cette ONG a aussi financé l’aménagement d’un hectare pour les femmes de Bandiagara à travers l’association Dioro Dogo. Sans compter la remise de dispositifs pour l’accès à l’eau potable à des établissements scolaires de la ville de Koutiala, de moustiquaires imprégnées aux femmes et à la maternité de l’hôpital du Point G… Le projet «Cartable Soroptimist» a également été mis en place pour encourager la scolarisation des filles et est toujours en cours dans les régions de Koulikoro, Sikasso et Ségou.
À noter que les Soroptimistes travaillent à l’amélioration des conditions des femmes à travers l’éducation, l’autonomisation par la création des activités génératrices de revenus, le plaidoyer pour stopper les violences faites aux femmes. La journée de plaidoyer de Soroptimist International Club Lumière de Bamako a enregistré la présence de nombreuses femmes leaders, notamment Mme Alwata Ichata Sahi, ancienne secrétaire exécutive de l’Organisation panafricaine des femmes (OPF) et ex-ministre de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille. À retenir qu’une minute de silence a été observée à la mémoire des regrettées présidentes du Club lumière de Bamako (2012-2014) et de l’APDF, respectivement Mme Dembélé Kadidia Sidibé et Mme Fatoumata Siré Diakité récemment arrachées à notre affection.
Moussa BOLLY
Source : Le Reporter