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Mali : la rhétorique usée d’un Premier ministre en quête de légitimité

Un discours empreint de contradictions et de promesses creuses, le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga peine à convaincre sur la gestion de la Transition malienne et l’avenir du pays. Détails. 

Le discours prononcé ce samedi 16 novembre 2024 par le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga au Centre International de Conférences de Bamako, devant les membres du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotique (M5-RFP), avait tout d’un exercice laborieux destiné à rallier les esprits. Cependant, il s’est révélé être une manifestation flagrante de contradictions, d’autosatisfaction mal placée et de promesses creuses. Ce type de discours, chargé de références historiques et d’appels au patriotisme, tente de masquer les failles béantes de sa propre gouvernance.

Le Premier ministre a ouvert son discours en célébrant la libération de Kidal par les Forces Armées Maliennes (FAMa), affirmant avec fierté : « Kidal est libre et Kidal restera libre à jamais ! » Cette déclaration est emblématique d’une souveraineté retrouvée. La libération de Kidal symbolise une victoire stratégique pour le Mali.

Le Premier ministre a notamment qualifié cette victoire de « date mémorable à plus d’un titre » et a insisté sur le fait qu’elle représente « la libération d’une localité malienne du néocolonialisme et de ses suppôts traitres à la Nation. »

Des références historiques mal exploitées

Choguel Kokalla Maïga a consacré une large part de son discours à des rappels historiques, soulignant que « l’Adrar des Ifoghas appartient à ceux qu’il plaira à la France d’y installer », en référence à la Convention de Bourem de 1907. Bien que cette contextualisation vise à dénoncer l’héritage colonial et l’ingérence étrangère, elle ne répond en rien aux préoccupations immédiates des Maliens.

Au lieu de ressasser des faits historiques, Choguel Kokalla devrait se concentrer sur des solutions concrètes aux problèmes actuels, comme l’amélioration de la sécurité et le renforcement des institutions démocratiques. Les Maliens n’ont pas besoin de discours sur le passé, mais d’une vision tournée vers l’avenir.

Un manque criant de clarté politique

Le Premier ministre a affirmé qu’il était temps de « clarifier la situation politique » et de répondre aux préoccupations des Maliens. Cependant, loin de dissiper les doutes, il a exacerbé les interrogations. Il a évoqué « le spectre de la confusion et de l’amalgame » qui plane sur la Transition, tout en dénonçant une « remise en cause des résultats de la lutte héroïque et de la marche victorieuse du peuple malien. »

Ces déclarations traduisent un aveu d’échec : le gouvernement actuel peine à établir une feuille de route claire pour la Transition, notamment en ce qui concerne la tenue d’élections transparentes et crédibles. La gestion opaque de l’Autorité indépendante de Gestion des Élections (AIGE) et l’incapacité à fixer une date précise pour la fin de la Transition alimentent la frustration des citoyens.

Une Transition en panne de vision

Choguel Kokalla Maïga a défendu les acquis de la Transition, citant notamment « l’élaboration et l’adoption d’une nouvelle Constitution », mais à quoi sert une Constitution si elle n’est pas suivie d’un renforcement des institutions démocratiques ? Il a également évoqué la montée en puissance des FAMa, déclarant que celles-ci « s’acquittent de leurs missions régaliennes avec honneur et dignité », tout en omettant de mentionner les défis persistants liés à son ses stratagèmes politiques.

Les Maliens ont besoin d’une vision cohérente pour l’avenir, mais le Premier ministre semble prisonnier de sa propre rhétorique. Les promesses abondent, mais les solutions concrètes se font attendre.

Un Premier ministre isolé ?

Le Premier ministre n’a pas caché les tensions au sein du gouvernement, affirmant que « l’efficacité de l’action gouvernementale ne se trouve-t -elle pas compromise par le dysfonctionnement qui se note entre les institutions ? » Cette déclaration met en lumière une profonde fracture au sommet de l’État.

Plutôt que de se présenter comme une victime, Choguel Kokalla Maïga devrait assumer sa responsabilité dans les échecs de la Transition. Son discours laisse transparaître une volonté de se dédouaner, alors qu’il porte une part de responsabilité dans l’opacité et l’immobilisme du gouvernement.

Oumarou Fomba 

Source : Sahel Tribune

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