« En plus du report de la date de retour de la Mecque, le logement, la nourriture, le moyen de transport, rien n’a été à la hauteur », déclare le premier groupe de pèlerins d’Al-Madina de retour de la Mecque. Ils se sont dits « déçus » de l’organisation du pèlerinage de cette année.
L’Agence de voyage Al-Madina, spécialisée dans la billetterie et surtout dans l’organisation du pèlerinage à la Mecque, qui a pignon sur rue depuis 1996, ne ferait plus honneur à sa réputation.
Le Royaume d’Arabie Saoudite a entrepris des travaux d’extension du lieu de pèlerinage. Cette place qui, en temps normal pouvait accueillir jusqu’à 48 000 pèlerins par heure, ne pouvait cette année faire que 22 000 pèlerins. Pour cette raison, le royaume a imposé des restrictions de quotas aux pays (le Mali n’était pas concerné par cette restriction). Ainsi, il y a eu une réduction de 50 % des pèlerins en provenance de l’intérieur de l’Arabie Saoudite et de 20 % du quota des pèlerins étrangers.
Le premier groupe des pèlerins d’Al-Madina, composé de 430 fidèles, a choisi cette compagnie, doyenne dans l’organisation, en espérant s’acquitter en toute quiétude le cinquième pilier de l’islam.
Constitués d’hommes et de femmes de tout âge, « les naufragés du hadj », comme ils se qualifient, déclarent avoir été confrontés à des multitudes problèmes lors de leurs séjours en Arabie Saoudite. Un vieux de 71 ans, membre du 1er groupe d’Al-Madina affirme : « cela fait 71 ans que je suis bien portant, et je ne suis jamais senti affaibli si ce n’est lors de ce séjour. Le problème est que les médecins qui nous accompagnaient n’aimaient pas les gens ». Il n’y a pas eu de suivi médical, selon un autre, qui poursuit : « les logements étaient des sortes de ‘campus’ où c’était du ‘chacun pour soi. Six lits par chambre, sans femme de ménage, dès notre arrivée jusqu’au retour, en plus les coupures d’eaux et des panes d’assesseurs en ont rajouté », conclu-t-il. A cela s’ajoute, témoigne un autre, la mauvaise qualité des nourritures, qui étaient non seulement irrégulières et immangeables. « Nos calvaires ont duré de Makan à Arafa. A Arafa, nous avons eu à passer près de 24 heures le ventre creux. Nous avons également passé la journée la nuit à Noudjalifa dans cet état. D’après notre interlocuteur, « c’est quand nous sommes arrivés à Mina que nous avons eu droit à un peu de riz. C’est d’ailleurs une autre compagnie privée qui est venue à notre secours avec des plats. Après avoir passé quelques jours avec le ventre à moitié vide, le responsable d’Al-Madina est venu nous présenter ses excuses, mais cela n’a rien changé ».
« Malgré cette condition inhumaine, on nous embarquait dans un bus, qui menaçait de rendre l’âme à chaque montée du tunnel Souleymanyan. Un jour, à l’entrée du tunnel Souleymanyan, le bus est parti à reculon. Il a fallu l’intervention des agents de la circulation pour nous dépanner ».
A l’absence du responsable d’Al-Madina, toujours en Arabie Saoudite, nous n’avons pas pu avoir un autre interlocuteur. Du côté du premier groupe d’Al-Madina, renté sain et sauf avec un retard (le 28 au lieu du 20 octobre convenu), c’est encore l’amertume.
Kadiatou Mouyi Doumbia
(stagiaire)
Les échos