Pour la première fois depuis le début de la guerre en Syrie, l’opposition syrienne et la délégation du gouvernement de Damas se retrouvent face-à-face, ce samedi à Genève. Un premier pas arraché par Lakhdar Brahimi, l’émissaire de l’ONU pour la Syrie, première étape d’un processus qui pourrait durer jusqu’à vendredi prochain.
Avec notre envoyé spécial à Genève, Sami Boukhelifah
Le processus de discussion est, cette fois-ci bel, et bien amorcé. Mais s’il est amorcé, il ne tient qu’à un fil, et le dialogue peut capoter à tout moment.
Pour l’instant, les délégations syriennes se sont certes assises autour de la même table, mais elles n’ont pas échangé le moindre mot. Le principal point de blocage porte sur les accords de Genève 1, qui prévoient la mise en place d’une autorité de transition en Syrie. Personne n’ignore qu’elle est indispensable mais chacun la veut à sa manière.
Réunis ce samedi à partir de 10 h autour de l’émissaire de l’ONU, Lakdhar Brahimi, les délégations du régime et de l’opposition sont donc invitées à laisser les questions sensibles pour un autre jour. Qui va doucement, va sûrement. Occidentaux et Russes imaginent une stratégie : ils proposent aux deux parties d’avancer étape par étape.
L’humanitaire comme première étape
Selon une source diplomatique à Genève, régime et opposition se seraient donc mis d’accord. Les discussions, ce week-end, s’orientent uniquement sur l’humanitaire.
Pour concrétiser cette action, une région est choisie : celle de Homs. Et si pouvoir et opposition tombent d’accord d’ici dimanche soir, les habitants de cette ville ravagée par les combats et la famine pourraient dès lundi assister à une trêve et voir arriver les premières caravanes humanitaires.
« Bien sûr que nous allons parler de l’accès aux civils, de l’arrêt des violences. Mais vous savez, en parler ne veut pas encore dire résoudre ces problèmes. En ce qui concerne les couloirs humanitaires, nous y travaillons depuis longtemps. Donc nous allons maintenir la pression », a prévenu l’émissaire onusien, Lakhdar Brahimi, lors d’une conférence de presse à Genève, vendredi.
L’épineuse question de la transition
Le communiqué de Genève 1, qui doit servir de base pour ces pourparlers directs entre la délégation du gouvernemet syrien et l’opposition, prévoit la mise en place d’un gouvernement de transition.
Ce dossier est un véritable champ de mines pour Lakdhar Brahimi. Les deux parties lui affirment accepter le principe de cette période de transition. Le problème c’est l’interprétation qu’en fait chacune des deux délégations. Côté opposition, la transition signifie le départ de Bachar el-Assad. Côté, gouvernement elle est synonyme de son maintien au pouvoir.
Prudence des négociateurs
Toutefois, à Genève, personne ne se berce d’illusion. Trois années de guerre ne vont pas se régler en un jour. Et cette question de la transition pourra être discutée plusieurs fois durant les semaines à venir.
Entre temps, régime et opposition peuvent toujours aborder d’autres sujets moins compliqués, comme l’échange de prisonniers ou encore la mise en place de cessez-le-feu locaux.
Devant les journalistes, Lakhdar Brahimi ne cesse de souligner la complexité du défi qui attend les participants de la conférence. « J’espère que les trois parties impliquées, le gouvernement, l’opposition et les Nations unies seront à la hauteur de cette tâche. J’espère aussi que les gens qui soutiennent un côté ou l’autre comprennent ce qui est en jeu et font de leur mieux pour soutenir ce processus. Donc souhaitez nous bonne chance », a-t-il insisté.
rfi