Le général Moussa Sinko Coulibaly est né à Bamako le 14 juillet 1972. Diplomé, en 1995, de la prestigieuse école militaire française de Saint-Cyr, il est colonel au moment où le président ATT est renversé par l’armée. C’est lui que le chef de la junte, Amadou Haya Sanogo, envoie régulièrement rencontrer les chefs d’Etat de la sous-région jusqu’à la signature, le 6 avril 2012, de l’Accord-cadre qui instituera un régime de Transition civil. Moussa Sinko devient alors ministre de l’Administration territoriale, chargé d’organiser les élections. Il est alors proche du candidat IBK dont il se réjouit publiquement du score élevé au premier tour. Tout le monde doute de l’impartialité du colonel.
Limogeage sans sommation
Elu au second tour avec 77% des voix, IBK maintient Moussa Sinko à l’Administration territoriale. Il lui accorde même le grade de général de brigade.Mais juste après les législatives, l’officier est limogé de son ministère. « Je l’ai rencontré le jour de son limogeage, nous confie une source; il l’a appris comme tout le monde: à la télé ». L’intéressé en conçoit une froide amertume. Elle ira crescendo au fur et à mesure qu’IBK multiplie les arrestations dans les milieux proches de l’ex-junte : du général Sanogo au sergent-chef Soiba Diarra, en passant par le général Yamoussa Camara et et le capitaine Amadou Konaré, un grand nombre d’acteurs du putsch du 22 mars finissent en prison. Les Maliens, et Moussa Sinko le premier, n’ont plus de doute: le fameux pacte entre IBK et l’ex-junte est mort.
Entrée en politique
Le général Coulibaly a un autre grief contre IBK: il estime que le chef de l’Etat conduit le pays dans l’abîme. Dès octobre 2016, donc bien avant sa démission de l’armée, Coulibaly, pourtant discret et prudent en apparence, confie à un confrère sénégalais: « Je pense que, premièrement, le pouvoir actuel ne fait pas bien. Deuxièmement, que dans les deux ans qui lui restent, il ne fera pas mieux. Que troisièmement, en 2018, sauf miracle, il va être balayé…Il y a un mécontentement généralisé et chaque jour qui passe, on a l’impression que le pouvoir fait tout pour que cela explose. Par exemple, le journaliste qui a été arrêté (Ras Bath, Ndrl), entraînant des manifestations avec mort d’homme. Est-ce que c’était le bon moment de s’attaquer à quelqu’un qui s’exprimait, peut-être pas avec des mots gentils, sur le déroulement des choses ? …Surtout un chroniquer qui est écouté par tout le monde et qui permet même à beaucoup de gens du pouvoir de contenir leur colère puisqu’ils ont quelqu’un qui râle pour eux. Vous vous attaquez à celui-là: qu’est-ce que cela va vous rapporter ? Absolument rien. ».
Avec de telles idées, le général n’avait plus qu’à quitter l’armée pour se lancer à la conquête de Koulouba. Il dépose sa démission de l’armée le 30 novembre 2017 et annonce sa candidature à la présidence de la République. Et il répète à qui veut l’entendre que le régime a échoué et doit céder le palais.
Tiékorobani
Source: Procès-Verbal