Vendredi dernier, le Conseil de Sécurité de l’Onu a appelé le Gouvernement malien et les groupes armés à “reprendre sans tarder” les négociations et à “dialoguer par l’intermédiaire de représentants de haut niveau et disposant de l’autorité voulue en vue de parvenir, dans les plus brefs délais, à un accord de paix global et sans exclusive”. Il a par la même occasion annoncé qu’il est “prêt à envisager de prendre les mesures appropriées, y compris d’imposer des sanctions ciblées, à l’encontre de ceux qui reprennent les hostilités et violent le cessez-le-feu”.
Avant-hier samedi, 07 février, de nombreuses concertations se sont tenues autour de ce cinquième round des négociations qui doivent débuter après-demain mecredi, toujours à Alger.
À Bamako, le Gouvernement a organisé une rencontre d’ information et de concertation avec les forces vives de la nation (partis politiques, organisations de la société civile, autorités traditionnelles et coutumières, associations religieuses, syndicats des travailleurs, organismes de droit de l’homme) sur le « projet d’accord de paix et de réconciliation au Mali » soumis par l’équipe de la médiation aux différentes parties. L’objectif de cette rencontre était “d’échanger en profondeur et de recueillir les suggestions et recommandations des forces vives de la nation sur ledit document afin de renforcer les capacités de négociations et d’améliorer le mémorandum de la délégation gouvernementale ».
Il faut souligner néanmoins que les partis de l’opposition (notamment Afp, Fares-An ka wuli, Fcd, Parena, Pdes, Pids, Prvm-Fasoko, Ps-Yeelenkura, Psp, Urd.) ont boycotté cette rencontre d’avant-hier samedi.
Le même samedi, cette fois-ci à Alger, l’équipe de médiation des acteurs engagés dans le règlement de la crise du Nord s’est réunie sous la présidence de Ramtane Lamamra, Ministre algérien des Affaires Étrangères, en présence de Mongi Hamdi, Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies et Chef de la Minusma, du Chef de la Mission de l’Union Africaine pour le Sahel (Misahel), du Haut Représentant de l’Union européenne pour le Sahel, du Représentant de la Cedeao, des Ambassadeurs du Burkina faso, du Nigéria, de la Mauritanie et de plusieurs experts sectoriels.
“Après avoir déploré la dégradation rapide, depuis novembre, de la situation sécuritaire dans les zones du Nord et particulièrement à Tabankort, les participants à la rencontre ont convenu de la cessation immédiate des hostilités et d’amener les parties concernées à considérer la Feuille de route comme compromis servant de base de travail”, a rapporté un communiqué publié à l’issue de la rencontre.
Au cours de ladite rencontre, le Représentant spécial a souligné qu’il est “nécessaire de créer un climat de sérénité et de confiance nécessaire à la reprise des pourparlers inter-maliens”. Un point de vue appuyé par les médiateurs qui considèrent que seule une décision politique engageant les parties apportera un apaisement de la situation sur le terrain. D’où la nécessité de parvenir rapidement à un accord, ainsi que le stipule la récente Déclaration du Président du Conseil de sécurité qui enjoint les parties maliennes à reprendre les discussions et à ne plus violer les accords de cessez-le feu en vigueur, sous peine de sanctions ciblées. “Nous devons poursuivre les efforts collectifs pour faire aboutir ce processus à un Accord global et définitif”, a ajouté M. Mongi Hamdi se référant à l’injonction du Conseil de sécurité.
FRANÇOIS HOLLANDE OPTIMISTE POUR LE MALI
Au-delà de ces injonctions et des exhortations au Gouvernement malien et aux groupes armés à s’engaer résolument dans la voie du dialogue et de la recherche de la paix, le Président français François Hollande a lui déclaré qu’il “assure” que “le Mali retrouvera son intégrité territoriale, le moment est proche…”. C’était au cours d’un discours qu’il a tenu, vendredi dernier, à l’Élysée.
“J’ai décidé au nom de la France d’intervenir au Mali. J’ai pris cette décision dans le cadre du droit international. Il n’y avait pas de temps à perdre ou plus exactement si nous avions laissé le temps, c’était celui du terrorisme qui aurait à ce moment-là conquis l’ensemble du Mali. Je l’ai fait, ce choix, au nom de la France, parce que c’était notre responsabilité. Nous étions présents dans cette région du monde. Nous pouvions apporter immédiatement l’aide que le Président malien attendait de nous. Et cette décision, je l’ai prise aussi au nom de l’Europe, au nom de la Communauté internationale.
Je veux ici remercier le Parlement européen pour le soutien et pour la compréhension dont il a fait preuve dans ce moment si particulier où un pays européen s’engage pour un pays africain. Un pays qui ne s’engage pas pour ressusciter les séquelles du passé, mais au contraire pour apporter la dignité à un peuple qui lui-même avait permis à mon pays d’être libéré de la servitude durant la seconde guerre mondiale.
J’assure ici, le Mali retrouvera son intégrité territoriale, le moment est proche. Viendra le temps politique, celui du dialogue, de la réconciliation, de la stabilité dans ce pays et dans cette région de l’Afrique de l’ouest, le temps du développement et ce temps-là doit être celui des organisations africaines, elles y sont prêtes, elles sont déjà présentes sur place. Ce doit être aussi le temps de l’Europe, parce que nous avons à agir non seulement pour la paix, mais nous avons à agir pour la sécurité dans cette partie-là de l’Afrique.
Former et équiper l’armée malienne, et les forces de la MISMA, permettant d’assurer la sécurité sur le territoire, d’éviter des exactions et les règlements de compte, permettre la transition politique, le rétablissement de la démocratie, le processus électoral.”
Ces propos du Président français sonnent comme une promesse. Déjà au mois de novembre dernier, le Ministre français de la Défense, Jean Yves Lerian, invitait le Gouvernement malien et les rebelles à signer un accord de paix en début d’année 2015.
Source: autre presse