L’espoir suscité par l’annonce de la visite d’Emmanuel Macron, nouveau président élu de la France au Mali s’est finalement transformé en frustration.
Attendu par les habitants de la capitale, le président Français a réservé cet honneur aux habitants de la cité des Askia. Un choix qui n’a pas été du goût d’une bonne partie de l’opinion nationale qui s’est pas prié pour le faire savoir. Pour les uns, la visite n’était pas destinée aux Maliens et encore moins au Mali, mais pour les soldats Français présents sur notre sol dans le cadre de la lutte contre le terrorisme en prime et pour aider à la stabilisation du pays par extension. Pour les autres, cette visite est la suite logique de la poursuite de la stratégie française mise en œuvre après la libération de Konna par l’opération Serval. Cette visite, si elle en est une n’est pas sans rappeler un passage clair de son prédécesseur dans la même localité et pour les mêmes raisons. Sommes toutes, le passage d’Emmanuel Macron à Gao passe plutôt pour un Zapping que d’une visite présidentielle. Pour autant, la frustration ne vient pas de ce zapping en soit qui n’aura durée que six heures d’horloge, mais du fait que l’occasion espérée par les Bamakois de faire part de leur déception de la suite de l’intervention Française de vive voix s’est envolé. Une bonne partie de l’opinion nationale avait placé cette visite sous le signe de la clarification du rôle que joue la France dans le conflit inter-Malien et sur le terrain de la lutte contre le terrorisme.
Nombreux sont les Maliens choqués et confus par la timidité de la riposte face à la recrudescence des attaques djihadistes sur notre sol malgré le déploiement de la force Barkhane forte d’au moins trois mille hommes avec les équipements adéquats. L’attitude de la France à l’égard du MNLA et alliés sont autant d’inquiétudes que les Bamakois auraient souhaité partager avec le nouvel locateur de l’Elysée à défaut d’avoir des explications justificatives. Qu’à cela ne tienne, avant une véritable visite, les Maliens de Bamako peuvent se contenter des promesses faites lors de la conférence de presse que notre hôte de six heures a bien voulu accorder aux médias locaux et internationaux. La réputation de peuple accueillant du Mali demeure intacte, c’est pour le moment ce qui compte. L’hôte a choisi sa façon d’en profiter !
Bouba Sankaré