Après les applaudissements du dernier conseil d’administration pour saluer son bilan, le PDG des aéroports du Mali a été limogé. Un bien curieux sauf qu’une manière au Mali de reconnaître le mérite !
En admettant que les applaudissements recueillis par l’homme à la suite de la présentation de son bilan devant le conseil d’administration étaient sincères, quelles peuvent être les raisons de son limogeage ? Le PDG a-t-il été victime de son succès ou paye-t-il le prix de son opposition à la privatisation des aéroports du Mali ?
La question mérite d’être posée. Jusqu’à preuve du contraire, il n’a fait l’objet d’aucune plainte révélée de la part de son employeur. Mieux, les aéroports du Mali affichent une santé jamais atteinte jusqu’à nos jours.
En effet, c’est sous la direction du désormais ancien président directeur général que les aéroports du Mali ont entamés leur véritable mue. La rénovation et la modernisation réussie de l’aéroport international Sénou rebaptisé Aéroport international Modibo Keita est l’une des prouesses qui fait la fierté de tout un peuple.
Au moment de son limogeage, les grands travaux de rénovation et de mise à niveau aux normes internationales sont en cours dans l’aéroport international Modibo Kéita. Au regard des avancées enregistrées sur les différents sentiers, l’opinion ne peut être qu’inquiète et surprise par cette décision de limogeage qui ne se justifie aucunement par le bilan présenté au conseil d’administration. Il faudrait peut-être explorer l’histoire des nominations et des limogeages dans le pays pour découvrir des raisons plausibles. Cette histoire nous enseigne que l’accès /limogeage au poste de responsabilités sont intimement liés à la filiation et à l’opinion politique du bénéficiaire. La compétence et le bilan ne sont pas toujours les qualités sollicitées.
Pour accéder aux postes de responsabilités au Mali et pour s’y maintenir, il faut appartenir au cercle restreint des privilégiés qui se relaient au sommet de l’Etat et dans les grandes instances au détriment de toute recherche de performance ou de compétence. Le limogeage du DG des aéroports du Mali rallonge la liste des fonctionnaires exclus ou mis à l’écart de la gestion des choses publiques malgré leur bilan et leur compétence sans raison apparente. Et pire, le silence qui accompagne leur éviction indique que rien ne leur est reproché.
Il est inutile de dire que l’Etat doit mettre fin à cette pratique dont les conséquences pèsent sur la conduite et la gestion de la vie publique du pays. Les entreprises et les services de l’Etat sont les premières victimes des limogeages/nominations aux postes de responsabilités motivés par l’opinion politique ou en rapport avec la filiation.
Pour ce faire, l’Etat intègre à ces nominations/limogeages la composante qui consiste à informer l’opinion nationale sur leur motivation soutenue par des arguments convaincants. Autrement, les applaudissements synonymes de satisfactions suivies du limogeage de l’intéressé ne font pas bon ménage dans l’opinion publique nationale.
Bouba Sankaré