Considéré comme un stratège politique, le leader du parti Yèlèma (le changement) aurait commis, au cours de ce scrutin législatif, la première grosse erreur de sa carrière politique, en acceptant de «troquer» sa candidature aux législatives contre un portefeuille ministériel. C’est du moins, ce que disent certains militants du parti Yèlèma et les observateurs de la scène politique malienne.
Ces cinq dernières années, deux leaders politiques (Ibrahim Boubacar Kéita du RPM et Moussa Mara du parti Yèlèma) se disputent le contrôle de la Commune IV du district qu’ils considèrent, chacun, comme étant leur fief électoral. Lors des communales de 2009, le second avait pris le dessus sur le premier (Moussa Mara) en se faisant élire maire de cette commune. Aux législatives de cette année, Moussa Mara devrait confirmer la suprématie de son parti sur celui de son rival dans circonscription. Mais la surprise a été grande, quand le parti Yèlèma a été battu au second tour des législatives, par le RPM qui a obtenu 57,51% des voix.
La victoire du RPM en Commune IV, comme il fallait s’y attendre, semble faire beaucoup de mécontents dans les rangs du parti Yèlèma. Certains cadres de ce parti imputent cet échec au président du parti Yèlèma qui, à leurs yeux, a commis l’irréparable en acceptant l’offre d’IBK qui l’a invité à entrer dans son gouvernement.
«IBK a piégé Moussa Mara, son principal rival politique en Commune IV, afin de déraciner son parti. La seule façon pour IBK de gagner les législatives dans cette Commune V était d’inviter Moussa Mara au gouvernement, afin qu’il ne se présente pas. Et son plan a marché», nous confie un cadre du parti Yèlèma qui se dit très proche de Moussa Mara. A en croire ce dernier, si Moussa Mara se présentait en personne aux législatives, il allait sans nul doute gagner. Car, dit-il, il a déjà montré ses preuves en tant maire de cette commune.
L’autre décision de Moussa Mara qui fâche, c’est le fait de signer son entrée dans le gouvernement sans consulter les membres du parti. «S’il avait consulté le parti, le piège tendu par IBK allait être évité », indique notre interlocuteur qui préfère garder l’anonymat. Est-ce à dire que Moussa Mara fait du parti Yèlema, comme la plupart des leaders politiques, une gestion patrimoniale ? La question demeure.
Mais le moins que l’on puisse dire, c’est que les années à venir vont être dures très dures pour le parti Yèlèma dans la Commune V, considérée comme son fief. Car, le nouveau président de la République a tous les moyens et n’hésitera pas d’évincer le parti Yèlèma dans sa commune résidentielle. Aussi, bien qu’il soit de la mouvance présidentielle, et bien que réputé gros travailleur, rien ne prouve que Moussa Mara sera reconduit dans le prochain gouvernement.