Le 3 juillet 2025 – Le rideau est tombé sur la session d’avril du Conseil national de Transition (CNT), au Centre international de Conférences de Bamako. Dans un contexte marqué par des défis sécuritaires persistants et des attentes sociales pressantes, les membres de l’organe législatif transitoire ont adopté, ce jeudi, trois projets de loi structurants, illustrant une volonté politique affirmée de renforcer les fondements d’un Mali nouveau.
Bamada.net-Trois textes, trois signaux forts. Chacun d’eux constitue une pièce du puzzle dans la recomposition de l’État malien autour de ses priorités stratégiques : inclusion sociale, gouvernance refondée et efficacité institutionnelle.
Malidenko : L’espoir d’une résilience inclusive
Premier jalon, l’approbation de l’Accord de financement du Projet Malidenko, conclu avec l’Association internationale de Développement (IDA). Derrière ce nom, un ambitieux programme multisectoriel porté par le ministère de la Réconciliation, qui ambitionne de transformer le quotidien des populations les plus vulnérables à travers l’accès aux services de base : eau potable, santé, éducation, infrastructures, agriculture, énergie. Ce projet répond à une exigence fondamentale : restaurer la confiance entre les citoyens et l’État en apportant des solutions concrètes, visibles et pérennes dans des zones longtemps marginalisées.
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En actant ce projet, le CNT donne une traduction législative à l’idéal d’un Mali réconcilié, équitable et solidaire, tel que dessiné dans la Vision 20263 d’une émergence apaisée.
Révision de la Charte : La Transition comme outil de souveraineté
Le deuxième acte fort du CNT est sans doute la révision de la Charte de la Transition. En optant pour une durée de cinq ans renouvelable et en retirant les références à des accords désormais caducs (notamment ceux de la CEDEAO et de l’Accord pour la paix), le texte prend acte des évolutions géopolitiques et des aspirations populaires exprimées lors des Assises nationales et du Dialogue inter-malien.
Cette nouvelle Charte entérine l’ancrage du Mali dans la dynamique de la Confédération des États du Sahel (AES) et consacre une transition au service de la souveraineté nationale. Elle fait de la sécurisation du territoire une condition sine qua non à l’organisation d’élections crédibles, rompant ainsi avec la logique du calendrier électoral dicté de l’extérieur.
Ordonnances : Le choix de l’agilité dans la refondation
Enfin, le troisième projet adopté autorise le gouvernement à légiférer par ordonnances entre avril et octobre 2025, conformément à l’article 121 de la Constitution. Cette faculté, souvent décriée sous d’autres cieux, apparaît ici comme une nécessité stratégique : permettre des réformes urgentes en matière de réorganisation administrative, de productivité économique, de statuts des agents publics et d’engagements internationaux.
Le gouvernement disposera ainsi des leviers réglementaires nécessaires pour mettre en œuvre efficacement son Plan d’Action sans s’empêtrer dans des lourdeurs procédurales, tout en restant sous le regard vigilant du CNT.
Une Transition qui se structure, un avenir qui s’ébauche
À travers ces trois textes, le Conseil national de Transition confirme son rôle de catalyseur du renouveau malien. Il ne s’agit plus simplement de gérer une période intermédiaire, mais de bâtir les fondations durables d’un État résilient, réconcilié avec lui-même et souverain dans ses choix.
Certes, les défis demeurent nombreux, mais les lignes bougent. Le Mali s’éloigne peu à peu du pilotage automatique et affirme son droit à construire sa propre voie, à son rythme, avec ses réalités.
Et cela passe, indéniablement, par une législation forte, cohérente et en phase avec les aspirations profondes du peuple.
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Moise Touré
Source: Bamada.net