Durant toutes les discussions avec la mission de la CEDEAO, la délégation du Mouvement du 5 juin, Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP) a exigé la démission du président de la République, Ibrahim Boubacar Keita, et de son régime. Quant à la mission sous-régionale, il n’est pas question que le Chef de l’Etat parte. C’est sur ce bras de fer que les négociations ont pris fin le 18 Juillet 2020 à Bamako sans trouver une porte de sortie de la crise sociopolitique que traverse le pays.
Dans cette crise sociopolitique que traverse notre pays, il faut être objectif. Ce sont des jeunes et des femmes souvent manipulés qui vont toujours donner leur vie pour que ceux-là qui se disent leaders politiques ou de la société civile (opposition comme majorité), puissent atteindre leurs ambitions personnelles. Ceux-là qui se disent être en train d’agir au nom du peuple et pour l’intérêt de la Nation.
Avec ces leaders de la Convergence des Forces Républicaines (CFR) et ceux du Mouvement du 5 juin, Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP), le vrai combat pour la démocratie, la justice et l’état de droit ne peut que difficilement être une réalité. Même si le peuple est pour ce changement, les égos, les intérêts et considérations personnels, les règlements de compte, les vengeances et les ambitions démesurées finissent toujours par plomber la lutte.
Aujourd’hui, les responsables du M5 RFP qui se disent engagés dans un combat patriotique, doivent se ressaisir. Ils doivent tout de même respecter le peuple. Le faisant, ils doivent aussi balayer devant leur porte en sanctionnant tous ceux et toutes celles qui sont en train de tromper ou berner les populations. La conversation téléphonique entre Clément Dembélé et Mamadou Sinsy Coulibaly, PDG du groupe Kledu et président du Conseil National du Patronat du Mali (CNPM) en témoigne.
Dans cette conversation, Clément Dembélé confie à Mamadou Sinsy Coulibaly : « Pour détruire IBK, tu mets en place un véritable système de lutte contre la corruption. Tu prends Karim (Karim Kéita, le fils du président de la République) un coup !».Quant à Mamadou Sinsy Coulibaly, il réplique : « Tout de suite. C’est ça même qui me plaît. De le (IBK) laisser sur son fauteuil présidentiel et d’arrêter tout son entourage.» De même, Clément qui se dit plus connu sur le plan national et international, prétend être le Premier ministre de plein pouvoir afin de bien appliquer ces plans. « Si moi, je deviens Premier ministre, c’est comme si toi (Mamadou Sinsy Coulibaly), tu es devenu le président du Mali ».
C’est le plan d’un jeune d’une ambition terrible avec celui qui se croit plus clean que tous les autres Maliens. Cette conversation a eu lieu quelques jours seulement après l’appel du M5 RFP à la désobéissance civile dont la suite est connue de tous. Ni Clément, ni Mamadou Sinsy Coulibaly n’ont pu prouver que les faits sont faux. De même, aucun responsable du M5 RFP n’est sorti officiellement pour dénoncer une telle attitude qui crée le doute sur la crédibilité et la l’objectivité de leur lutte. Ce genre de comportement doit forcément faire peur. Il doit aussi forcément pousser tout le monde à s’interroger sur la moralité de ceux-là qui veulent prendre tout le pays en otage. Malheureusement dans ce pays, nous avons encore beaucoup de Clément et de Mamadou Sinsy Coulibaly dont les visages ne sont pas encore dévoilés.
Le M5 RFP n’a pas encore dit son dernier mot !
En rejetant en bloc les propositions de la Mission de médiation de la CEDEAO conduite par l’ancien président nigérian Goodluck Jonathan, les 16, 17 et 18 juillet 2020 à Bamako pour tenter de trouver une solution à la crise, les responsables du M5-RFP veulent toujours réaffirmer leurs intensions de prendre en otage le pays jusqu’à l’atteinte de leurs ambitions.
Selon un communiqué du M5-RFP diffusé le 17 juillet 2020, ces propositions concernent essentiellement ; le maintien de Ibrahim Boubacar Keita dans les fonctions de président de la République ; la recomposition de la Cour constitutionnelle, en raison de trois membres désignés par le Conseil supérieur de la magistrature, trois choisis par le président de la République parmi cinq à sept personnes proposées par les forces vives ; la Cour constitutionnelle nouvellement constituée de six membres statuera sur le règlement du contentieux né du deuxième tour de l’élection législative ; l’Assemblée nationale nouvellement reconstituée sera présidée par l’actuel président s’il est confirmé par la Cour constitutionnelle, ou désignera son nouveau président le cas échéant, qui alors choisira les trois membres restants de la Cour ; un gouvernement d’union nationale sera constitué.
En outre, le M5-RFP exige l’ouverture prioritaire et immédiate d’enquêtes judiciaires en vue de poursuites contre les auteurs, commanditaires et complices des tueries (23 morts par balles), des centaines de blessés également par balles et d’autres exactions commises, ainsi que la libération de l’Honorable Soumaïla Cissé, Chef de file de l’opposition.
La démission du président de la République non négociable
Selon le même communiqué, tout au long des discussions, la Délégation du M5-RFP a réitéré ses demandes formulées dans différentes déclarations, dont notamment la démission de M. Ibrahim Boubacar Keita des fonctions de président de la République avec son régime corrompu. Cette décision à laquelle la mission de la CEDEAO s’est opposée.
« Cette exigence de démission est fondée sur l’incapacité avérée de M. Ibrahim B. Keita à redresser le Mali, sa gouvernance ayant conduit à la perte de l’intégrité territoriale et à la dislocation de l’unité nationale, sa perte de légitimité, les violations graves des droits et libertés, et plus récemment les massacres perpétrés par les forces antiterroristes (FORSAT) contre des manifestants aux mains nues jusque dans les lieux de culte »,peut-on lire dans le communiqué.
Ainsi, le M5-RFP se démarque des propositions de solutions de la Mission de la CEDEAO qui ne correspondent absolument pas, selon les responsables dudit mouvement, aux aspirations et attentes exprimées par le M5-RFP et portées par l’écrasante majorité du Peuple malien. « Le M5-RFP appelle le Peuple à demeurer mobilisé et déterminé, sur l’ensemble du territoire national et dans la Diaspora, jusqu’à l’aboutissement du combat patriotique pour la survie du Mali et le bonheur des Maliens », conclut le communiqué.
Il faut toujours rappeler que si l’intérêt supérieur de la nation est unique et que tout le monde est vraiment prêt pour cela (majorité comme opposition), rien ne devrait encore nous opposer à l’heure actuelle. Donc, le dialogue sincère, le consensus et le compromis devraient forcément triompher.
Ousmane BALLO
Source : Ziré