Qui pour jouer le rôle de médiateur entre les deux pays voisins ? Tous les regards se tournent vers Moscou. Partenaire stratégique de longue date de l’Algérie, la Russie entretient avec Alger une coopération solide. En parallèle, le Mali a renforcé ses liens avec la Russie depuis le retrait des troupes françaises.
Un drone malien abattu par l’armée algérienne : c’est l’incident qui a mis le feu aux poudres entre Bamako et Alger. En réaction, le Mali a rappelé son ambassadeur à Alger, une décision suivie, quelques heures plus tard, par une mesure réciproque de la part des autorités algériennes. A Bamako, la tension est montée d’un cran avec des manifestations spontanées devant l’ambassade d’Algérie, où des citoyens ont exprimé leur colère face à ce qu’ils considèrent comme une atteinte à la souveraineté malienne.
Dans une escalade préoccupante, les deux pays ont annoncé l’interdiction mutuelle de survol de leur territoire. Bamako a franchi une nouvelle étape en déposant une plainte auprès des instances internationales, dénonçant une « agression délibérée ».
Il est bon de rappeler que les relations entre l’Algérie et le Mali ont connu des hauts et des bas, marquées par des différends sur la gestion de la crise sécuritaire au Nord du Mali, le rôle de la médiation algérienne dans l’Accord d’Alger de 2015, et plus récemment, la présence militaire russe dans la région. Cet incident vient raviver une méfiance déjà installée, dans un contexte régional où les alliances se redéfinissent.
La Russie, un médiateur possible ?
Dans cette impasse diplomatique, une question se pose : qui pour jouer le rôle de médiateur entre les deux pays voisins ? Tous les regards se tournent vers Moscou. Partenaire stratégique de longue date de l’Algérie, la Russie entretient avec Alger une coopération militaire et énergétique solide. En parallèle, le Mali a renforcé ses liens avec la Russie depuis le retrait des troupes françaises et la prise de pouvoir par les militaires. L’armée malienne s’appuie aujourd’hui largement sur l’appui sécuritaire russe, notamment via la présence des « partenaires russes » et la livraison d’équipements militaires.
La Russie, qui maintient des relations privilégiées avec les deux capitales, apparaît donc comme un acteur crédible pour apaiser les tensions. A défaut de pouvoir les réconcilier durablement, elle pourrait jouer un rôle de facilitateur pour éviter une escalade incontrôlée aux conséquences régionales potentiellement désastreuses. Toute chose selon nos informations ne saurait tarder. Plusieurs pays amis des deux pays ont proposé les bons offices.
Un dialogue indispensable entre les deux pays
La stabilité entre Alger et Bamako dépasse la seule dimension bilatérale. Elle est cruciale pour toute la bande sahélo-saharienne, où la lutte contre le terrorisme, la circulation des armes et les flux migratoires exigent une coopération étroite entre les Etats. Un dialogue est donc indispensable, et la Russie, en tissant patiemment sa toile d’influence en Afrique, pourrait s’affirmer davantage comme un acteur incontournable de la diplomatie continentale.
En tout état de cause, Moscou y trouve une opportunité pour projeter sa puissance, tester de nouvelles formes d’intervention, et renforcer son influence au Sahel, un carrefour stratégique entre l’Afrique de l’Ouest et du Nord.
D.S.