La sélection nationale s’est brillamment qualifiée pour les quarts de finale en dominant largement 3-0 le Ghana grâce à trois réalisations de Diadié Samassékou, Dieudonné Gbaklé et Aboubacar Doumbia

Fantastique, fabuleux, extraordinaire ! On n’a que l’embarras du choix entre les superlatifs après la leçon de football que les Aiglons ont donnée aux juniors ghanéens, hier en huitièmes de finale de la Coupe du monde U20. Car au delà du score (3-0), c’est surtout le contenu du jeu produit par les protégés du sélectionneur national, Fanyeri Diarra qui a émerveillé les supporters. Dans la maîtrise de la balle (entre 52 à 53%) comme dans la maîtrise du jeu proprement dit, la sélection nationale junior n’a laissé aucun doute sur sa supériorité, faisant courir les Black Satellites derrière le ballon pendant presque toute la rencontre. A l’arrivée, le score est sans appel pour ceux-là qui se font appeler les Brésiliens d’Afrique (3-0). Diadié Samassékou a tracé la voie du succès des Aiglons en ouvrant le score à la 20è minute suite à un une-deux avec Adama Traoré au cœur de la défense ghanéenne.

En pleine course le milieu offensif expédia une frappe soudaine qui terminera sa course au fond des filets des champions du monde 2009. Blessés dans leur orgueil, les Ghanéens tentent de réagir mais les protégés de Fanyeri Diarra ne desserrent pas l’étau autour de leurs adversaires.
Au contraire, ils vont accentuer la pression sur les Black Satellites et les obliger à jouer dans leur propre moitié de terrain. Et chaque fois que le maestro Adama Traoré (le Lillois a encore illuminé la rencontre par sa belle prestation) ou le feu follet Dieudonné Gbaklé avait le ballon, c’était la panique dans la défense ghanéenne. Dominés dans tous les compartiments, Oseï et ses coéquipiers réussiront néanmoins à limiter les dégâts et atteindre la pause avec seulement un but de retard.
Les champions du monde 2009 pensaient pouvoir profiter de la mi-temps pour réorganiser leur jeu et empêcher les Aiglons de poursuivre sur leur lancée. Mais la supériorité et la mainmise des protégés de Fanyeri Diarra seront encore décisives au retour des vestiaires. Moins de dix minutes après la reprise, Dieudonné Gbaklé réalise un numéro dans l’arrière-garde ghanéenne, avant d’expédier un enroulé qui ne laisse aucune chance au gardien, Ati (2-0, 53è min). Un vrai chef d’œuvre qui mérite d’être enseigné dans les écoles de foot. Lors de la première journée des matches de poule, l’attaquant des Aiglons avait fait parler sa maîtrise technique en réalisant un festival dans la défense mexicaine, avant de marquer son premier but du Mondial.
Avec ce deuxième but, la sélection nationale venait de tuer le suspense, mais le festival offensif n’était pas terminé pour Adama Traoré et ses coéquipiers. En fin de partie, ces derniers corseront l’addition grâce à Aboubacar Doumbia suite à une action tout aussi belle que les deux précédentes, tant dans sa conception que dans sa réalisation (3-0, 81è min).
Qui pouvait imaginer un tel scénario pour la sélection nationale junior surtout quand on sait que celle-ci était privée des services de deux cadres, à savoir le capitaine Ichaka Diarra et le milieu Alassane Diallo tous forfaits pour cause de blessure ? Disons-le sans ambages, les Aiglons ont signé hier l’une des plus belles victoires de l’histoire de notre football de catégorie d’âge et après ce qu’ils ont démontré contre les champions du monde 2009, tous les espoirs sont désormais permis pour l’équipe.
En 1999 au Nigeria, la génération des Seydou Keïta «Seydoublen», Mamadou Bagayoko, Mahamadou Dissa «Petit Dissa», Adama Coulibaly «Police» pour ne citer que ces noms, avait permis à notre pays d’atteindre une demi-finale de Coupe du monde pour la première fois de son histoire. Après avoir chuté face à l’Espagne d’Iker Casillas future vainqueur du tournoi, l’équipe dirigée par feu Mad Coulou s’était rachetée en enlevant la médaille de bronze devant l’Uruguay avec en prime le trophée de meilleur joueur du Mondial décerné à Seydoublen Keïta. Seize ans après cette belle aventure des Aiglons, version feu Mad Coulou, le Mali parviendra-t-il à se hisser à nouveau dans le dernier carré ?
Il est sans doute tôt de répondre à cette question, mais si on doit faire une comparaison entre la sélection de 1999 et celle présente en Nouvelle Zélande, on peut s’autoriser à dire que Adama Traoré et ses coéquipiers sont autant sinon mieux armés pour atteindre au moins les demi-finales. Non seulement il y a beaucoup d’individualités qui s’expriment bien dans le collectif dans le groupe (entre autres on peut citer Adama Traoré, Dieudonné Gbaklé, Souleymane Diarra, Diadié Samassékou) mais le volume de jeu de la sélection semble également meilleur qu’il y a seize ans. Mais comme on a coutume de le dire, comparaison n’est pas forcément raison, aussi, au Mali comme partout ailleurs le football a évolué et chaque compétition a ses réalités.
Autrement dit, si les protégés de Fanyeri Diarra ont le potentiel technique suffisant pour écrire leur propre histoire, ils doivent le prouver sur le terrain en continuant à jouer comme l’ont fait hier face au Ghana. Le groupe a prouvé qu’il peut aller loin dans cette Coupe du monde et doit jouer ses chances à fond.

S. B. TOUNKARA

Mercredi 10 juin à Wellington
Ghana-Mali : 0-3
Buts de Diadié Samassékou (20è min), Dieudonné Gbaklé (53è min) et Aboubacar Doumbia (87è min).
L’équipe du Mali : Djigui Diarra, Youssouf Koné, Souleymane Coulibaly, Hamidou Maïga, Falaye Sacko, Diadié Samassékou, Aboubacar Doumbia, Souleymane Diarra, Dieudonné Gbaklé Adama Traoré et Mohamed Diallo (Hamidou Traoré). Entraîneur : Fanyeri Diarra

Ils ont dit..

Fanyeri Diarra, entraîneur des Aiglons : « Nous nous étions très bien préparés au jeu de notre adversaire et nous avons pu mettre en œuvre exactement ce que nous avions prévu. Mon équipe est restée très compacte, nous avons fait un excellent match. J’ai des joueurs capables de concrétiser mes idées tactiques sur le terrain. J’en suis ravi et je suis heureux que nous ayons atteint les quarts de finale. Notre formation est très équilibrée. Une partie de mes garçons joue encore en Afrique, tandis que l’autre vient d‘Europe. Les joueurs européens font profiter les autres de leur expérience et améliorent notre niveau de jeu. »
Sellas Tetteh, entraîneur du Ghana : « Nous n’avons pas réussi à entrer dans le match. Nous avons manqué d’idées et d’inventivité, surtout pendant la dernière demi-heure. Nous avons également commis de nombreuses fautes inutiles dans la construction et l’adversaire s’en est servi pour prendre l’avantage. Le Mali était meilleur que nous. Quand en plus, tous les ballons reviennent systématiquement dans les pieds de l’adversaire, on est sûr de perdre le match. »