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Coronavirus: piqûre de rappel

Le Ciel nous aurait-il envoyé pour nos incommensurables péchés l’infortune du CORONAVIRUS sous la forme d’une piqûre de rappel ? Entre la puissance supposée des grandes nations dont l’arrogance ne connaît plus de limites et la folie des grandeurs des petites, le mal a brutalement ramené tout le monde sur terre. Le désarroi est total aux quatre coins de l’univers : frontières fermées, isolement, confinement, distance de sécurité, masque de protection, lavage des mains et quoi encore ? Au Mali, deux réalités nous ont inexorablement rattrapés.

 

Les défis posés par la pandémie ont mis à nu les véritables tares de notre pays et de sa gouvernance caractérisée par la gestion du court terme. Rien n’est prévu pour faire face à une crise de grande ampleur, parce que la corruption a depuis longtemps fait fondre la capacité à constituer des réserves et à secourir les plus vulnérables exposés à tous les vents contraires. Alors que des mesures drastiques d’isolement s’imposaient dès les premiers moments pour limiter la propagation, les véhicules de transport public ont continué à arpenter bondés les rues et les routes, les marchés et magasins à se remplir. La précarité est devenue le lot quotidien de plus de 80 % de la population, réduisant celle-ci à choisir entre le terrible mal qui la guette au coin de chaque rue et la faim tapie à domicile. Triste réalité qui traduit l’échec à assurer la protection et le bien-être des populations. Puisqu’une opportunité se cache derrière chaque épreuve de la vie, qu’est-ce que l’on peut bien en tirer pour changer en bien l’état de notre société ? En décidant d’organiser les élections législatives envers et contre tout, quel message adresse-t-on aux populations ? Dans la situation actuelle, en quoi le renouvellement de l’Assemblée nationale prime-t-il sur la sécurité sanitaire au regard du péril ? Le Mali a-t-il les moyens de relever un défi que même les grandes puissances n’osent pas tenter ? Comme la pandémie oblige les électeurs à s’isoler non dans le bureau de vote, mais à domicile, pourquoi n’avoir pas tout simplement utilisé les pouvoirs exceptionnels que la Constitution accorde au président de la République, en les combinant habilement avec le pouvoir réel de la société civile pour passer ce cap ? En outre, la démocratie se trouve gravement flouée puisqu’il n’y a aucun choix à faire entre liste majoritaire et liste d’opposition, entre ceux à qui on voudrait confier la gestion des affaires publiques et ceux chargés du suivi des premiers.

Les crises sont inhérentes à la vie des hommes et des nations. Tous les grands pays sont passés par des phases au cours desquelles ils ont dû mettre le légalisme en berne dans la recherche de solutions appropriées. C’était le cas pour les pays occidentaux après la Seconde Guerre mondiale. En Afrique, on a connu l’étape des partis uniques et du dirigisme après les indépendances. Il s’agit aujourd’hui comme hier pour le président de la République de sortir le pays de la crise comme il s’y était fermement engagé lors de la campagne présidentielle de 2012-2013. Manifestement, ce qui a été fait ne suffit pas et la déception n’est plus le sentiment des seuls opposants au régime. Elle est désormais largement partagée, d’autant plus que ceux qui se sont impliqués corps et âme pour l’élection d’IBK en 2013 et même en 2018 ont été laissés sur le carreau au profit de ceux qui le vilipendaient. C’est peut-être l’explication du flottement nettement perceptible autour de lui. Difficile, dans ces conditions, de mettre en place durablement une équipe qui gagne, car une bonne équipe, ce sont des hommes et des femmes engagés qui participent à la conception, à la mise en œuvre et au suivi du travail dans lequel chacun reconnait sa part de labeur et de responsabilité. On constate que de nombreux choix faits par IBK l’ont finalement conduit à scier la plupart des branches qui le supportent, y compris dans son propre parti. Aujourd’hui, c’est un homme seul face à son destin, à la manière d’un héros de tragédie. La tâche reste immense, les moyens limités, l’inspiration et les amitiés en souffrance. Quand on est à la recherche d’une solution durable, il ne s’agit pas nécessairement d’aller vite, mais loin. Dans ce cas, il faut aller avec les autres, tous les autres.

La capacité d’apporter une réponse adéquate à une crise dépend de la pertinence des stratégies et de l’organisation en place avant son avènement. La gestion du court terme couplée avec le laxisme et la corruption ont mis à mal notre système de défense face à la rébellion d’abord, aux « djihadistes » ensuite et maintenant face à la pandémie du Coronavirus. Ce qui arrive en ce moment n’est donc que la rançon de l’impréparation et du manque d’anticipation. Il faut espérer qu’on en tire des leçons.

Mahamadou Camara

Email : mahacam55mc@gmail.com

INFO-MATIN

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