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Pratique de l’esclavage au Mali: terreur sur des militants abolitionnistes

La pratique de l’esclavage est une réalité dans certaines localités de notre pays. Ces dernières années, les violences liées à cette pratique moyenâgeuse prennent plus en plus de l’ampleur dans la région de Kayes. Des groupes esclavagistes violents des pays comme la Mauritanie, le Mali, le Sénégal, la Gambie, la Guinée Conakry et la Guinée Bissau se sont formés dans le but de terroriser toute personne qui prône l’abandon de cette pratique qu’ils assimilent aux coutumes locales.

 

Dans un communiqué, la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH) a exprimé sa très vive préoccupation par rapport à la recrudescence de la violence liée aux pratiques de l’esclavage par ascendance dans la région de Kayes, en particulier dans le village de Lani Tounka.

En effet, d’après des témoignages, des militants regroupés autour de ‘’Ganbanaaxu Fedde’’ qu’on peut traduire ainsi : (nous sommes tous pareils, semblables ou égaux) sont ciblés dans les villages. Ils sont victimes de l’esclavage par ascendance dans le milieu Soninké depuis plusieurs générations.

Selon les responsables de ‘’Ganbanaaxu Fedde’’, des groupuscules s’activent de l’étranger, mobilisent beaucoup de fonds en Europe, État-Unis, Afrique Centrale, Afrique de l’Ouest, les Pays du Golf, l’Asie, le Maghreb et le Moyen-Orient. Ils encadrent et arment des jeunes illettrés, les incitent à s’attaquer par surprise aux villageois qui rejettent l’esclavage coutumier.

Le 5 avril dernier, ils ont fait une descente extrêmement violente au village de Lani Kounka dans le cercle de Kayes. Le bilan est très lourd, plusieurs blessés graves sont évacués, des maisons sont incendiées.

Les images d’une femme gravement blessée sur un lit d’hôpital par des jeunes féodaux ont fait le tour des réseaux sociaux. Cette dame du nom de Gola Diallo vient du village Lany Takhoutalla. D’après des sources, son neveu faisait partie de la horde des jeunes qui l’ont charcuté avec des coupe-coupe, haches et couteaux sans état d’âme ni pitié parce qu’elle a défendu les «esclaves». Elle s’est imposée en risquant sa vie pour secourir une autre femme qui s’appelle Kortouma Konaté, fille de Symballa Konaté, un responsable ‘’Ganbanaaxu Mali’’ section Lany Tounka. Elle et son petit frère ont été gravement blessés au cours de l’attaque.

Le responsable de la jeunesse de Lani, membre d’une organisation qui faisait partie de la bande qui a semé la terreur, est mort sous les coups perdus de ses complices. Comme une balle perdue qu’un soldat ramasse dans une guerre.

« Nous attirons l’attention des Nations Unies, l’Union européenne, l’Union africaine, la communauté internationale sur le comportement des états suivants: Mali, Sénégal, Mauritanie, Gambie, qui laissent des populations vulnérables à la merci d’esclavagistes terroristes, qui massacrent impunément depuis plusieurs années. Nous exhortons les ONG des droits de l’homme à rompre le silence. Même si le Mali est dans une situation d’instabilité, nul ne doit garder silence sur le génocide en cours contre des militants abolitionnistes. Nous exhortons l’état malien d’arrêter les organisateurs, planificateurs et incitateurs de tels massacres dans les villages Soninké. Nous demandons à l’état malien de mettre en place une loi qui réprime l’esclavage et ses séquelles », a lancé Diko Hanoune, abolitionniste mauritanien.

Dans une sortie médiatique, l’ancien ministre de la Justice, Mohamed Aly BATHILY, a pointé du doigt certains ressortissants de la localité résidant à l’extérieur d’être les catalyseurs.

Dans un communiqué produit à la suite de la récente violence contre des soi-disant esclaves dans le village de Lani, la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH) a rappelé les dispositions de l’article 2 de la Constitution de notre pays selon lesquelles ‘’tous les Maliens naissent et demeurent libres et égaux en droits et en devoirs. Toute discrimination fondée sur l’origine sociale, la couleur, la langue, la race, le sexe, la religion et l’opinion politique est prohibée’’.

Le président de la CNDH, Aguibou BOUARE, a condamné avec la dernière rigueur les violences perpétrées sur des personnes en raison de leur soi-disant statut ‘’d’esclave’’ et a invité le gouvernement à mettre fin à ces violences.

Aussi, la CNDH recommande-t-elle aux autorités compétentes de poursuivre et traduire en justice les auteurs, co-auteurs et complices de ces abus des droits de l’homme.

Dans son communiqué, la CNDH a réitéré son appel à l’attention du gouvernement à l’effet d’initier dans les meilleurs délais un dialogue inclusif en vue de la résolution durable de la question de ‘’l’esclavage par ascendance’’ au Mali, en général, dans la région de Kayes, en particulier. De même, un appel a été lancé aux populations concernées à cesser tout acte de violence et à œuvrer en faveur de la paix et de la cohésion sociale.

PAR MODIBO KONE

INFO-MATIN

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