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Trois frontières : l’insécurité persiste

La région des «trois frontières», située entre le Burkina Faso, le Mali et le Niger, est confrontée à une crise sécuritaire et humanitaire de plus en plus préoccupante. En décembre 2024, une étude menée par le Humanitarian Situation Monitoring (HSM) a révélé une situation critique marquée par l’insécurité, les déplacements de population et des difficultés d’accès aux services essentiels. L’enquête, basée sur 1178 entretiens, met en lumière les défis auxquels font face les populations dans les zones difficiles d’accès de cette région transfrontalière est publiée ce mercredi 25 juin.

L’objectif de cette enquête humanitaire de Humanitarian Situation Monitoring (HSM) est de comprendre la situation humanitaire et son évolution dans les zones difficiles d’accès de la zone frontalière entre le Niger, le Mali et le Burkina Faso.
Cependant dans le cadre de cette évaluation sur le plan humanitaire « aucune donnée n’a été collectée au Niger, ni dans la région du Sahel au Burkina Faso ».
Par ailleurs, l’enquête a pu re-collecté des données notamment sur la situation sécuritaire, de la protection, de la violence basée sur le genre.

Au Mali, 87% des localités ont été touchées par l’insécurité
Le sentiment d’insécurité est particulièrement élevé dans les régions de l’Est (Burkina Faso) avec 63%, du Nord (Burkina Faso) avec 44%, et de Ménaka (Mali) avec 35%.
Ces régions enregistrent également l’insécurité, les violences ou les pillages comme chocs subis, affectant respectivement 97%, 78% et 100% des localités évaluées.
Au Mali, 87% des localités évaluées, dans le cadre de cette enquête, ont été touchées par l’insécurité, la violence et le pillage, contre 65% au Burkina Faso. Les régions de Ménaka (100%), Tombouctou (98%) et Kidal (96%) au Mali, ainsi que la région de l’Est (97%) au Burkina Faso, sont les plus impactées par ces chocs.
Malgré un sentiment d’insécurité largement rapporté, les régions du Nord (Burkina Faso) et Ménaka (Mali) ont enregistré le moins d’incidents sécuritaires, avec respectivement 58 et 19 incidents.
Cependant, la région du Nord est particulièrement touchée par l’augmentation des prix et les risques de violences physiques, tandis que Ménaka fait face à des risques d’enlèvements et de recrutement forcé.
Selon la perception du niveau de gravité de l’insécurité, c’est dans les régions de l’Est (63%), du Nord (44%), et de Ménaka (35%) au Mali, que le problème est « grave, très grave ou extrêmement grave d’insécurité » a été le plus souvent rapporté.
Les régions dans lesquelles le plus grand nombre d’incidents sécuritaires ont été relevés par ACLED sont la région de Mopti (572 incidents sur la période de juin à novembre 2024), Ségou (139) au Mali et de l’Est au Burkina Faso (155).  Les régions de Ménaka (19) au Mali et du Nord du Burkina Faso (58), sont les régions évaluées qui ont connu le moins d’incidents sécuritaires.
Selon le Cluster Protection, les régions de Gao, Ménaka et Kidal ont connu une hausse de 27% des incidents de protection au cours du mois d’octobre par rapport au mois précédent, qui pourrait s’expliquer par l’intensification des cas de braquages, d’extorsions et de pillages sur les axes Gao-Ansongo et Gao-Kidal-Algérie. En novembre le nombre d’incidents documentés avait diminué, ce qui pourrait s’expliquer par l’escorte des véhicules sur les axes routiers par les FDS.
Dans la région de Tombouctou, le Cluster Protection rapportait une augmentation significative des incidents de protection observées sur la période d’octobre (809) par rapport au mois précédent (520).
En décembre, les incidents documentés avaient largement diminué (207), avec une réduction des mouvements des groupes armés non étatiques et une intensification des opérations militaires. La région était cependant toujours très impactée par le blocus imposé sur la commune de Léré depuis novembre 20243.

Ménaka détient le taux funeste d’enlèvements
En outre, il est observé que selon les IC, la région de Ménaka est particulièrement touchée par les enlèvements (79%) et le recrutement forcé pour les hommes (67%), en comparaison aux régions de Mopti 47% (enlèvements) et 16% (recrutement forcé) ainsi que la région de Ségou où de nombreux incidents avait été relevés (51%) et (8%).
Ces données pourraient s’expliquer par la hausse des cas d’enlèvements avec libération par rançon sur l’axe Ansongo-Ménaka de la part des groupes armés non étatiques, faisant suite notamment à la fermeture de la mine d’or de N’Tahaka, selon le Cluster Protection.
Les enlèvements représentent une menace significative, notamment pour les hommes et les garçons dans la région de Ménaka (79%) au Mali, ainsi que dans les provinces de Tominian (88%) et Djenné (82%).
Cette augmentation des enlèvements, souvent pour rançon, serait liée à l’activité des groupes armés non étatiques et à la fermeture de la mine d’or de N’Tahaka.
La restriction des mouvements est un risque majeur, rapporté par 91% des hommes et des femmes au Burkina Faso, et par 49% des femmes et 58% des hommes au Mali. Au Mali, ce risque prévaut particulièrement à Kidal (85% pour les femmes et les filles, 90% pour les hommes et les garçons) et dans les cercles de Koro, Bandiagara et Bankass (au moins 85% à 90%).
« La région des trois frontières connaît à cette époque de l’année (début de la saison sèche) une hausse de la mobilité, qui a eu pour conséquence de faire augmenter la pression des Forces de défense et de sécurité (FDS) sur les groupes armés dans la région de Ménaka, ou plusieurs combattants auraient été tués en décembre 2024 », rapporte l’enquête en se référant à des données de International NGO Safety Organisation (INSO).
Cette situation, souligne le rapport, a eu des conséquences dans les localités concernées. Ainsi, la région du Nord (77%) au Burkina Faso a été particulièrement touchée par l’augmentation des prix des produits de base au marché, notamment les provinces de Passoré (84%) et de Yatenga (86%).
Au Mali, les régions de Ménaka (98%), Gao (79%) et Kidal (66%) étaient également particulièrement touchées.
Dans ces deux régions (Ménaka et Kidal), une intensification des opérations militaires a perturbé les activités économiques et les circuits d’approvisionnement et exacerbent les difficultés d’accès aux aliments et aux revenus, ainsi qu’à l’assistance humanitaire.
Le choc de cette situation a eu des répercussions au plan social. En effet, il a contribué à une augmentation soudaine des prix des produits de base affecte 60% des localités évaluées au Burkina Faso, notamment dans la région du Nord (77%), les provinces de Passoré (84%) et Yatenga (86%).
Au Mali, les régions de Ménaka (98%), Gao (79%) et Kidal (66%) sont également fortement touchées par cette hausse des prix. Les prix des denrées alimentaires de base restent supérieurs à la moyenne quinquennale de plus de 40% au Mali, 70% à Gao et 137% à Ménaka.
VBG, un défi majeur
Le risque de violences basées sur le genre (VBG) est un des principaux risques pour les femmes et les filles au Mali, particulièrement dans les provinces de Tominian (90%), Ténenkou (77%), Youwarou (75%) et Djenné (75%). OCHA a rapporté une augmentation de 40% des cas de VBG documentés au Mali en 2024 par rapport à 2023.
Au Burkina Faso, le risque de VBG pour les femmes et les filles n’est rapporté que dans 1% des localités évaluées, un chiffre qui pourrait être sous-estimé en raison des spécificités méthodologiques de l’enquête et du manque de signalement.
Selon le Cluster protection, l’accès humanitaire au Mali est entravé par les inondations, les groupes armés bloquant l’aide, ou encore les conflits.
Le Cluster observe par ailleurs une diminution du nombre de bénéficiaires pris en charge par des services d’appui psychosocial parmi les enfants associés aux groupes armés (-48%) et les enfants non accompagnés ou séparés (-7%), entre 2023 et 2024.
Les sessions de sensibilisation aux mines et engins explosifs ont en revanche augmenté sur la même période. Les interventions VBG ont, quant à elles, été impactées par une réduction des financements, surtout à Mopti et Gao, et par l’insécurité. D’autres facteurs tels que la peur, la stigmatisation, les barrières financières, ou l’éloignement constituent également un frein dans l’accès aux services de VBG.
Selon OCHA, la prise en charge des VBG reste un défi majeur en particulier dans les régions de Ménaka et Kidal où les ménages rapportent un manque de médicaments et de services. Bien que dans les régions de Kidal (89%) et de Ménaka (90%) les IC rapportent largement une absence de services, ils rapportent largement un problème d’insécurité modéré, avec 8% de localités évaluées à Kidal où était rapporté un problème grave, très grave ou extrêmement grave, et 35% pour Ménaka.

PAR SIKOU BAH

Source : Info Matin
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