A l’instar des autres pays, le Mali a célébré ce mardi 24 juin 2025 au CICB la journée mondiale contre le travail des enfants. Placés sous la présidence de Oumou SALL SECK, ministre de l’entreprenariat national de l’emploi et de la formation professionnelle, le thème retenu pour cette année est : « Les progrès sont visibles, mais il reste beaucoup à faire, accélérons nos efforts ».
Ladite journée a enregistré la présence de Patrick DANIERE, directeur National de world Vision international Mali, Chef de file de Joining Force For All Childen (JOFA ACT) ; M. Mossadeck BALLY; directeur du conseil National du patronat; de Fatoumata Diamoussa KANE, présidente du parlement des enfants ; de Ismaïl H MAIGA, représentant du central syndicale du CNPM etc.
Célébrée chaque 12 juin de l’année, cette journée est l’occasion pour les acteurs de lutte contre le travail des enfants de faire le point sur l’état d’avancement des travaux et aux enfants de briser le silence en exposant les défis qui entravent l’accès à leur droit sans oublier de faire le plaidoyer auprès des autorités.
Lors de cette cérémonie, la présidente du parlement des enfants a dénoncé certaines injustices que les siens subissent au quotidien. Selon Fatoumata, ils sont exploités avec des salaires très bas ou non payés ; leurs revenus sont souvent confisqués par des adultes employeurs, tuteurs ou même leurs propres parents.
Aussi, a-t-elle fait savoir que les enfants domestiques, filles et garçons, sont aussi violentés, abusés et exploités. Et pour ceux qui vivent et travaillent dans la rue, la situation est encore dramatique, a évoqué l’enfant leaders.
« Ils sont exposés à la faim, au froid, à la violence, à la drogue, à la prostitution ou aux abus. Leur quotidien est une lutte pour survivre » a –t-elle déploré ; tout en témoignant que ces enfants ne sourient plus, ne rient plus, sont abandonnés et finissent par perdre l’envie d’apprendre, de jouer et de vivre. Ce qui fait, selon elle, qu’ils développent des traumatismes durables qu’ils subissent jusqu’à l’âge adulte.
« Nous, enfants humains, demandons à être protégés, éduqués et considérés comme des êtres humains à part entière, porteurs de droits et de rêves. Nous ne voulons plus être exploités, négligés ou oubliés » a lancé la porte-parole des enfants maliens.
A cet effet, les enfants réclament un accès réel gratuit et obligatoire à une éducation de qualité avec des écoles proches de nos communautés ; la mise en place de programmes de soutien pour les familles pauvres, afin qu’elles n’aient plus besoin de les envoyer travailler pour suivre ; l’application des lois qui interdisent le travail des enfants de manière ferme ; la création de centres d’écoute, d’accueil et de réinsertion pour les enfants déjà victimes, afin de leur offrir une seconde chance etc.
Pour rassurer la présidente du parlement des enfants, le Directeur de World Vision a fait le point sur les réalisations du projet Jofa ACTE dans le cadre de la lutte contre le travail des enfants.
Il s’agit entre autres du soutien de 16 comités locaux de protection dans chaque village de Sikasso, abritant un site d’orpaillage ; l’identification de 96 enfants déscolarisés ; le retrait de 11 enfants des sites d’orpaillage et leurs inscriptions à l’école.
Aussi, le directeur a indiqué que 24 enfants ont été réunis avec leur famille ; des activités génératrices de revenus ont été identifiées pour 190 filles et garçons.
« Grâce à ces activités de transformation agroalimentaire de l’Arachide, 80 enfants ont pu être inscrits à l’école. Et nous avons formé 35 chefs d’atelier sur les bonnes pratiques de formation professionnelle » a souligné le directeur de WV.
Il a aussi expliqué que 12 causeries éducatives ont sensibilisé les maîtres coraniques pour lutter contre le travail des enfants ; 15 dialogues communautaires ont été tenus pour la protection des enfants.
« Nous avons renforcé les capacités de 30 leaders communautaires et maîtres coraniques. 96 causeries ont été tenues et 453 micro-finances ont été réalisées » a-t-il ajouté.
Pour sa part, la ministre Oumou Sall Seck a expliqué, que près de 138 millions d’enfants ont travaillé en 2024 dans le monde, dont environ 54 millions dans des travaux dangereux susceptibles de compromettre leur santé, leur sécurité ou leur développement. Se référant à ces chiffres récents ressortis dans des agences des Nations unies, la ministre estime que l’Afrique subsaharienne continue de porter le plus gros fardeau, puisqu’elle compte près de deux tiers de tous les enfants qui travaillent, soit environ 87 millions.
En ce qui concerne le Mali, dans le dernier rapport publié par l’Institut national de la statistique en 2022, il en ressort que 2,5 millions d’enfants travaillent, soit 35% des enfants maliens. Parmi ceux-ci, 28,3% sont astreints au travail des enfants et 16,4% effectuent des travaux dangereux, a présenté la ministre chargée de l’emploi.
Selon elle, les données statistiques, tant sur le plan international que national, ont fourni une légère baisse 24 à 22 %, le nombre total.
Malgré cela, nous sommes loin des promesses pour mettre fin au travail des enfants d’ici 2027, a signalé Oumou Sall SECK. D’où le thème de la journée de cette année, les progrès sont difficiles et restent nombreux à faire, accélérant nos efforts.
Elle a ensuite rassuré les enfants parlementaires que leur cri de cœur sera entendu et que leurs plaidoyers seront examinés avec une attention particulière afin de leur donner des suites favorables.
A la fin de cette cérémonie, la ministre a lancé le coup d’envoi de la caravane qui fera le tour de Bamako, afin de communiquer sur la problématique du travail des enfants.
PAR AMINA SISSOKO