Amener les jeunes à comprendre le sens de l’Etat et leur appartenance à une communauté de destin. C’est la mission du ministère de la Jeunesse et de la Construction citoyenne. Combat de longue haleine.
Quand on sait que le patriotisme et le respect des biens publics sont des valeurs quasiment méconnues aujourd’hui dans notre pays. Le ministre Me Mamadou Gaoussou Diarra, évoquant sa mission, explique que puisque notre pays s’apprête à amorcer une période cruciale, celle de l’après conflit, il est impératif de préparer le citoyen lambda à être un patriote respectant les valeurs fondamentales de la République. « Il s’agit de comprendre que la crise multi dimensionnelle est la résultante du délitement progressif et du laisser-aller entretenu dans l’encadrement des jeunes », analyse le ministre Diarra, estimant que le jeune malien n’était pas en projection de participer à la construction même de la communauté. D’où le besoin de travailler au réarmement moral du citoyen. Le socle du réarmement moral du citoyen, c’est la jeunesse. « Dès le bas âge, développe le ministre Diarra, l’individu doit être encadré et formaté. C’est donc un travail de fourmi. Le ministère dédié à cette tâche s’attèle à réunir les instruments nécessaires pour outiller la jeunesse. Car celle-ci doit s’assumer pleinement et doit être partie prenante de la transformation sociale. » C’est dans cette perspective que le ministère de la Jeunesse et de la Construction citoyenne, en partenariat avec l’UNESCO, a initié une étude en vue de dégager une politique ou un programme d’action gouvernementale pour la construction citoyenne. La mission d’élaboration de ce document fondamental a été confiée à des experts, qui ont déjà produit une première mouture. Ce texte fait l’objet d’une réflexion approfondie de plusieurs acteurs institutionnels et de la société civile. RELANCER LE SNJ. Convaincus que le déficit en matière de citoyenneté est préjudiciable à un développement harmonieux d’une société démocratique, les pouvoirs publics entendent tout mettre en œuvre pour former des citoyens de demain conscients de leur place dans la société et de l’importance de leur rôle dans la construction nationale. Pour le ministre Diarra, relever ce défi passe nécessairement par l’institution de l’instruction civique et morale à l’école. Dans chaque quartier, dans chaque école, le mouvement pionnier sera relancé. Une bonne pratique que notre pays n’aurait jamais dû abandonner. « Les jeunes étaient fiers d’appartenir à ce mouvement qui inculquait les valeurs de la République. Nous voulons faire revivre cela », promet Me Mamadou Gaoussou Diarra qui annonce aussi que le Service national des jeunes (SNJ) sera relancé. La nouvelle formule de la formation du SNJ new-look s’appuiera sur une période de 9 mois. Au centre d’instruction, l’apprentissage des valeurs de la République sera au centre de la formation. Il s’agira d’enseigner le B.a.-ba de l’instruction militaire et de faire comprendre que « quand la patrie est en danger, il a besoin de tous ses fils ». « Nous ferons en sorte que dans le cadre du Service national des jeunes, les apprenants puissent avoir des petits outils pour s’épanouir dans la vie. Cette fois-ci, ce ne sera plus uniquement ceux qui sont appelés au service public de l’Etat ou des collectivités, mais tout le monde va passer par ce moule à partir de 18 à 35 ans. Le Service national comprendra aussi bien le jeune citadin que le jeune rural. C’est autant de chantiers qu’il nous faut ouvrir », développe-t-il. Le travail est immense, admet le ministre Diarra. Mais il faut commencer par faire comprendre « le sens et la signification de notre devise, du drapeau national… » Sur le terrain, le ministère de la Jeunesse et de la Construction citoyenne prend déjà ses marques. Il n’a pas attendu la finalisation de son document de politique nationale pour initier un programme de citoyenneté dénommé « Vacances Citoyennes » à travers certaines localités symboliques de notre pays. Les villes sélectionnées sont les symboles de la résistance face à l’avancée des djihadistes et autres narcotrafiquants lors des phases aigues de la crise que notre pays traverse. Ce programme a mobilisé les jeunes pour exprimer leur solidarité aux populations de ces villes. Lancées à Konna dans la région de Mopti par le ministre de la Jeunesse et de la Construction citoyenne, Me Mamadou Gaoussou Diarra le 12 août dernier devant plus de 2000 jeunes venus de toutes les régions, les vacances citoyennes permettent aux jeunes participants de découvrir la réalité des localités retenues et de mener des activités d’intérêt public comme le reboisement. C’est dans ce cadre que Diabaly, l’autre ville attaquée au même moment que Konna, a reçu les jeunes pendant une semaine entière. Et pendant leur présence à Diabaly et Nara, les jeunes ont procédé à la plantation d’arbres pour reboiser de nombreuses zones de la ville à la grande satisfaction des populations. « Celui qui a planté un arbre n’a pas vécu inutilement : l’arbre donnera des fruits ou, au moins, de l’ombre à ceux qui naitront demain », enseigne une sagesse populaire.
Amadou M. CISSé
source : essor